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La maison commune de Tây Ðang (Hanoï), une des trois plus anciennes du Vietnam. |
Photo : Van Phuc/CVN |
Située dans le bourg de Tây Ðang, à environ 60 km du centre-ville de Hanoï, la maison commune de Tây Ðang est l’une des trois plus anciennes du pays, les deux autres étant Thanh Lung et Thuy Phiêu, toutes situées dans le district de Ba Vì. Elle daterait de 1523, selon le regretté Professeur Trân Quôc Vuong.
Orientée vers le Sud et partiellement vers l’Ouest, elle dispose de cinq travées dont trois compartiments principaux et deux appentis. Aucune planche n’est installée autour pour créer un grand espace aéré et lumineux.
Cette maison a été construite entièrement en bois de jaquier et de lim (Érythrophleum fordii) - plus connu sous le nom de "bois de fer" du fait de son extrême solidité et de son imputrescibilité. Elle a conservé toute son authenticité et constitue un très beau témoignage de l’architecture traditionnelle du delta du fleuve Rouge, en particulier du fait des sculptures qui ornent sa charpente et qui représentent des scènes de la vie paysanne.
"Le bâtiment est typique de l’architecture religieuse de l’époque", précise Trân Ðuc Tài, gardien de ce chef-d’œuvre architectural. Les toitures sont finement ornées de sculptures sophistiquées, représentant les animaux sacrés de la mythologie vietnamienne comme dragons et phénix. Elles sont soutenues par 48 colonnes en bois dont la plus grande fait 75 cm de circonférence.
En franchissant la vieille porte d’entrée, on tombe sur un étang en forme de demi-lune, quatre colonnes massives, puis le sanctuaire principal de 360 m² qui rend hommage aux trois génies tutélaires du village : Tan Viên Son Thánh ou Son Tinh (le Génie de la Montagne, qui, selon la légende, en rapport avec le combat sans cesse recommencé des paysans du delta contre les crues du fleuve Rouge, aurait vaincu Thuy Tinh, le Génie des Eaux), Thánh Gióng (Saint Gióng), deux des quatre Immortels selon les croyances populaires vietnamiennes, et Thân Nông (le Génie de l’Agriculture). Les autres espaces sont dédiés aux activités communautaires des villageois.
Selon les experts, l’ouvrage constitue un patrimoine culturel et architectural, en raison de son ancienneté et de ses sculptures sur bois très raffinées et rares pour ce type de maison commune.
Un musée de la culture et des arts populaires
Bas-reliefs joliment ouvragés à la maison commune de Tây Ðang. |
Photo : Van Phuc/CVN |
Le nom de Tây Ðang occupe toujours la première place dans les documents de recherche sur l’architecture des maisons communes au Vietnam. Une telle ancienne bâtisse sert non seulement de centre où se déroulent les activités culturelles, exprimant la forte solidarité de la communauté villageoise, mais doit être également un véritable "musée" de la culture et des arts populaires. Rares sont celles qui peuvent répondre à ces critères.
Son attractivité réside dans le fait qu’il regroupe beaucoup de caractéristiques culturelles de différentes régions du pays. Ainsi, les visiteurs ont l’occasion d’admirer des motifs reproduisant des scènes de la vie champêtre, des images de jeunes femmes jouant du đàn tính, instrument de musique des ethnies minoritaires Tày et Nùng, des images d’éléphants qui permettent de ressentir la grandeur du Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre)...
Il y existe également de nombreuses scènes décrivant de manière vivante certains aspects culturels et même cultuels des régions côtières, de l’ethnie Cham, des habitants du Sud... Ici, on recense plus de 1.300 motifs de bas-reliefs en bois, sans répétition ni disposition symétrique comme dans la plupart des autres maisons communes. Selon les chercheurs, le point d’orgue réside dans les centaines de sculptures en forme de dragons caractéristiques du style de la dynastie des Trân (1225-1400).
Tây Ðang est une destination prisée des touristes, chercheurs et passionnés d’histoire comme de culture de xu Ðoài (région de l’ouest de la capitale), et du Vietnam en général. Cependant, pour préserver et promouvoir au mieux ce monument ainsi que séduire plus de visiteurs, il y a du pain sur la planche !
Nombre de ses valeurs culturelles restent inexploitées. L’harmonie entre conservation du site et développement du tourisme s’avère être une problématique majeure pour maximiser la valeur de ce patrimoine dans la nouvelle ère.