La mode brésilienne rattrapée par la crise économique

La Semaine de la mode de Sao Paulo souffre elle aussi de la récession de l'économie brésilienne : investissements et salaires des mannequins ont été réduits et des marques emblématiques comme Animale et Cavalera n'étaient pas au rendez-vous.

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Défilé de Gig Couture lors de la Sao Paulo Fashion Week le 29 avril à Sao Paulo.

En revanche, sept nouvelles marques ont fait leurs débuts dans la quarantaine de défilés de la Sao Paulo Fashion Week (SPFW), la plus grande d'Amérique latie qui a pris fin vendredi 29 avril.

Cette année, 12,5 millions de réais (3,5 millions de dollars) y ont été investis. C'est 15% de moins que pour la précédente fin 2015, a indiqué l'organisation de l'évènement.

La première économie d'Amérique latine a plongé dans la récession l'an dernier avec un recul de 3,8% et, selon les prévisions, elle ne commencera à se rétablir qu'à partir de 2017, soit l'une des pires crises du siècle.

Avec plus de 200 millions d'habitants, le Brésil qui était un marché dynamique s'essouffle désormais.

"La crise est arrivée", affirme Arlindo Grund, consultant en mode et présentateur d'un programme de télévision qui suit tous les défilés de la Fashion Week.

"Et cela touche beaucoup cette industrie. Il y a eu des coupes dans la publicité et les investissements qui ont touché tout le monde : mannequins, couturières, stylistes. Il y a un risque pour les marques qui peuvent perdre en qualité, aussi bien dans la maison de confection que dans le concept de leurs collections", dit-il.

Plus de crise, moins de consommation

Si la Fashion Week a tout de même vu arriver de nouveaux sponsors de renom comme Coca Cola et Mercedes Benz, il semble évident qu'il y avait moins de public et moins de brio dans cette 41e édition.

La récession "se ressent beaucoup", confie le mannequin Larissa Marchiori, 18 ans qui vit à Paris et court d'un défilé à l'autre à la SPFW.

"Le cachet est très bas, on met plus de temps à nous payer. Au lieu de grandes campagnes les marques préfèrent faire juste un +lookbook+. A l'étranger ce n'est pas beaucoup mieux mais ici au Brésil c'est pire, ils marchandent tout le temps", dit-elle.

D'après l'Association de l'Industrie Textile et de la Confection (Abit), le chiffre d'affaires du secteur à totalisé 36,2 milliards de dollars en 2015, 32% de moins que l'année d'avant.

Les investissements ont reculé quant à eux de 31%, à 749 millions de dollars.

"La crise nous a affectés avec la diminution des ventes et des commandes", explique à l'AFP le styliste Joao Pimenta, qui a présenté jeudi sa collection de vêtements pour homme.

M. Pimenta voit toutefois un "côté positif à tout cela" car la crise "nous obligera à être plus créatifs et efficaces pour survivre à cette situation".

La designer Patricia Bonaldi, estime lui que cette crise a conduit la "cliente brésilienne à devenir plus consciente. Les achats impulsifs ont diminué et les personnes cherchent plus de qualité à un prix juste".

Opportunité

Efficacité et compétitivité sont des mots récurrents lorsqu'on parle de l'industrie du géant sud-américain.

Lourds impôts, bureaucratie excessive, infrastructure insuffisante, coûts élevés de l'énergie et de la main d'œuvre forment le dénommé "coût Brésil" qui rend la production locale chère par rapport aux produits étrangers.

Et la mode brésilienne, sans la qualité des grandes marques internationales, n'échappe pas à la règle.

"Nous avons connu une croissance en style et design, mais maintenant avec la récession la situation est difficile. Et à l'étranger, la mode brésilienne n'est pas compétitive", déplore Luciane Robic, spécialiste en marketing de l'Institut Brésilien de la Mode.

Mais cette crise pourrait bien se transformer en atout.

"C'est un moment de réflexion et de défis, peut-être pourrions nous enfin repenser maintenant une meilleure stratégie", dit-elle.

AFP/VNA/CVN

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