La renaissance du premier patient greffé du cœur

Il y a quatre ans, Trân Mâu Duc recevait un nouveau cœur lui offrant une seconde vie. Premier transplanté cardiaque au Vietnam, notre équipe l’a retrouvé. Sauvé par une équipe de médecins vietnamiens, il nous raconte son parcours depuis son intervention.

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Grâce au cœur d’un donneur d’organes, Trân Mâu Duc peut profiter d’une seconde vie avec sa famille.

Trân Mâu Duc est un miraculé. Quatre ans après avoir reçu le cœur d’une autre personne en état de mort cérébrale, nous avons rencontré, tout à fait par hasard, cet homme de 32 ans dans le parking de l’Hôpital central de Huê, que nous avions croisé en 2011 alors qu’il était dans l’attente d’une transplantation.

«Je suis le gardien du parking ici depuis plus d’un an. Pour l’heure, je tente de subvenir aux besoins de ma famille. Je gagne quatre millions de dôngs par mois, ce qui permet de couvrir une bonne partie des dépenses», dit-t-il, tout sourire, en nous reconnaissant.

Nous sommes très agréablement surpris de le voir en bonne santé, le pas leste, parfaitement à même de ranger des centaines de deux-roues. Cette image est l’exact opposé de celle d’il y a quatre ans montrant un patient faible, au souffle court, traité au département des soins intensifs de l’Hôpital central de Huê.

«Après l’opération, mon état s’est nettement amélioré, sans aucune complication. J’ai peut-être eu la chance d’avoir reçu un bon cœur !», s’esclaffe Trân Mâu Duc, le premier patient transplanté cardiaque au Vietnam, en 2011, par une équipe de médecins 100% vietnamienne.

Vivre dans l’attente... de la mort

Aucun doute. Pour Trân Mâu Duc, le temps passé à attendre un nouveau cœur restera comme l’épreuve la plus terrible de son existence, lui qui a été confronté, en direct, à la mort de beaucoup de patients pour cause de manque d’organes.

«Nous disions que la chambre dans laquelle j’étais hospitalisé était mon +mouroir+. Plusieurs fois par semaine, on constatait le décès d’un patient. Cela a été un choc énorme pour moi d’entendre le médecin me dire que si je ne pouvais pas être greffé du cœur, il ne me resterait que trois mois à vivre», se souvient-t-il, les larmes aux yeux.

«Mes proches ont beaucoup pleuré car ils pensaient que j’étais condamné. J’ai aussi exprimé mes dernières volontés à ma femme. C’est pourquoi, lorsque je suis sorti de l’hôpital, que j’ai pu travailler et reprendre une vie normale, j’ai vécu cela comme un miracle. Et tout ceci grâce à un donneur d’organes», exprime-t-il, avec une gratitude infinie.

1er mars 2011, 21h00. Une page historique de l’Hôpital central de Huê et plus largement du secteur de la santé du Vietnam commence à s’écrire. Le Pr.-Dr. Bùi Duc Phu, directeur de cet hôpital et chef de l’équipe de transplantation cardiaque, donne l’ordre d’ouvrir la poitrine du donneur d’organes. Il s’agit d’un jeune homme de 30 ans en état de mort cérébrale, qui s’est révélé compatible avec Trân Mâu Duc. Avec l’accord des proches du donneur, son cœur est prélevé et acheminé en une heure pour réaliser cette opération délicate.

Une équipe 100% vietnamienne

L’intervention a été réalisée par le Pr.-Dr. Bùi Duc Phu et son équipe, qui compte une centaine de médecins et de personnel médical de l’Hôpital central de Huê. Elle a été effectuée en recourant à des techniques très complexes, durant cinq heures. Le 2 mars vers 10h00, les indices vitaux du greffé étaient positifs.

Avec une équipe de médecins 100% vietnamienne, l’Hôpital central de Huê est le premier établissement médical du pays à figurer sur la liste mondiale des transplantations cardiaques.

À noter qu’auparavant, une équipe de l’Hôpital militaire 103 (ministère de la Défense), avec le soutien d’experts taïwanais, avait réalisé en juin 2010 avec succès une première transplantation cardiaque. Mais la greffe du cœur réussie en 2011 à l’Hôpital central de Huê restera comme étant la première sans l’aide d’experts étrangers.

D’après le Professeur Bùi Duc Phu, parmi toutes les greffes d’organes, celle du cœur exige les préparatifs les plus minutieux. Le succès de la première transplantation par une équipe 100% vietnamienne à l’Hôpital central de Huê a été un grand pas pour le secteur de la santé du pays. Avec celle-ci, on peut désormais espérer qu’il y aura de plus en plus de gens conscients de ce que le don d’organes est un acte d’humanité permettant de sauver des vies.

Actuellement, 14 établissements hospitaliers dans le pays sont capables de réaliser des transplantations de tissus et d’organes, avec des résultats qui n’ont rien à envier aux pays développés.

Les médecins vietnamiens ont même pu réaliser des techniques extrêmement délicates réalisées une dizaine de fois seulement dans le monde, comme par exemple le recours à la circulation extracorporelle pour prélever un organe.

Depuis, Trân Mâu Duc se rend régulièrement sur le tombeau de son sauveur. «Je lui suis extrêmement reconnaissant. Je m’y suis rendu à plusieurs reprises afin de brûler des bâtonnets d’encens et prier pour le salut de son âme. Nous préparons des offrandes tous les 1er mars pour le commémorer. Si je suis en vie aujourd’hui, c’est grâce à lui, mais aussi à beaucoup d’autres personnes. Je me sens obligé de donner un sens à ma vie. Faire des œuvres de charité en fait partie», confie-t-il. Longue vie à vous, M. Duc !

Phuong Nga/CVN

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