>>«Donner envie de parler français»
"Une langue est toujours en mouvement", a dit la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, en lançant mercredi 11 mars la Semaine de la langue française et de la francophonie.
Dans un document présentant 1.500 événements du 14 au 22 mars dans 70 pays, elle va plus loin : "Le français n'est pas en danger et ma responsabilité de ministre n'est pas de dresser des digues inefficaces contre des langues, mais de donner à tous nos concitoyens les moyens de le faire vivre."
Le discours de cette énarque trilingue français-anglais-allemand, d'origine coréenne et spécialiste des nouvelles technologies, tranche avec la position de son prédécesseur Jacques Toubon - appelé à l'époque Monsieur "Allgood" - qui avait fait adopter en 1994 une loi controversée de défense du français.
Cette loi, toujours en vigueur, stipulait que "toute inscription ou annonce apposée ou faite sur la voie publique (...) doit être formulée en langue française".
Mais cette approche défensive, réduite souvent pour la publicité à une traduction en français en caractères minuscules, n'est plus à l'ordre du jour. "Il faut écrire, lire, raconter des histoires, dire à nos voisins les livres qu'on a aimés : une langue se vit d'abord, sinon on est dans l'idéologie", a dit l'écrivain haïtien et québecois Dany Laferrière, présent aux côtés de la ministre. "Je suis pour l'action, mais je viens d'Amérique!" a-t-il plaisanté.
La francophonie, c'est 274 millions de locuteurs sur cinq continents. Ils seront 700 millions en 2050, soit une personne sur 13, selon l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Le français pourrait ainsi devenir la deuxième ou troisième langue la plus parlée dans le monde.
"Faut-il redouter les emprunts ?" interroge désormais le ministère de la Culture. Avant de répondre : "Certaines langues, comme l'anglais aujourd'hui ou l'italien hier, se sont montrées particulièrement généreuses en offrant au français des centaines de mots nouveaux."
Se battre contre des moulins à vent
"Il est vrai que nous avons emprunté aux langues germaniques anciennes, à l'arabe, aux langues régionales, à l'italien, à l'espagnol, au portugais et à l'anglais", a dit la linguiste Henriette Walter, auteur de "L'aventure des mots français venus d'ailleurs".
Pour elle, "ce qui gêne, c'est lorsque les mots de l'étranger font double emploi". "Mais quand on a besoin d'un nouveau mot pour un nouvel objet, une plante qui nous vient d'un autre pays, on est plutôt content d'avoir un mot pour les désigner !"
Les mots font, en outre, des allers-retours.
Résister au mot anglais "challenge" serait d'autant plus absurde qu'il s'agit d'un mot français à l'origine.
"Si on le prononce à la française, on se retrouve avec un mot qui est très bien attesté au Moyen Age et qui veut dire : "mettre quelqu'un au défi"", relève Alain Rey, auteur du "Dictionnaire historique de la langue française".
Pour ce membre de la Commission de terminologie, "vouloir faire des lois, c'est se battre contre des moulins à vent".
Alain Rey rappelle toutefois que le Québec a obtenu la refrancisation de tout le vocabulaire de l'automobile, alors qu'il n'y a pas si longtemps, "des francophones disaient "tyres" – en anglais - à Montréal au lieu de pneus !"
Alors, s'ouvrir ou résister ?
Les linguistes vont valoir que l'on défende mieux sa langue si l'on en parle d'autres. "Ceux qui font le moins d'anglicismes, ce sont les traducteurs !" s'exclame Alain Rey.
"Jusqu'au début du XXe siècle, les Français étaient bilingues : ils parlaient une langue régionale et le français", souligne Henriette Walter. "Ils avaient donc l'habitude d'avoir une deuxième façon de dire les choses."
Aujourd'hui, la mondialisation provoque un double mouvement : la redécouverte des langues régionales pour retrouver ses racines et l'apprentissage de langues étrangères pour pouvoir s'ouvrir au monde.
