La Fête des combats de buffles sur la sellette

Depuis deux ans, la question du maintien ou de l’abandon de la Fête des combats de buffles de Dô Son (Nord) fait couler beaucoup d’encre. Le 1er juillet, durant la dernière édition, de l’eau a été apportée au moulin de ses détracteurs, après qu’un animal a tué son propriétaire.

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La Fête des combats de buffles de Dô Son a été reconnue en 2013 en tant que patrimoine culturel immatériel national.

Lors des éliminatoires de la Fête des combats de buffles 2017 à Dô Son, dans la ville septentrionale de Hai Phong, un grave accident était survenu le 1er juillet lors du14e combat. Vaincu, le buffle N°18 s’est retourné pour charger et encorner son propriétaire qui est mort après le terrifiant vol-plané qui s’en est suivi.

La victime est Dinh Xuân Huong, 46 ans, originaire du quartier de Van Huong, dans l’arrondissement de Dô Son. Transporté inconscient aux urgences, il a succombé peu après des suites de ses blessures. Cet homme était pourtant expérimenté, ayant passé dix ans de sa vie à «former» des buffles de combat pour d’autres propriétaires. Pour cette cuvée 2017, il avait décidé de le faire pour son propre compte...

Un accident malencontreux

«C’est la première fois qu’un tel drame se produit à la Fête des combats de buffles de Dô Son, reconnu patrimoine culturel immatériel national par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. C’est vraiment inattendu», se désole Dinh Duy Sinh, secrétaire du Comité du Parti de l’arrondissement de Dô Son.

La bête a été abattue dans la foulée et des échantillons ont été prélevés pour déterminer si l’animal avait reçu un stimulant pour le rendre plus agressif. De plus, la fin de l’édition 2017 de cette fête a été immédiatement sonnée, sur ordre du Comité populaire de Hai Phong. Face à ce malencontreux accident, de nombreux intellectuels s’interrogent : «Faut-il continuer à organiser cette fête populaire ?»

Le Professeur Lê Hông Ly, ancien directeur de l’Institut de recherche sur la culture, estime qu’organiser les combats au stade est très dangereux, car il est impossible de contrôler l’aire de combat des buffles. «En principe, il faut les organiser dans des lieux inondés. À Hai Luu par exemple, dans la province de Vinh Phuc (Nord), on organisait autrefois ces joutes dans le marais. Dans la boue, les buffles ne pouvaient pas se déplacer aussi aisément que sur un sol dur».

Les activités de communication auprès des habitants sur la nécessité d’organiser la Fête des combats de buffles de façon convenable, en toute sécurité, sont impératives.

Selon le Professeur Ly, actuellement, le fait que ces combats de buffles soient organisés à des fins touristiques engendre aussi des problèmes. Des mesures ont toutefois déjà été prises. Il y a quelques années, en dehors de Dô Son, d’autres provinces et villes comme Hanoï, Vinh Phuc, Hà Giang, Yên Bai ou Son La (Nord) organisaient leurs propres fêtes de combats de buffles.

Sur les sept districts que compte la province de Yên Bai, six avaient la leur. Mais aujourd’hui, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme n’autorise ces manifestations que dans les localités où le combat de buffles est reconnu patrimoine immatériel, ce qui a fortement restreint le nombre d’événements.

La sécurité pointée du doigt

«Sur le long terme, estime le Professeur Ly, il est préférable de restreindre encore ces fêtes pour, d’une part, ne pas les dénaturer d’un point de vue culturel et, d’autre part, assurer leur sécurité». Le Docteur Trân Huu Son, vice-président de l’Association des lettres et des arts traditionnels, estime en effet que le terrible accident de Dô Son résulte du manque de mesures de sécurité.

«Ces buffles de combat sont des bêtes furieuses ! Leurs propriétaires doivent s’en protéger. Et garantir la sécurité de tous est primordial», tonne-t-il, tout en balayant du revers de la main l’idée d’interdire la Fête des combats de buffles à Dô Son. Trinh Thi Thuy, vice-ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme, fait savoir que les gestionnaires renforceront les activités de communication auprès des habitants sur la nécessité d’organiser cette manifestation de façon convenable en préservant ce qui fait son essence.

Créée au XVIIIe siècle, la Fête des combats de buffles de Dô Son avait pour but, selon la légende, d’obtenir de bonnes récoltes et une vie plus prospère. Tombée dans l’oubli pendant une longue période, elle a été restaurée officiellement en 1990 par le Comité populaire de l’arrondissement de Dô Son. Vingt-sept ans après, l’événement conserve toujours intactes les valeurs traditionnelles et est devenu un produit touristique typique de la ville de Hai Phong.

En 2000, la Fête des combats de buffles de Dô Son faisait partie des 15 plus grandes fêtes du pays, selon le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. Et en 2013, ce ministère l’a reconnue en tant que patrimoine culturel immatériel du pays.


Huong Linh/CVN

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