La France subit un déficit commercial record en 2021 sur fond de reprise économique

La France a annoncé mardi 8 février le pire déficit commercial de son histoire, en 2021, en raison des prix élevés de l'énergie mais aussi d'importations massives de biens sur fond de forte reprise économique et de désindustrialisation du pays.

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Le terminal de conteneurs du port de Fos-Sur-Mer, près de Marseille, le 23 juillet 2020

Le déficit s'est creusé à 84,7 milliards d'euros, ont rapporté les douanes. Un chiffre nettement plus élevé que le précédent record de 2011, qui était de 75 milliards.

La tendance s'est accentuée en fin d'année avec un déficit alourdi de 8 milliards, à 29 milliards, sur le seul quatrième trimestre, là aussi un plus haut niveau historique.

Le solde des échanges est plombé principalement "par l'énergie, et dans une moindre mesure, par les produits manufacturés", précisent les douanes dans leur communiqué.

Elles indiquent que l'aggravation du déficit s'explique "par un rebond plus marqué des importations (+18,8% après -13% en 2020) que des exportations (+17% après -15,8%)".

Mais le gouvernement assure que tout n'est pas sombre dans les échanges extérieurs de la France.

"Il y a des points positifs aussi, notamment sur la balance des paiements, c'est-à-dire quand on intègre les services, qui réussissent très bien", a déclaré sur France Inter le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.

La Banque de France a rapporté un déficit des transactions courantes en 2021 à 25,8 milliards d'euros, soit 1% du produit intérieur brut (PIB). Ce chiffre représente certes une amélioration comparé à 2020 (-43,7 milliards) mais aussi une dégradation par rapport à 2019, lorsque le déficit des transactions courantes était encore limité à 7,1 milliards.

Le ministre du Commerce extérieur, Franck Riester, a estimé lors d'un point de presse qu'"il est important de regarder le tableau complet de (l')activité commerciale", pointant notamment un "excédent record des services, à 36,2 milliards d'euros".

"En ce qui concerne la balance des biens, la dégradation est essentiellement due à l'alourdissement de la facture énergétique de 17,9 milliards d'euros", a-t-il indiqué.

Graphique montrant l'évolution de la balance commerciale française depuis 2001.

Par ailleurs, "des secteurs forts à l'export sont encore en deçà de leur niveau de 2019", comme l'aéronautique qui n'est revenue qu'à 57% de son niveau d'avant la crise sanitaire, pointe le ministre.

100 milliards en 2022

Enfin, le déficit s'explique par la vigueur de la reprise, alors que l'économie française a enregistré une croissance de 7% l'an dernier, qui "a influé sur les importations de biens de consommation, d'outils industriels produits à l'étranger", selon M. Riester.

M. Le Maire a lui mis en cause "l'affaiblissement industriel au cours des 30 dernières années".

"C'est le sujet que nous avons commencé depuis cinq ans à redresser avec le président de la République, en créant un environnement fiscal plus favorable, en baissant les impôts de production, en formant et en qualifiant les salariés à de nouveaux métiers industriels", a assuré le ministre de l'Économie.

Trains de hydrocarbures à la gare de Sibelin, à Lyon, le 13 mars 2017.
Photo : AFP/VNA/CVN

À l'avenir, "nous accélérerons la transition énergétique" pour être moins dépendants des hydrocarbures, a complété à l'Assemblée le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Clément Beaune.

M. Riester a également souligné que le nombre d'exportateurs français atteignait fin septembre 136.000, chiffre le plus élevé en 20 ans, mais loin derrière ceux de l'Allemagne et de l'Italie.

Plombées par l'aéronautique, les exportations françaises sont restées en 2021 inférieures de 2% à leur niveau d'avant-crise, alors que "dans le même temps, les exportations de nos principaux partenaires européens ont dépassé leur niveau d'avant-crise, de 3% à 9% selon le pays", d'après les douanes.

Le déficit commercial de la France pourrait en outre continuer à se creuser en 2022.

"L'impact des prix de l'énergie sur l'année 2022 sera tout aussi lourd, voire plus lourd qu'en 2021", craint M. Riester.

Pour cette raison, "en 2022, le déficit commercial devrait s'accroître et pourrait atteindre la barre des 100 milliards d'euros", estime Stéphane Colliac, économiste de BNP Paribas.

En outre, chez les principaux partenaires commerciaux de la France, "on a une inflation élevée, ce qui va encore conduire à des importations qui vont augmenter en valeur", explique Charlotte de Montpellier, économiste pour la banque ING.

Point positif, ajoute-t-elle toutefois, "il va quand même y avoir un effet rattrapage qui va avoir lieu dans les prochains mois sur les exportations", notamment dans l'aéronautique.


AFP/VNA/CVN

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