>>Grèves : trafic toujours "très perturbé", Macron appelle à la trêve
Un voyageur sur un quai de la gare de Lyon à Paris, le 20 décembre, au 16e jour de la grève des transports en France. |
Le chef de l'État, qui avait laissé le Premier ministre Edouard Philippe en première ligne ces derniers jours, est sorti de son silence samedi 21 décembre, estimant depuis Abidjan qu'il était "bon de savoir faire trêve" et appelant les grévistes "à l'esprit de responsabilité".
Le nouveau secrétaire d'État aux Retraites, Laurent Pietraszewski, a enfoncé le clou dans le Journal du dimanche, en faisant valoir que les propositions mises sur la table à la SNCF et la RATP, très touchées par la grève, "doivent permettre de reprendre le travail".
Appels vains jusqu'à présent : après un week-end de départ en vacances délicat pour les usagers, la circulation restera très perturbée lundi, au 19e jour de grève dans les transports. La SNCF prévoit 2 TGV sur 5, 1 Transilien sur 5 et 4 TER sur 10 en moyenne. Mardi, veille de Noël, les lignes Transilien s'arrêteront progressivement de circuler jusqu'à au moins mercredi après-midi.
Côté RATP, six lignes de métro resteront fermées et seules les deux lignes automatiques fonctionneront normalement.
À la veille du week-end, la CGT-Cheminots et SUD-Rail, ainsi que la CFDT-Cheminots, avaient maintenu leur appel à la grève, à l'inverse de l'Unsa ferroviaire, favorable à "une pause", toutefois pas forcément suivie par sa base.
Comme au printemps 2018, une quarantaine d'écrivains, comédiens ou universitaires, parmi lesquels Edouard Louis, Annie Ernaux ou Jean-Marie Bigard, ont appelé dimanche à "soutenir financièrement" les cheminots en grève contre une réforme qui menace selon eux "un de nos biens communs".
Après deux jours de rencontres à Matignon mercredi et jeudi, le gouvernement insiste sur la poursuite de la négociation, dont un programme et un calendrier seront présentés lundi, avec des réunions avec les partenaires sociaux début janvier, avant que le projet ne passe en conseil des ministres le 22 janvier.
Pour autant, le gouvernement ne compte rien lâcher sur les régimes spéciaux qu'il veut supprimer, souligne M. Pietraszewski, qui écarte d'emblée certaines revendications des syndicats favorables à la réforme, sur la pénibilité ou la hausse des cotisations.
Chutes de chiffre d'affaires
Du côté des commerçants, déjà frappés par la crise des "gilets jaunes" en 2018, c'est l'inquiétude face à une perte de chiffre d'affaires "considérable" alors que les Français bouclent leurs derniers achats de Noël.
Didier Kling, président de la Chambre de commerce Paris/Ile-de-France, a souligné sur franceinfo que sur 300 commerçants parisiens interrogés cette semaine, "96% disent souffrir en termes de fréquentation et de chiffre d'affaires".
Des voyageurs sur les quais de la gare de Lyon à Paris le 20 décembre. |
Photo : AFP /VNA/CVN |
"C'est une catastrophe", déplore Samiq Hussain, vendeur indien de foulards sur le marché de Noël quasi désert à la Défense : "les gens ne viennent pas et les ventes ne permettent pas de rembourser la location de l'emplacement de plus de 11.000 euros".
Comme bien d'autres, Nicolas et Catherine Kuehm, habitants de Courbevoie rencontrés à La Défense, expliquent avoir "préféré faire (leurs) achats à proximité plutôt que d'aller dans Paris".
La ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, a par ailleurs "condamné" l'attitude de la CGT Energie qui a revendiqué plusieurs coupures de courant ces derniers jours, ajoutant que "les Français jugeront".
Pour Jean-Luc Mélenchon, en tout cas, "une trêve n'a pas de sens". Et Emmanuel Macron, qui "compte sur le pourrissement", "a tort" parce qu'"on ne gouverne pas la France avec l'idée que le peuple va rentrer sa colère", a jugé dimanche le chef de file de La France insoumise, qui sera "sur un piquet de grève" le 24 décembre.
C'est dans ce contexte que l'Élysée a confirmé samedi qu'Emmanuel Macron renonçait par avance à sa future retraite d'ancien président de la République, soit 6.220 euros brut mensuels, suscitant les critiques de l'opposition, qui y voit "un luxe que tout le monde ne peut pas se payer" (PCF), de la "démagogie" (LFI), une décision qui n'a rien d'"extraordinaire" (PS) ou une "énième opération de communication" (Debout la France).
L'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires et quatre organisations de jeunesse appellent, elles, à une nouvelle journée de mobilisation le 9 janvier.
Selon un sondage Ifop pour le JDD, 31% des Français soutiennent le mouvement de protestation et 20% ont de la sympathie pour lui, soit 51% d'avis positifs, en baisse de trois points sur une semaine.
AFP/VNA/CVN