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Công Trung lors d’une plongée. |
La péninsule de Son Trà, ville de Dà Nang (Centre), connue pour son écosystème marin abondant et unique, attire de plus en plus de visiteurs. Cependant, ce tourisme de masse s’accompagne d’une production toujours plus importante de déchets, essentiellement des canet-tes, bouteilles ou sacs plastiques...
Si sur la terre ferme, il y a des groupes d’élèves, d’étudiants ou de jeunes volontaires pour ramasser les ordures lors des week-ends, en mer, des groupes de plongeurs les collectent également pour sauver les récifs coralliens.
Des dangers imminents
Dao Dang Công Trung est un nom familier à Son Trà. Cet homme de 39 ans passe, depuis près d’une dizaine d’années, chaque jour un petit peu de temps à ramasser les ordures dans cette péninsule.
Son dévouement touche de nombreuses personnes à Dà Nang dont beaucoup de jeunes qui sont à leur tour amenés à ramasser des déchets à Son Trà. Công Trung et ses amis, spécialisés dans le "rekking" en fonds marins, ont ainsi eu l’idée de plonger en mer pour y collecter les déchets.
Ils vivent tous à Son Trà et en connaissent les moindres recoins et habitudes, de la position des affleurements rocheux aux récifs de corail vivants, en passant par les cours d’eau, et même les bancs de poissons...
"Malgré ses connaissances, chaque plongeur doit être prudent en respectant les règlements lors de sa plongée", remarque M. Trung. Công Trung et ses amis ne se souviennent plus de la quantité de déchets qu’ils ont pu collecter au fond de la mer ces dernières années. Ils ont appris à s’amuser et boire entre amis sans abandonner de déchets qui pourraient être un danger pour la faune et la flore marines de la région. "On peut retenir notre respiration 1,5 minute. Pendant ce temps, le plongeur doit déterminer l’emplacement et la quantité de déchets à traiter", raconte Trung.
"Une fois, j’ai tenté tant bien que mal de ramasser des canettes. J’ai dû faire plusieurs montées et descentes, ce qui est très difficile. Et alors que j’étais encore à moins d’un mètre de la surface de l’eau, j’étais essoufflé", se souvient-il.
Trà Thanh Tu participe elle aussi activement à ce projet. Héritant de la passion pour l’eau de son père, commando de marine, Thanh Tu est surnommée "la loutre" par ses amis. Elle s’entraîne tous les jours sans relâche. Elle est une plongeuse aussi performante que les hommes: après chaque plongée, elle collecte un grand volume de déchets.
Pour sa part, Hoàng Long, 31 ans, et son ami intime font également partie du groupe de plongeurs déterminés à nettoyer les fonds marins. En une journée, ils peuvent collecter près de 3.000 canettes sous une profondeur de 3 à 5 m dans la région de la plage de Da à Son Trà. Ces boîtes métalliques sont ensuite transportées par un autre groupe de volontaires.
"Chaque minute, je peux ramasser une dizaine de canettes. Il suffit de monter et de descendre continuellement jusqu’à ce que la zone que j’ai choisie n’en contienne plus aucune", partage Long.
Sauver les animaux marins
Amoureux de la mer, ces plongeurs volontaires ne pouvaient plus supporter de voir les déchets menacer les récifs coralliens, les tortues de mer et de nombreuses autres créatures marines. Thanh Tu a notamment plongé pendant plus de 2,5 minutes à 4 m de profondeur pour couper une grande touffe de filets entourant un récif corallien vivant. Ce record s’est établi dans les conditions difficiles du courant, des vagues et des récifs coralliens instables. Si elles ne sont pas bien coupées, les branches de corail seront cassées. "En regardant les coraux onduler désespérément dans la touffe de filets, je ne pouvais pas le supporter", raconte Thanh Tu.
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Les déchets sont ensuite transportés par un autre groupe de volontaires. |
Long et ses amis, quant à eux, n’ont pas seulement œuvré à la sauvegarde des récifs coralliens menacés par les déchets mais ont aussi libéré une petite tortue marine prisonnière d’un filet. Le petit reptile a été remis ensuite au Groupe de sauvetage des animaux sauvages Sa Sa à Dà Nang.
Cependant, les actions de ce groupe de jeunes plongeurs ne sont qu’une goutte d’eau dans la mer. Pour collecter certains déchets accrochés à des dizaines de mètres de profondeur aux récifs de corail, ces jeunes doivent faire face à des risques constants. Malgré tout, ils continuent d’œuvrer et continueront encore tant que le fond de la mer en aura besoin. "Le nettoyage de la mer est toujours notre préoccupation première. Nous nous efforçons de maintenir ce travail chaque semaine, voire tous les jours, pour protéger la biodiversité marine autours de la péninsule de Son Trà", confirme Công Trung.