>>Prorogation d'un projet pour l’alimentation en eau à Hô Chi Minh-Ville
Le lac-réservoir du district de Ea Sup, province de Dak Lak (hauts plateaux du Centre), était à sec en mai dernier. |
Pendant les saisons sèches 2015 et 2016, il a plu entre 30% et 40% de moins que ce qui est enregistré en moyenne dans la partie septentrionale du Centre et du Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre). Les exemples se suivent partout dans le pays, mais les conséquences se montrent toujours aussi inquiétantes.
En août 2015, la province de Quang Ninh (Nord) a essuyé de fortes pluies, jusqu’à 1.500 mm d’eau pendant dix jours consécutifs. Au contraire, dans le delta du Mékong, la sécheresse et la salinisation sont importantes. Cette année, les eaux du Mékong sont à leur plus bas niveau depuis 90 ans, suscitant l’inquiétude parmi les millions de riziculteurs de cette région fertile. Même cas de figure pour les paysans des trois provinces du Centre de Ninh Thuân, Bình Thuân et Khánh Hòa, où entre 2015 et 2016, ils n’ont pas pu exploiter 80.000 ha de rizières, tandis que plus de 500.000 ha de cultures subsidiaires ont été affectés.
Selon le chef adjoint du Département général de l’hydraulique, Nguyên Văn Tinh, la gestion des ressources en eau est maintenant sous la direction de trois ministères : celui des Ressources naturelles et de l’Environnement, celui de l’Agriculture et du Développement rural, et enfin celui de l’Industrie et du Commerce. Une politique de gestion de l’eau complexe, qui complique les activités d’irrigation, en particulier pendant les saisons des pluies ou de sécheresse.
Pour sa part, Hoàng Van Thang, vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural et directeur du Département général de l’hydraulique, reconnait que le Vietnam devrait restructurer son agriculture dans le contexte de changement climatique. «Le secteur de l’hydraulique devrait passer du mécanisme subventionné par l’État à l’économie de marché, commente-t-il. C’est la seule façon pour utiliser l’eau de manière efficace».
«En dehors du riz, les ouvrages hydrauliques doivent servir les plantes industrielles et les cultures subsidiaires à haute valeur économique. En outre, en dehors des ressources en eau au service de la production, ils sont chargés d’assurer la qualité de l’eau pour la vie quotidienne», a ajouté Chu Phuong Chí, de l’Association de l’hydraulique du Vietnam.
Pour s’adapter aux changements climatiques, maints experts vietnamiens notent l’importance d’encourager tous les secteurs à faire de l’eau courante une marchandise afin d’éviter le gaspillage.
Faire de l’eau courante une marchandise
Construction d’un système de canaux au service de la production agricole dans la province de Ninh Thuân (Centre). |
«Si l’on considère l’eau comme une marchandise, il faut encourager la participation des habitants et des entreprises à adopter l’idée que l’eau est indispensable à notre vie et qu’elle est étroitement associée à la sécurité sociale et la sécurité alimentaire», a déclaré Hoàng Van Thang.
D’après le Département général de l’hydraulique, le projet de Loi sur l’hydraulique, qui est maintenant sur la table à l’Assemblée nationale, a déjà tracé une feuille de route sur le mécanisme de prix. La construction, l’exploitation et la gestion des ouvrages hydrauliques se produiront sous forme de partenariat public-privé, permettant d’améliorer leur qualité.
Pour Nguyên Van Tinh, la monétarisation permettrait aux habitants de prendre conscience d’une utilisation plus efficace de l’eau. Elle encouragerait également les organisations ou les individus à investir dans les systèmes d’ouvrages hydrauliques, mais les personnes en situation précaire continueront de bénéficier de subventions du gouvernement. Il souligne que l’État joue un rôle majeur dans la planification et la gestion des ressources hydrauliques, afin de mieux coordonner les besoins en eau pour l’irrigation dans tout le pays.
Le Vietnam compte aujourd’hui plus de 6.600 lacs-réservoirs, 10.000 stations de pompage électriques, 5.500 grands égouts pour l’irrigation, 234.000 km de canaux et presque 26.000 km de digues. Le système d’ouvrages hydraulique peut irriguer jusqu’à 7,5 millions d’hectares de rizières, plus de 1,7 million d’hectares de culture subsidiaire et de plantes industrielles.
Huong Linh/CVN