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Une maison Ngai. |
Photo : BTDT/CVN |
Les Ngai sont une communauté ethnique de 1.200 âmes réparties dans 27 villes et provinces, même s’ils sont surtout présents à Thai Nguyên, au Nord. Parmi les 16 ethnies vietnamiennes dont la population est inférieure à 10.000 personnes, ils sont au 6e rang en matière de nombre d’habitants. On les appelle par plusieurs noms (Khach Gia, He, Ngai Hac Ca, Ngai Lâu Mân, Sin, Dan, Lê…), mais eux-mêmes s’appellent San Ngai, les montagnards, en français. Une revendication d’appartenance au groupe des premiers constructeurs de villages en zones montagneuses.
Quel type de logement permet-il de conserver la chaleur en hiver, la fraîcheur en été et de protéger ses occupants des voleurs et des animaux féroces ? Pour les Ngai, la réponse est évidente : une maison en argile aux murs très épais.
Les villages Ngai se trouvent à flanc de collines, dans des vallées et à proximité de sources d’eau. Leur maison typique comprend trois travées au milieu et deux chambres sur les côtés. Les parois sont constitués de briques en terre mélangée avec de la paille, collées entre elles avec de la boue, comme nous l’indique Thâm Dich Tho, un Ngai.
"En creusant derrière la maison, nous trouvons la terre nécessaire pour sa construction. Nous façonnons des moules en bois de format 35 x 35 cm ou 35 x 40 cm. Ces moules servent à modeler de grosses +briques+ avec lesquelles nous construisons la maison, dont la hauteur équivaut à cinq briques, cinq modelages donc, soit 2 mètres et demi", explique-t-il.
Autrefois, la construction d’une maison était l’affaire de tout le village. À chacun sa tâche… En général, les travaux ne duraient qu’une dizaine de jours. Comme nous l’indique Thâm Dich Tho, après l’érection des mûrs, venait l’installation des piliers, de la charpente et de la toiture.
"Les riches couvraient leurs toits de paille, les moins riches se contentaient de tiges de riz séchés ou de feuilles de cannier. Les toitures en paille pouvaient tenir trois ou quatre ans, celles en tiges de riz, un an et celles en feuilles de cannier, un an et demi, après quoi il fallait en changer", raconte-t-il.
Les Ngai riches habitent dans des maisons typiques, c'est-à-dire avec trois travées au milieu et deux chambres sur les côtés. Les moins riches se contentent d’une maison à trois travées, dont une sert de chambre à coucher, une de salon et l’autre de lieu de culte des ancêtres.
L’architecture traditionnelle des Ngai est de nature à favoriser l’autodéfense. La maison principale, la cuisine, l’étable et le poulailler forment un cercle hermétique, avec des toits séparés. L’espace central est la cour. La maison elle-même ne compte qu’une seule porte d’entrée et de sortie, et deux fenêtres sur les côtés pour voir ce qui se passe dehors.
Influence de la modernisation
Modernisation oblige, dans la province de Thai Nguyên, il ne reste plus qu’une seule cuisine Ngai construite à l’ancienne, avec des parois en terre compacte. Mais son toit a changé. La cuisine en question appartient à un certain Trân Thành Quang, qui habite dans le village de Tam Thai. Ce vieux monsieur a également modernisé son autel des ancêtres. Les seules traces de la tradition encore visibles sont des résidus de papiers rouges qui y avaient été collés.
Pour leur confort, la quasi-totalité des Ngai habitent aujourd’hui dans des maisons ordinaires, comme celles que l’on voit partout en plaine. Le seul endroit qui préserve leur architecture traditionnelle est le Village culturel et touristique des ethnies vietnamiennes, à Dông Mô, en banlieue hanoïenne. C’est en tout cas ce qu’affirme Pham Thanh Son, un responsable du village.
"Nous avons effectué des visites de terrain et des études minutieuses avant de reconstituer, ici au village, un espace culturel Ngai pour préserver les valeurs culturelles matérielles et immatérielles de cette ethnie", informe-t-il.
Qu’on se rassure, les Ngai n’ont pas complètement abandonné leur architecture traditionnelle ! En tout cas pas encore. Quel que soit le type d’habitation qu’ils choisissent, ils tiennent toujours à séparer la maison principale, la cuisine et l’étable.
VOV/VNA/CVN