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Les fêtes traditionnelles des Co Tu sont préservées sérieusement. |
Photo : Quôc Dung/VNA/CVN |
Au milieu de la jungle, des jeunes gens et des jeunes filles dansent en rond aux sons des gongs et d’autres instruments de musique traditionnelle. Ils sont en train de célébrer Yang, leur Dieu, et les génies de la nature qui leur donnent de la force. Mère forêt représente la source de vie des Co Tu, aussi se doivent-ils de la protéger, nous dit Clâu Blao, un patriarche vivant dans la commune de Tr’hy.
"Nous avons toujours à coeur de protéger la forêt. C’est tout simple, les arbres nous donnent du bois pour construire nos maisons, cuisiner et nous chauffer. Leur ombre nous donne de la fraîcheur. Aucun Co Tu ne détruit les vieilles forêts en amont", assure-t-il.
Lors de leur fête annuelle en l’honneur de la forêt, les Co Tu expriment aussi leur reconnaissance envers les montagnes, les cours d’eau, les plantes… Afin de protéger les forêts primaires, les habitants du village d’A Ro ont élaboré un code du village selon lequel chaque famille qui veut abattre du bois pour construire sa maison doit préalablement recevoir l’accord de l’ensemble de la communauté villageoise. C’est le conseil des seniors villageois qui décidera quels arbres pourront être coupés, de façon à faire le moins de mal possible à la forêt et aux espèces qu’elle abrite. Les contrevenants seront sanctionnés et la punition suprême sera une interdiction totale d’entrer dans la forêt, précise Bling Ngành, un villageois. "Une famille du village qui possédait une tronçonneuse l’a confiée à la police. Nous vivons grâce à la forêt et notre plus grande tradition est de la protéger", raconte-t-il.
Le district de Tây Giang abrite 725 bois de Siam (Fokienia hodginsii), des arbres pluriséculaires classés au patrimoine national. L’un d’eux est surnommé "Maison communale" en raison de sa taille exceptionnelle : un tronc de 4 mètres de diamètre et une cime qui culmine à plus de 20 mètres. Selon Bhriu Liêc, le secrétaire du comité local du Parti, si Tây Giang a pu conserver ses 450 ha de forêts primaires, c’est grâce aux Co Tu.
"Pour les Co Tu, protéger la forêt n’est pas une responsabilité individuelle. C’est un devoir de la communauté qui prend son origine dans la culture villageoise. Si celle-ci est préservée, la forêt le sera aussi. En cas contraire, la destruction de la forêt serait inéluctable", estime-t-il.
Depuis quelques années, les autorités locales encouragent les habitants à cultiver des plantes médicinales dans la forêt primaire, sous l’ombre des grands arbres. Beaucoup ont pu s’enrichir grâce à cette nouvelle activité. La province de Quang Nam a décidé de poursuivre cet élan en confiant aux habitants de Tây Giang la gestion de la forêt, indique Lê Tri Thanh, président du comité populaire provincial.
"Nous avons demandé aux autorités du district de Tây Giang de faire preuve de davantage d’initiative pour protéger et développer la forêt tout en augmentant les revenus des autochtones", dit-il. Et d'ajouter : "l’urgence est de réduire autant que possible le taux de pauvreté mais aussi de valoriser les richesses culturelles et la diversité naturelle de cette zone pour attirer les touristes".
De génération en génération, les Co Tu vivent au milieu de la jungle de Truong Son. Peuple agricole, ils comprennent mieux que quiconque que protéger la nature, c’est se protéger eux-mêmes.
VOV/VNA/CVN