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Des policiers municipaux demandent à des passants de porter un masque, à Paris, le 15 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Élisabeth Borne, la ministre du Travail, a annoncé la couleur dimanche 16 août dans le JDD : elle envisage le "port obligatoire du masque" dans certaines situations, comme les salles de réunions et les espaces de circulation des entreprises.
Après avoir échangé avec le patronat et les syndicats en fin de semaine dernière, la ministre doit présenter mardi matin 18 août, lors d'une réunion en visioconférence, les mesures susceptibles d'être appliquées à la rentrée.
Le ministère a aussi demandé au Haut Conseil de santé publique de plancher sur les "open space". La dernière version du protocole de déconfinement en entreprises, guide pratique pour faire face à la crise sanitaire, remonte à début août mais en réalité la dernière grosse mise à jour remonte à la fin du mois de juin.
Depuis cette date, les Français qui le peuvent sont partis en vacances, et le coronavirus a continué de circuler.
Les indicateurs statistiques de contaminations sont repartis à la hausse et inquiètent les autorités sanitaires et le gouvernement, qui craignent une deuxième vague susceptible de faire tanguer de nouveau le système hospitalier et l'économie.
Devant les obligations de porter le masque à l'extérieur prises dans certaines villes, comme Paris et Marseille, plusieurs médecins militent pour que le masque devienne obligatoire dans les espaces clos que sont les entreprises.
Les protocoles pour les lieux de travail "ne prennent pas suffisamment en compte" le risque de propagation du COVID-19 par aérosols (fines gouttelettes en suspension dans l'air expiré par les malades), comme une vingtaine de médecins l'a déploré dans une tribune publiée en ligne par Libération.
"La question c'est qui paie ?"
Des repères pour maintenir la distance sociale près d'un ascenseur, à Guatemala City, le 30 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Si le masque est obligatoire, comme équipement de protection individuelle, il est à la charge des entreprises", explique Michel Beaugas, cadre du syndicat FO, qui s'y dit favorable dans le principe. "La question, c'est le coût et qui paie ?", résume-t-il.
"Se posent aussi des questions en termes d'organisation du travail, du temps de travail et des locaux de travail", renchérit Véronique Martin de la CGT.
Selon les derniers chiffres publiés par Santé Publique France, 24% des "clusters", foyers de contamination, sont situés en entreprises (hors établissements médicaux). "D'après les chiffres qu'on nous a présentés, la moitié des clusters d'entreprises sont des abattoirs ou des exploitations agricoles", a expliqué Michel Beaugas.
Ainsi au début de l'été, le coronavirus a circulé parmi les saisonniers agricoles en Provence mais aussi en Mayenne via les abattoirs.
Pour les activités de bureau plus traditionnelles, Élisabeth Borne ne voit "pas de raison" de remettre en cause la règle actuelle "imposant un mètre carré par poste de travail, règle établie fin juin, ni d'imposer le masque dans les bureaux individuels".
Pour le président de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises), François Asselin, "c'est du bon sens".
"Si vous êtes tout seul dans votre espace de travail, pourquoi vous imposer le port du masque ? Par contre, si vous sortez de votre espace de travail et que vous empruntez un couloir ou une salle de réunion où il y a du monde, ce n'est pas un problème de vous demander de porter un masque".
L'exécutif est sur "une ligne de crête pas évidente à tenir", dit-il, car "il faut avoir un message de sensibilisation" et "en même temps éviter d'envoyer des messages trop anxiogènes qui viendraient gripper l'activité dont tout le monde a besoin".
Aussi bien sûr au menu mardi 18 août, la question du télétravail, qui "reste recommandé" notamment dans les "zones de circulation active du virus", a déjà prévenu la ministre.
De leur côté, les syndicats, comme le rappelle Michel Beaugas, attendent impatiemment qu'une négociation s'ouvre sur ce sujet avec le patronat mais ce dernier y est opposé.