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La Première ministre britannique Theresa May lors de l'annonce de sa démission, le 24 mai à Londres. |
Huit hommes et deux femmes briguent le poste de chef du Parti conservateur, après la démission de Theresa May vendredi, a annoncé le parti tory à la clôture des candidatures, lundi 10 juin en fin d'après-midi, et le retrait d'un prétendant, Sam Gyimah. Le vainqueur accèdera du même coup à Downing Street, le poste revenant au chef de la formation qui réunit une majorité parlementaire suffisante pour gouverner.
Il aura la délicate mission de mener à bien la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, ce que Theresa May n'a pas réussi, contrainte de repousser au 31 octobre la date du Brexit initialement prévue le 29 mars. Plusieurs candidats ont lancé leur campagne en dénigrant Boris Johnson. L'un d'eux, le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt, a fait valoir le "sérieux" de sa candidature face à M. Johnson, connu pour ses gaffes et ses approximations.
"Rhétorique creuse"
Le prochain leader des tories devra maîtriser "l'art de la négociation, pas l'art de la rhétorique creuse", a lancé le chef de la diplomatie, qui a reçu le soutien de la ministre eurosceptique de la Défense Penny Mordaunt. "Nous ne réaliserons pas le Brexit avec bluff et fanfaronnades", a aussi taclé Dominic Raab, ancien ministre du Brexit et l'un des plus ardents défenseurs de la sortie de l'UE. Le ministre de l'Environnement Michael Gove, lui, était bien parti et comptait également se présenter comme un "chef sérieux". Mais sa candidature a du plomb dans l'aile depuis qu'il a admis avoir consommé de la cocaïne tout en s'étant prononcé ouvertement contre l'usage de cette drogue.
Harcelé de questions à ce sujet au lancement de sa campagne, le candidat a dit "regretter" cette "erreur", et assuré qu'il croyait toujours en ses chances: "Je suis là pour gagner", a-t-il affirmé. Boris Johnson de son côté a lancé un pavé dans la mare ce week-end en menaçant de ne pas payer la facture du Brexit - un montant évalué entre 40 et 45 milliards d'euros - si l'UE n'acceptait pas de meilleures conditions de sortie pour son pays. "Ne pas honorer ses obligations de paiement, c'est un non-respect d'engagement international équivalent à un défaut sur sa dette souveraine, avec les conséquences que l'on connaît", a immédiatement répliqué l'entourage du président français Emmanuel Macron.
Jeremy Hunt (droite), ministre britannique des Affaires étrangères, le 5 juin à Portsmouth |
M. Johnson prévoit aussi des baisses d'impôts, qui seraient en partie financée par l'argent mis de côté dans l'éventualité d'un Brexit sans accord, selon le Daily Telegraph. En promettant d'être intransigeant avec l'UE, Boris Johnson se présente comme le seul capable de redresser le Parti conservateur, sorti cinquième des élections européennes fin mai, remportées par le Parti du Brexit du populiste Nigel Farage.
En cas d'élection législative, il se placerait en quatrième position avec 18% des voix, selon un sondage YouGov. La survie du parti dépendra de la capacité de son chef à mettre en oeuvre le Brexit, trois ans après le référendum de juin 2016.
Renégociation ?
"Boris Johnson est susceptible de remporter ces élections car il offre aux membres du parti conservateur ce qu'ils veulent (...), un Brexit sans accord", a dit Tim Bale professeur de politique à l'Université de Queen Mary de Londres. "Qu'il y parvienne réellement est une autre affaire". Ce week-end, M. Hunt s'est dit "absolument sûr que si nous adoptions la bonne approche sur ce sujet, les Européens seraient prêts à négocier" sur le Brexit, s'appuyant sur une conversation qu'il affirme avoir eue avec Angela Merkel. Mais il est aussi "prêt à une sortie sans accord", a-t-il déclaré lundi 10 juin.
Les 27 ont répété qu'ils ne toucheraient pas à l'accord de sortie de l'UE conclu en novembre entre Londres et Bruxelles et rejeté à trois reprises par les députés britanniques. Les députés conservateurs élimineront les candidats lors d'une série de votes jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus que deux. Ce sera alors aux 160.000 membres du parti conservateur de désigner le vainqueur, fin juillet, Theresa May assurant la transition d'ici là.
AFP/VNA/CVN