"Une langue est toujours en mouvement", a dit la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, en lançant mercredi 11 mars la Semaine de la langue française et de la francophonie.
Dans un document présentant 1.500 événements du 14 au 22 mars dans 70 pays, elle va plus loin : "Le français n'est pas en danger et ma responsabilité de ministre n'est pas de dresser des digues inefficaces contre des langues, mais de donner à tous nos concitoyens les moyens de le faire vivre."
Des personnes font des achats pour la rentrée scolaire dans un magasin de Marseille. Photo : AFP/VNA/CVN |
Le discours de cette énarque trilingue français-anglais-allemand, d'origine coréenne et spécialiste des nouvelles technologies, tranche avec la position de son prédécesseur Jacques Toubon - appelé à l'époque Monsieur "Allgood" - qui avait fait adopter en 1994 une loi controversée de défense du français.
Cette loi, toujours en vigueur, stipulait que "toute inscription ou annonce apposée ou faite sur la voie publique (...) doit être formulée en langue française".
Mais cette approche défensive, réduite souvent pour la publicité à une traduction en français en caractères minuscules, n'est plus à l'ordre du jour. "Il faut écrire, lire, raconter des histoires, dire à nos voisins les livres qu'on a aimés : une langue se vit d'abord, sinon on est dans l'idéologie", a dit l'écrivain haïtien et québecois Dany Laferrière, présent aux côtés de la ministre. "Je suis pour l'action, mais je viens d'Amérique!" a-t-il plaisanté.
La francophonie, c'est 274 millions de locuteurs sur cinq continents. Ils seront 700 millions en 2050, soit une personne sur 13, selon l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Le français pourrait ainsi devenir la deuxième ou troisième langue la plus parlée dans le monde.
"Faut-il redouter les emprunts ?" interroge désormais le ministère de la Culture. Avant de répondre : "Certaines langues, comme l'anglais aujourd'hui ou l'italien hier, se sont montrées particulièrement généreuses en offrant au français des centaines de mots nouveaux."
Se battre contre des moulins à vent
"Il est vrai que nous avons emprunté aux langues germaniques anciennes, à l'arabe, aux langues régionales, à l'italien, à l'espagnol, au portugais et à l'anglais", a dit la linguiste Henriette Walter, auteur de "L'aventure des mots français venus d'ailleurs".
Pour elle, "ce qui gêne, c'est lorsque les mots de l'étranger font double emploi". "Mais quand on a besoin d'un nouveau mot pour un nouvel objet, une plante qui nous vient d'un autre pays, on est plutôt content d'avoir un mot pour les désigner !"
Les mots font, en outre, des allers-retours.
Résister au mot anglais "challenge" serait d'autant plus absurde qu'il s'agit d'un mot français à l'origine.
"Si on le prononce à la française, on se retrouve avec un mot qui est très bien attesté au Moyen Age et qui veut dire : "mettre quelqu'un au défi"", relève Alain Rey, auteur du "Dictionnaire historique de la langue française".
Pour ce membre de la Commission de terminologie, "vouloir faire des lois, c'est se battre contre des moulins à vent".
Alain Rey rappelle toutefois que le Québec a obtenu la refrancisation de tout le vocabulaire de l'automobile, alors qu'il n'y a pas si longtemps, "des francophones disaient "tyres" – en anglais - à Montréal au lieu de pneus !"
Alors, s'ouvrir ou résister ?
Les linguistes vont valoir que l'on défende mieux sa langue si l'on en parle d'autres. "Ceux qui font le moins d'anglicismes, ce sont les traducteurs !" s'exclame Alain Rey.
"Jusqu'au début du XXe siècle, les Français étaient bilingues : ils parlaient une langue régionale et le français", souligne Henriette Walter. "Ils avaient donc l'habitude d'avoir une deuxième façon de dire les choses."
Aujourd'hui, la mondialisation provoque un double mouvement : la redécouverte des langues régionales pour retrouver ses racines et l'apprentissage de langues étrangères pour pouvoir s'ouvrir au monde.
AFP/VNA/CVN