La musique classique, le pont des civilisations

François Bibonne, pianiste confirmé et féru de montage vidéo, a l’ambition de mieux faire connaître la place de la musique classique au Vietnam avec son documentaire entre Hanoï et Hô Chi Minh-Ville.

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Entre François et les musiciens, une vraie complicité.

François Bibonne, quarteron par sa grand-mère, allie ses origines vietnamiennes à sa passion, la musique classique. Il joue du piano depuis sa plus tendre enfance. Il voulait même en faire son métier avant de se tourner finalement vers la communication. Son Master d’histoire contemporaine en poche, il s’est découvert grâce à ses études une âme de journaliste, d’intervieweur et de chroniqueur. "Depuis quelques temps, je prends beaucoup de plaisir à rencontrer des artistes et les interroger sur leur vie", aime à répéter notre jeune pianiste. À notre tour de nous intéresser aux projets de l’artiste.

Un pianiste parmi les artistes vietnamiens

Actuellement directeur de la communication du conservatoire américain de Fontainebleau, en France, François Bibonne adore jouer entre autres l’Étude transcendantale N°9 en si bémol, dite "Ricordanza" de Franz Liszt, performance que l’on peut admirer sur Youtube. La musique classique rythme sa vie, c’est pourquoi le jeune artiste cherche à l’inscrire dans son quotidien et à la relier avec ses origines lointaines.

François Bibonne filme avec passion les artistes vietnamiens.

François Bibonne est venu pour la première fois au Vietnam il y a deux ans avec sa famille et comme tant et tant d’autres, il ne s’en est jamais remis. "Je crois que l’on connaît plutôt bien la place de la musique classique au Japon, en Chine ou encore en Corée du Sud mais insuffisamment au Vietnam à mes yeux", s’étonne un peu François. Ainsi, autorisations en poche, il suit et filme attentivement et méthodiquement les deux grands orchestres de musique classique de Hanoï et de Hô Chi Minh-Ville. Il sait qu’il doit beaucoup à Honna Tetsuji, le chef d’orchestre du fameux VNSO, l’orchestre symphonique national du Vietnam. C’est ce dernier qui lui a permis de rentrer dans le milieu de la musique classique et d’obtenir les contacts dont il avait besoin pour son documentaire.

Il est heureux comme un poisson dans l’eau et peut aisément rencontrer et poser des questions aux musiciens des deux grands ensembles. Outre les deux formations, il a aussi eu l’honneur de rencontrer et d’échanger avec les membres du fameux Bambou Ensemble du Vietnam qui l’a subjugué par sa grâce et son dynamisme. Il a été touché par les liens très étroits qui existent finalement entre musique traditionnelle vietnamienne et musique classique. Ce qui le fascine aussi, c’est la musicalité de la langue vietnamienne qui confirme que tout est musique au Vietnam.

"J’ai envie de mêler des images de paysages du Vietnam à des conversations en langue vietnamienne avec en toile de fond, la musique classique interprétée par les grands ensembles du pays. Quand je suis avec les musiciens, nous sommes tous plongés dans une atmosphère détendue, qui ne paraît pas professionnelle, à mille lieux de ce que l’on connait de la musique classique européenne. Cela me permet de réexaminer le rôle de musicien professionnel en les regardant évoluer. Ils me le disent toutes et tous, nous jouons pour être heureux ! J’en suis émerveillé", poursuit François Bibonne.

La croisée des chemins

Frappé par cet état d’esprit positif et par la gentillesse ambiante, François savoure cette joie de jouer et de se surpasser dans tous les milieux artistiques vietnamiens. Le jeune artiste est captivé par l’atmosphère qui se dégage des images qu’il immortalise et mettra en évidence dans son documentaire sur lequel il travaille actuellement.

François Bibonne heureux comme un poisson dans l’eau.

"Je voudrais également mettre en lumière l’aspect diplomatique. Le Vietnam a toujours été au carrefour de tous les continents et la musique classique joue souvent le rôle de passerelle entre les pays. Je ressens cet état de fait au niveau du répertoire et des musiciens étrangers qui sont invités régulièrement à Hanoï et à Hô Chi Minh-Ville", s’enchante notre enquêteur.

Son projet de documentaire l’appelle à se déplacer beaucoup entre les deux grandes villes. Il a récemment vécu une très belle expérience dans la province de Bac Ninh (Nord) où il a eu le privilège de découvrir un village qui voue un véritable culte aux violonistes. Ainsi, le Vietnam réserve de nombreuses surprises à François qui, enchanté, n’aura que l’embarras du choix au moment du montage définitif de son œuvre.

"Je ne veux pas me cantonner sur un seul point mais bien au contraire toucher à une variété de sujets en lien avec la musique classique au Vietnam. Par exemple, à côté de mon activité principale, je donne des cours de français et d’anglais. Je me suis aperçu que dans les établissements où je travaille la musique classique est omniprésente et qu’elle tient un rôle facilitateur dans l’apprentissage", poursuit-il.

François Bibonne se sent désormais très proche des musiciens au Vietnam et apprécie que beaucoup d’entre eux parlent français et que bien entendu presque tous parlent anglais. Sans barrière de la langue, il se sent si bien accueilli tandis que la confiance est de mise depuis son premier jour de tournage avec l’orchestre national.

"J’avoue que mon travail n’est pas très conventionnel mais j’ai trouvé un ancrage parfait pour montrer le Vietnam d’aujourd’hui ainsi que la richesse et le talent exceptionnel des chefs d’orchestre et de l’ensemble de leurs musiciens", conclut François. Notre réalisateur a besoin de dons et de soutiens pour monter définitivement son documentaire. Très présent sur les réseaux sociaux, n’hésitez pas à prendre le contacter pour lui apporter votre aide. Nous attendons avec impatience la version définitive de son travail dont la ligne de mire est de défendre toujours plus la musique classique au Vietnam.

Texte : Hervé Fayet/CVN
Photos : François Bibonne/CVN

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