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Des ambulances du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au principal hôpital de Mekele, capitale de la région du Tigré, en Ethiopie |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Nord de l'Ethiopie est en proie depuis 14 mois à des combats entre rebelles et forces progouvernementales, qui ont fait des milliers de morts et des millions de déplacés. Le Tigré, contrôlé par les rebelles, est aujourd'hui soumis à un "blocus de facto" qui a plongé la région dans une grave crise humanitaire, selon l'ONU.
"Au Tigré, les équipements à usage unique comme les gants, le matériel chirurgical ou encore les drains thoraciques sont lavés et réutilisés, augmentant le risque d'infection", déclare dans un communiqué Apollo Barasa, coordinateur santé du CICR pour l'Ethiopie.
"Dans certains endroits, les médecins ont remplacé le désinfectant par du sel pour nettoyer les blessures. Les patients reçoivent des médicaments périmés, les unités de production d'oxygène ne fonctionnent plus et certaines structures de santé ne peuvent plus fournir de vaccins de routine", ajoute-t-il.
Dans la région voisine de l'Amhara, des hôpitaux ont dû fermer leurs portes, souligne le CICR, ajoutant que ces structures ne parvenaient pas à garder en vie des patients atteints de maladies chroniques, faute de médicaments, d'eau ou d'électricité. Le CICR se dit "profondément inquiet" de ces pénuries de matériel médical, ajoutant que les médecins ont à prendre des décisions terribles.
La semaine dernière, le patron de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus, lui-même originaire du Tigré, a qualifié d'"enfer" la situation dans cette région et affirmé que le gouvernement fédéral éthiopien empêchait les livraisons de médicaments d'atteindre la population.
En réaction, Addis Abeba a demandé l'ouverture d'une enquête pour "forfaiture" à son encontre, l'accusant de soutenir les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), parti qui a dirigé l'Ethiopie durant près de 30 ans, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de l'actuel Premier ministre Abiy Ahmed.
Prix Nobel de la paix 2019, M. Abiy a envoyé en novembre 2020 l'armée fédérale au Tigré pour en destituer les autorités régionales, issues du TPLF, qui contestaient son autorité depuis plusieurs mois et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.
Il avait promis une victoire-éclair mais, plus d'un an plus tard, la guerre s'est poursuivie et étendue, marquée notamment par des exactions, des morts et le spectre de la famine. La semaine dernière, l'ONU a déclaré qu'au moins 108 civils avaient été tués dans des frappes aériennes au Tigré depuis janvier.
AFP/VNA/CVN