>>Le Vietnam s'efforce d’améliorer la qualité de l’air
>>La poussière de la circulation et de la construction, coupable de la pollution de l’air
>>Pour bien gérer la poussière et les ''points chauds''
Les véhicules motorisés sont l’une des principales causes de la pollution de l’air. |
Photo : VNA/CVN |
Selon des recherches menées par de nombreuses organisations environnementales, l’air au Vietnam fait partie des 10 plus pollués d’Asie. Quelles sont les solutions à notre disposition pour pouvoir changer cela ?
Une concentration de poussières fines élevée
D’après Nguyên Thi Ngoc Thanh, vice-présidente de l’Union des associations scientifiques et technologiques de Hanoï, le rejet de poussières à Hanoï et à Hô Chi Minh-Ville n’a cessé d’augmenter ces dernières années, ce qui aggrave de plus en plus l’indice de la qualité de l’air en zone urbaine.
Nguyên Thi Yên Liên, Docteure et chercheuse à l’Université des transports et des communications, fait le constat que depuis 2008, Hanoï et Hô Chi Minh-Ville font continuellement partie du groupe des 500 villes ayant la concentration annuelle moyenne de poussières fines la plus élevée au monde. L’une des principales causes est le rejet de polluants par les engins motorisés, voitures et motos. Ce constat n’est pas surprenant quand on sait que le pays compte actuellement environ 60 millions d’autos et motos en circulation tous les jours.
À Hanoï, il y a environ six millions de motos (à l’exclusion de celles des provinces extérieures qui participent régulièrement à la circulation dans la localité), dont plus de 2,5 millions immatriculées avant l’année 2000. À Hô Chi Minh-Ville, ce sont huit millions de motos qui sont en circulation, dont 67,89% immatriculées il y a plus de 10 ans.
Toutes ces motos, surtout les plus vieilles, rejettent des particules de poussière en suspension, des oxydes de carbone (CO), des hydrocarbures (HC), des oxydes d’azote (NOx) qui affectent gravement la qualité de l’air urbain et donc la santé de la population.
Le Pr. agrégé- Dr. Nguyên Van Son, de l’Institut de santé et sécurité au travail et de l’environnement informe que la pollution de l’air provenant des émissions du trafic, notamment des motos et des voitures anciennes, cause des centaines de milliers de décès prématurés chaque année. Environ 20% de ces décès sont dus à des maladies respiratoires et des cancers liés à l’exposition aux poussières fines. À cela s’ajoutent les décès liés à des problèmes cardiaques, pulmonaires, des troubles hormonaux, etc.
Malgré leurs impacts clairement reconnus sur la santé humaine, les émissions polluantes des véhicules n’ont pas encore vraiment fait l’objet de mesures contraignantes. Il semble aussi que plupart des habitants ne soient pas conscients des effets nocifs qu’entraîne l’utilisation de leurs véhicules à moteur.
Priorité aux véhicules verts
Pour réduire la pollution de l'air, il est nécessaire de mettre l'accent sur le développement des véhicules électriques. |
Photo : CTV/CVN |
Afin de minimiser la pollution, le Pr. agrégé- Dr. Nguyên Van Son propose dans l’immédiat de renforcer la surveillance des émissions par le biais du système d’enregistrement et dispose d’un mécanisme de reprise des vieux véhicules polluants. En outre, il est nécessaire de mettre l’accent sur le développement des transports publics pour répondre aux besoins de déplacement de la population tout en encourageant en parallèle l’utilisation de véhicules électriques. Enfin, décentrer les écoles et les bâtiments administratifs en dehors des centres - villes pourrait aussi permettre de diminuer la densité des habitations et la congestion du trafic dans ces zones très fréquentées.
D’après Nguyên Thi Khanh, directrice du Centre pour l’innovation et le développement verts, le Vietnam était en train d’élaborer une feuille de route spécifique pour le développement des véhicules électriques, dans laquelle seront indiquées les politiques et règlementations qui seront mises en œuvre en leur faveur.
Dans le développement des véhicules électriques, il ne faudra pas oublier de mettre en place les infrastructures nécessaires à leur bon fonctionnement, comme la construction des stations de recharge mais aussi et surtout le développement des sources d’énergie renouvelables pour fournir de l’électricité propre aux stations de recharge.
La présidente du Comité du Front de la Patrie du Vietnam de Hanoï, Nguyên Lan Huong, estime que pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports, en plus de perfectionner les politiques de soutien au développement des transports verts, l’État devra utiliser l’instrument de la taxation pour modifier les comportements des usagers et pousser ces derniers à utiliser davantage les transports publics.
Mais dans l’état actuel des choses, les véhicules de transport public comme les bus restent également polluants. C’est pour cela que beaucoup d’experts pensent qu’il faut aussi remplacer les véhicules actuels par de nouveaux utilisant l’électricité ou le gaz naturel comprimé. Dans ce domaine, plus qu’ailleurs, la recherche dans de nouvelles technologies moins polluantes sera capitale afin de diminuer notre impact sur l’environnement.
Pour que tous ces changements puissent être acceptés par la population, les localités, en particulier Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, doivent impliquer le plus grand nombre de personnes possibles, les organismes de gestion étatique bien sûr, mais aussi les entreprises et même les usagers.
L’installation des stations d’observation des polluants atmosphériques dans les villes et provinces menacées s’avère nécessaire. Le Pr. agrégé Hô Quôc Bang, directeur du Centre de recherche sur la pollution atmosphérique et le changement climatique (Université nationale de Hô Chi Minh-Ville), montre 13 solutions pour contrôler la pollution de l’air d’ici 2025 dont le contrôle imprévu des émissions des véhicules à moteur en circulation ; le comptage et la mise à jour du nombre de voitures anciennes ; l’investissement dans la construction de neuf stations de suivi de la qualité de l’air.
Lors de 26e Conférence des Parties (COP26) à la Convention-cadre des Nations unies organisée en novembre 2021 au Royaume-Uni, le Premier ministre Pham Minh Chinh s’est engagé sur "zéro" émissions nettes d’ici 2050.
Comme pour la plupart des pays dans le monde, la réduction de la pollution sera l’un des grands défis du Vietnam ces prochaines années.
Huong Linh/CVN