La dernière famille d’artisan de masques en papier mâché à Hanoï

Producteurs de masques en papier mâché depuis 45 ans, Nguyên Van Hoa et sa femme Dang Huong Lan sont les dernières personnes qui savent faire ce produit, un jouet populaire à l’occasion de la fête de la mi-automne.

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Nguyên Van Hoa et Dang Huong Lan sont les derniers fabricants de masques en papier mâché.

Aimer, c’est ne jamais abandonner

Dans la salle ne faisant que 15 m2 au 2e étage d’une maison ancienne dans la rue Hàng Than, Nguyên Van Hoa (64 ans) et sa femme Dang Huong Lan (60 ans) se dépêchent de fabriquer des masques en papier mâché à l’approche de la fête de la mi-automne.

Le 2e étage de la maison, y compris le balcon, est entièrement destiné au travail. "C’est mon siège depuis des dizaines d’années. C’est petit mais on est habitués, alors tout va bien", partage Mme Lan en souriant.

À l’âge de dix ans, Mme Lan a appris la fabrication des masques en papier mâché de ses parents. À l’époque, dans des rues de la capitale, on pouvait trouver facilement des masques pendus en haut de maisons. Beaucoup de familles vivaient ainsi de ce métier.

Fondant sa famille, Dang Huong Lan et son mari perpétuent ce métier traditionnel. Pour eux, les masques constituent "un amour indéclinable". Et pourtant, bien qu’anciens fonctionnaire et ouvrière, Dang Huong Lan et Nguyên Van Hoa ont continué à faire des masques pendant leur temps libre et consacrent tout le temps à ces artefacts depuis leur retraite.

"Ce métier nous permet d’augmenter nos revenus, c’est indéniable. Mais ce qui nous fait l’exercer, c’est que l’on peut maintenir une tradition prestigieuse", confie Nguyên Van Hoa.

"Ce n’est pas seulement un travail, c’est un métier de la vie. Il est difficile car pour parvenir à un beau masque vivant, il faut, outre des compétences, de l’amour et du cœur", poursuit Mme Lan.

"La méticulosité compte le plus. Si on ne fait pas le montage soigneusement, le masque sera ridé", explique M. Hoà. Avant d’ajouter que leurs produits ne sont pas nuisibles à la santé car ils ne contiennent pas d’ingrédients toxiques, en fait, ils sont fabriqués de papiers, tapioca, peintures, etc.

S’agissant du processus, on déchire d’abord le papier, puis on met différentes feuilles de papiers déchirées sur un moule en ciment. Les tranches sont collées l’une à l’autre par une colle à base de tapioca. Quand la colle est devenue solide, on expose le masque avant de dessiner et colorier. Le coloriage prend du temps, car pour que les masques soient de couleurs vives, il faut appliquer la couleur et puis exposer plusieurs fois le masque au soleil. Chaque masque comprend environ 5 à 6 couches de papier.

Des hauts et des bas

La méticulosité joue le rôle déterminant dans la fabrication de masques en papier mâché.

Chaque jour, le couple fait de 10 à 15 masques, vendus autour de 30.000 dôngs/pièce. À l’occasion de certaines fêtes enfantines, surtout à l’approche de celle de la mi-automne, le nombre de masques vendus augmente mais le prix est toujours le même. Beaucoup de clients, curieux, viennent chez eux pour acheter des produits en découvrant le processus de fabrication. Ceux qui sont marchands commandent un grand nombre de masques pour ensuite les revendre dans tout le pays.

Avant, notamment à l’occasion de la fête de la mi-automne, les masques en papier mâché se trouvaient partout dans les rues de Hanoï.

"Quand la fête de la mi-autome approchait, les enfants demandaient à leurs parents d’acheter les jouets traditionnels comme les masques en papier mâché, les lanternes étoilées,… et étaient contents de les montrer à leurs amis. À ce moment-là, nous n’avions pas suffisamment de temps pour en fabriquer!", raconte Mme Lan.

Beaucoup d’adultes se souviennent de leur enfance où les masques en papier mâchés étaient l’un des jouets de prédilection des enfants à l’occasion de la fête de la mi-automne. Dang Huong Lan se rappelle les périodes où les masques fabriqués par elle et son mari faisaient fureur, il existait des masques imités au prix plus bas et de mauvaise qualité.

L’afflux de nouveaux jouets, fabriqués en Chine, retiennent l’attention des enfants de nos jours. On ne demande plus trop de tels jouets traditionnels, beaucoup de fabricants de masques en papier mâché ont donc renoncé à en faire. Le couple, en revanche, continue à pratiquer ce métier qui est pour lui le destin.

Préoccupé par la disparition de ce métier, le couple reste pourtant optimiste. "On doit accepter la réalité. Peut-être que personne ne pratiquera le métier bientôt, mais c’est la vie. Ce qui importe le plus pour nous, c’est que nous somme encore en forme pour mener à bien ce travail", souligne M. Hoà.


Mai Quynh/CVN

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