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Le Professeur Trinh Van Minh (centre) reçoit en mars le Prix d’Honneur du Groupe des ambassades, délégations et institutions francophones au Vietnam. |
Photo: NVCC/CVN |
Trinh Van Minh, spécialiste en sciences de l’éducation à l’Université de l’éducation (relevant de l’Université nationale de Hanoï), est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages et d’une trentaine d’articles scientifiques en langue française publiés dans des revues internationales et nationales.
Il nous parle de son amour pour la langue française et donne des conseils aux jeunes qui cherchent à réussir dans ce monde globalisé.
Félicitations pour votre récent prix! Pourriez-vous partager les impressions que vous avez ressenties quand vous l’avez reçu?
Ce prix est une reconnaissance de ma contribution personnelle au développement de la langue française et des valeurs de la Francophonie.
Ces 40 dernières années, j’ai occupé différents postes: doyen du Département de français à l’Université de Huê (province centrale de Thua Thiên-Huê), doyen du Département de gestion éducative à l’Université de l’éducation à Hanoï, et président de la Commission régionale d’experts (CRE) de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) en Asie-Pacifique.
J’étais vraiment heureux et touché de recevoir ce prix et de pouvoir apporter ma part modeste à ce travail collectif.
Quarante ans d’amour avec le français! Pourriez-vous expliquer pourquoi vous avez choisi cette langue?
Choisir d’apprendre le français et, plus tard, de travailler avec cette langue était pour moi une sorte de destin mais, en même temps, un défi et une expérience intéressante, alors que la plupart des gens choisissent d’apprendre l’anglais.
L’influence des membres de la famille est souvent décisive dans le choix professionnel des enfants. Ma famille ne fait pas exception. Mon père a étudié le français pendant la colonisation française, donc le fait que j’ai étudié au Département de français de l’École normale supérieure de langues étrangères, actuelle Université de langues et d’études internationales (ULEI), était une chose évidente pour ma famille.
Mes enfants et petits-enfants apprennent aussi le français.
Une autre raison de mon amour pour la langue française est qu’elle est très intéressante par sa structure stricte et par des valeurs culturelles très riches véhiculées par les mots. Beaucoup de chefs-d’œuvre littéraires et de grandes œuvres philosophiques ont été écrits en français.
Pour vous, quelle chanson ou quel livre reflète le mieux la culture française?
Les gens de mon âge ont eu l’occasion de découvrir la culture française pleine de romantisme et d’humanisme à travers la littérature que nous avons étudiée à l’école. De grandes œuvres de la littérature française ont été traduites en vietnamien. J’ai été particulièrement impres-sionné par le roman Sans famille d’Hector Malot, en particulier les messages sur les destins des êtres humains.
Dans la littérature française moderne, L’Étranger, le premier roman d’Albert Camus, m’a aussi fait découvrir la complexité des personnalités humaines et des questions d’existence.
Et la chanson que j’aime le plus, c’est Les Feuilles mortes interprétée par Yves Montand.
Pourriez-vous nous expliquer un peu plus votre travail? Et comment trouvez-vous le temps pour accomplir toutes vos activités?
En ce moment, je fais surtout de la recherche et j’enseigne. En même temps, je guide les étudiants dans la rédaction de leurs mémoires de fin d’études ou de leurs thèses.
Je suis également membre du Conseil scientifique de l’AUF (au niveau mondial) et président de la CRE de cette association en Asie-Pacifique. Je donne des conseils professionnels et j’évalue les projets de coopération des membres de l’AUF. Celle-ci compte 73 membres universitaires en Asie-Pacifique, la plupart se trouvent au Vietnam.
Et en tant que président du Conseil d’orientation et d’accompagnement du Centre régional francophone d’Asie-Pacifique (CREFAP) de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), je suis un représentant du Vietnam qui contribue à construire des plans d’action annuels basés sur les besoins éducatifs en langue française dans chaque pays.
En réalité, je passe la plupart de mon temps à enseigner et à faire des recherches à l’université. Les activités avec les autres associations francophones n’occupent pas beaucoup de temps et, de plus, elles peuvent se compléter. Par exemple, mon travail de gestion et mon enseignement à l’université me permettent d’acquérir de l’expérience dans le travail de conseil et d’évaluation d’activités scientifiques en coopération avec l’AUF.
Quelles qualités spéciales sont nécessaires pour faire ces travaux?
Je pense qu’être passionné et avoir le sens des responsabilités sont les deux choses les plus importantes.
Face à l’évolution de la société, outre la maîtrise d’une langue étrangère, nous devrions avoir beaucoup de connaissances et de compétences pour nous adapter aux exigences de la mondialisation.
Dans ce contexte, les langues étrangères sont considérées comme un outil de travail, car si nous les considérons seulement comme la cible finale, nous ne pourrons peut-être pas trouver facilement un emploi.
De plus, dans ce monde marqué par la diversité culturelle, le fait de ne maîtriser qu’une seule langue étrangère limitera notre communication et notre capacité à acquérir de nouvelles connaissances et des expériences d’autres personnes, qui sont véhiculées dans différentes langues.
La langue et la culture sont étroitement associées. Si vous maîtrisez une langue étrangère, vous disposerez d’un autre outil pour découvrir la diversité culturelle, ce qui est très important pour parvenir à un développement équilibré et durable.
Est-ce aussi votre conseil aux jeunes?
Oui. Maîtriser plusieurs langues multipliera vos opportunités d’emploi et votre développement personnel. Pour ceux qui ont appris le français ou qui envisagent de l’apprendre, ils devraient savoir que s’ils apprennent le français avant l’anglais, ce sera beaucoup plus facile que l’inverse.
Vuong Bach Liên/CVN