>>Découverte du patrimoine architectural français à Hanoï
>>L’architecture française, objet de fascination pour les Hanoïens
L'entrée latérale du manoir. |
Loin de la foule et niché sous de grands arbres centenaires où la rue Hoàng Hoa Tham rencontre la rue Ngoc Hà, le manoir a vécu une vie plutôt paisible jusqu'à ce que son propriétaire ait récemment décidé de l’ouvrir au public.
"Quelle plaisir de découvrir ce joyau architectural de Hanoï tellement méconnu !" a déclaré Hô Hoàng Hai, 45 ans, fondateur de la Société d'auvents rétractables et d'éclairage Phu Thành et propriétaire d'une grande partie de la propriété.
Le manoir Bao Dai, ce petit palais isolé est pourtant bien connu des populations locales. Il se trouve à l'entrée du magnifique village de fleurs de Ngoc Hà. Il avait dans le temps deux façades qui faisaient face à Hoàng Hoa Tham et Ngoc Hà, mais, au fil du temps, de plus en plus de petits bâtiments et d’immeubles sont apparus qui non seulement bloquaient sa vue, mais qui la "protégeaient" également des passants et autres "chasseurs d'architecture ancienne".
La belle au bois dormant
Le manoir a été construit selon le style architectural français avec un décor oriental comprenant des dragons et des phénix. Le plan d'étage ressemble cependant à une villa française.
C'est le bâtiment principal et le plus grand d'un complexe de quatre maisons. La seconde, située à seulement 50 m, aurait été la maison d'hôtes du roi Bao Dai et dispose d'une salle de bal. Elle est devenue la première brasserie à pression de Hanoï et a été dans le temps extrêmement fréquentée.
Tandis que M. Hai possède actuellement une partie du rez-de-chaussée et des troisième et quatrième étages, la grande pièce au premier étage du bâtiment principal appartient quant à lui, à un autre propriétaire.
Le manoir a été construit selon le style architectural français avec un décor oriental. |
Le manoir a été construit en 1939 par Marie Agnès Nguyên Huu Hao, sœur aînée de la reine Nam Phuong, épouse du roi Bao Dai, et son mari français Pierre Didelot. Ils ont engagé l'architecte français Arthur Kreuze pour la construction du manoir.
"C’est une chance que les anciens habitants du manoir connaissaient l’histoire et ont pu apprécier ses caractéristiques historiques et artistiques à leur juste valeur. Il a été extrêmement bien préservé, a déclaré M. Hai. Le manoir n'a pas subi le même sort que de nombreuses villas françaises à Hanoï, qui ont trop souvent été découpées en fragments pour abriter des familles élargies".
Les bâtiments ont été construits avec des matériaux importés de France, d'Espagne et d'Italie au début du XXe siècle. Le câblage électrique a été placé à l'intérieur des murs et fonctionne toujours aussi bien. Sa pompe à eau fonctionne également et un "serveur muet" électrique peut encore alimenter la cuisine, le salon ainsi que le 2e étage. Toutes les chambres ont des armoires encastrées.
L'escalier en bois menant au 2e étage. |
Ses tuiles sont restées intactes et leur couleur ne s'est pas fanée avec le temps.
Le manoir a son propre garage au sous-sol de la maison principale. On dit également qu'il existe une évasion souterraine vers le lac de l’Ouest, à proximité, où se trouvait autrefois un quai d'hydravions sur la rive.
Il y a aussi un réservoir d'eau souterrain ainsi que des toilettes intégrées à chaque étage. L'escalier et les planchers de bois ainsi que toutes les boiseries intérieures sont étonnamment restés intouchés.
Destination touristique
Le manoir est l'une des trois œuvres que l'architecte Kreuze a conçu lorsqu'il enseignait à la célèbre École supérieur des beaux-arts de l'Indochine (EBAI).
La villa serait ajoutée aux visites existantes du mausolée et musée de Hô Chi Minh ainsi que du village de Ngoc Hà, où se trouvent les restes d'un B52 abattu.
Situé dans un quartier riche en monuments historiques, la réapparition du manoir dans le domaine public devrait inciter les personnes séparées par la guerre à se reconnecter. "Ce serait bien de voir les descendants des anciens propriétaires revenir rendre visite...", a déclaré M. Hai.
Il pourrait également être étudié par la future génération d'architectes chargés de faire en sorte que Hanoï reste un joyau architectural pendant de nombreuses années à venir.
Texte : Thuy Hà/CVN
Photos : Vuong Anh/CVN