La Fed doute encore de la viabilité de la reprise aux États-Unis

La banque centrale américaine (Fed) a indiqué le 13 mars qu'elle doutait encore de la viabilité de la reprise en cours depuis bientôt trois ans aux États-Unis et qu'elle maintenait par conséquent intact le soutien énorme qu'elle apporte à l'économie du pays.

Le siège de la banque centrale américaine (Fed) à Washington.

Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a annoncé comme prévu que la Réserve fédérale maintenait son taux directeur quasi nul et qu'elle comptait poursuivre jusqu'en juin, conformément à son plan initial, son opération lancée en octobre pour faire baisser encore un peu plus les taux d'intérêt à long terme.

Le taux directeur de la Fed détermine le taux sur le marché interbancaire au jour le jour. Le FOMC l'autorise à fluctuer depuis décembre 2008 entre 0 et 0,25%. Pour le Comité, la conjoncture est susceptible de justifier le maintien d'un taux "exceptionnellement bas" jusque "fin 2014" au moins.

Les dirigeants de la Fed jugent que l'économie américaine a fait des progrès notables depuis janvier, comme en témoigne selon eux "l'amélioration de la conjoncture du marché du travail" mise en évidence par les trois mois d'affilée d'embauches massives révélées le 9 mars par les chiffres officiels de l'emploi.

Une croissance économique "modérée"

À 8,3% en février, le taux de chômage officiel des États-Unis reste néanmoins "élevé" estime le FOMC, pour qui l'horizon économique du pays n'est toujours pas complètement dégagé. Pour les trimestres à venir, le Comité prévoit certes une croissance économique "modérée" - et non plus seulement "modeste" comme en janvier, mais estime que la reprise fait encore face à des "risques importants", en raison des "tensions sur les marchés financiers mondiaux", bien que celles-ci aient diminué.

Le Comité justifie le maintien de sa politique monétaire ultra-accommodante par l'absence, manifeste selon lui, de menaces inflationnistes. Selon les dirigeants de la Fed, la hausse du pétrole ne devrait pousser l'inflation à la hausse que "temporairement" et celle-ci devrait converger "progressivement" vers l'objectif à moyen terme de 2,0% sur un an dont le Comité s'est doté en janvier.

Avant la réunion, le Wall Street Journal avait indiqué que les dirigeants de la Fed réfléchissaient à augmenter encore leur secours financier à l'économie et qu'ils envisageaient de nouvelles injections de liquidités par le biais d'achats supplémentaires de titres sur les marchés dont les effets potentiellement inflationnistes seraient "stérilisés" par des contre-mesures.

Cependant, note Troy Davig, économiste de Barclays Capital, le communiqué final du FOMC vient s'ajouter aux signes d'"amélioration des données économiques" et "diminue encore la probabilité de" nouvelles injections de ce type cette année. Partageant ce point de vue, son confrère Harm Bandholz, de la banque italienne UniCredit, juge que cela ne signifie pas pour autant "que la Fed soit prête à resserrer sa politique monétaire de sitôt". Néanmoins, estime Ian Shepherdson, du cabinet HFE, les membres du "FOMC sont clairement en train de faire évoluer leur position d'une morosité excessive vers quelque chose de plus réaliste". L'évolution des données économiques "leur forcera la main", prédit-il.

Pour les analystes de RDQ Economics, la Fed n'a pas totalement écarté la possibilité d'une intensification de son soutien à la reprise, mais la prochaine réunion du FOMC, prévue pour les 24 et 25 avril permettra de voir si le consensus au sein de la Fed évolue "en faveur d'une première hausse du taux directeur avant +fin 2014+".

AFP/VNA/CVN

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