Van Vân n’est pas comme les autres maisons du village, avec son vieux portique laqué en noir, son enseigne simple et son toit couvert de lianes vertes. Son propriétaire est Trân Ngoc Lâm, né en 1960, un passionné d’antiquités originaire du bourg de Tam Diêp, dans le district de Nho Quan de la province de Ninh Binh (Nord).
Le portique de la maison Van Vân. |
Un espace dédié à la céramique
Trân Ngoc Lâm explique immédiatement que la particularité de Van Vân ne tient pas seulement à son ancienneté. Elle est en effet constituée de trois maisons qui ont été disposées par ses soins il y a plus de dix ans désormais. La première, en bois, que l’on peut admirer aussitôt passé le portique d’entrée de 200 ans, est originaire du district de Vu Thu dans la province de Thai Binh (Nord). Basse, son architecture est toute de simplicité. La deuxième composante de Van Vân est une ancienne maison de la province de Nam Dinh (Nord). Enfin, la troisième partie et la plus grande, est la maison d’une famille de Bat Tràng construite il y a longtemps. Van Vân, qui s’étend ainsi sur près de 400 m2, est un véritable espace de la maison rurale traditionnelle du delta du fleuve Rouge et qui, l’air de rien, cache bien son jeu. Au connaisseur de s’en apercevoir...
«Dans les deux premières parties de Van Vân, j’expose environ 300 céramiques antiques et anciennes s’étendant entre le XVe et le XIXe siècle, et dans la dernière, des pièces contemporaines, outre deux fours à céramique, un ancien et un moderne», précise M. Lâm. Les pièces antiques sont exposées dans des vitrines selon leur période afin de souligner leur esthétique et leur beauté propres qui témoigne de l’habileté de nos artisans depuis de très nombreuses générations : doit-on rappeler que la céramique vietnamienne était appréciée jusqu’à la cour de Chine ? D’autres pièces sont exposées en situation : pipes à eau posées dans une grande jarre, pots à chaux, assiettes et brûle-parfums... La plupart de ces objets proviennent de Bat Tràng. «Les produits de Bat Tràng ont une spécificité, une identité comme toutes les céramiques des autres villages. Le connaisseur connaît généralement le lieu d’origine d’une pièce sur la base de sa forme, de ses motifs, de ses couleurs, des techniques employées, selon les périodes de l’histoire vietnamienne de la céramique... Et la signature de Bat Tràng, ce sont des émaux multicolores et des reliefs très raffinés dont nombre d’autres villages de céramique pourraient envier», confie le propriétaire des lieux.
Un lieu très fréquenté par les tourists
Pour, tout à la fois, restaurer et créer Van Vân, Trân Ngoc Lâm a dû consacrer beaucoup de temps et beaucoup d’argent. Il a été assisté par des artisans de Nam Dinh, reconnus pour leur habileté, afin de démonter, numéroter, transporter et remonter les deux maisons de Thai Binh et de Nam Dinh.
Van Vân, premier musée privé de la céramique ancienne de Hanoi. |
Très rapidement après son ouverture, Van Vân a attiré un grand nombre de touristes de toutes nationalités. «Chaque jour, nous accueillons près de 50 visiteurs, et davantage le week-end. Le pic de fréquentation, c’était de 2010 à 2011, car depuis, nous recevons moins de touristes en raison des difficultés économiques», fait savoir Trân Ngoc Lâm. Si une partie de ces visiteurs entre en ces lieux par pure curiosité, en fait, la plupart sont des passionnés de céramique ancienne. Et M. Lâm se fait un devoir de les accompagner dans leur visite, leur consacrant plusieurs heures afin d’admirer et de discuter ensemble des pièces.
«Pour les étrangers, c’est aussi l’occasion de découvrir les images typiques de la campagne vietnamienne du Nord d’antan», ajoute M. Lâm. À Van Vân, on trouve même un petit bateau de pêche, un moulin de paddy et son panier plat pour séparer le grain de la balle, mais aussi des couches traditionnelles en bambou pour le repos des visiteurs, s’ils le désirent...
Van Vân n’est pas seulement destinée aux passionnés de céramique ou aux touristes, la maison accueille aussi beaucoup de jeunes et d’enfants. «Ici, sur des nattes, nous apprenons à travailler la terre ou à colorer de pigments des statues en plâtre. C’est chouette !», déclare Pham Thi Minh Thu, une étudiante de l’Université de commerce de Hanoi.
La maison ancienne Van Vân, c’est un peu le premier musée privé de céramiques anciennes de la capitale. Soucieux d’un développement du tourisme associé à la culture, Trân Ngoc Lâm a fait de ce lieu un temple des savoir-faire du village traditionnel de Bat Tràng, qui participe pleinement de la quintessence de la capitale millénaire du Vietnam.
Texte et photos : Quê Anh/CVN