La Banque centrale suisse, première grande banque centrale occidentale à baisser ses taux

La Banque nationale suisse (BNS) a décidé jeudi 21 mars d'abaisser son taux directeur, devenant la première des grandes banques centrales occidentales à infléchir sa politique monétaire, depuis le rapide tour de vis lancé il y a bientôt deux ans pour lutter contre l'inflation.

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Le président de la Banque nationale suisse (BNS), Thomas Jordan, lors d'une conférence à Zurich le 21 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

La Banque d'Angleterre (BoE) a pour sa part maintenu sans surprise son taux d'intérêt mais ouvert la voie à un desserrement monétaire prochain.

La Banque de Norvège a laissé le sien à 4,5%, laissant entrevoir une première réduction au cours de l'automne.

L'évolution des prix en Suisse est bien plus raisonnable qu'ailleurs.

La BNS a ainsi justifié la réduction d'un quart de point de son taux d'intérêt de référence, pour le porter à 1,5%, par sa lutte "efficace" contre l'inflation.

Cette décision a surpris la majeure partie des analystes qui penchaient plutôt pour une baisse de taux en juin.

La BNS "déclare ainsi la victoire sur l'inflation", a réagi Fredy Hasenmaile, chef économiste de la banque Raiffeisen, dans un commentaire de marché.

Pour l'instant les autres grandes banques centrales occidentales ont préféré attendre alors qu'elles continuent de lutter contre l'inflation qui a flambé en 2022.

Réserve fédérale réservée

La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu mercredi 20 mars inchangés ses taux, qui demeurent au plus haut depuis plus de vingt ans, mais elle conserve le projet de réduire le coût du crédit par trois fois cette année.

Les taux au jour le jour restent entre 5,25% et 5,50%, a annoncé la banque centrale dans un communiqué, après une décision unanime des membres du Comité monétaire (FOMC).

La Banque d'Angleterre à Londres.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au Royaume-Uni, la BoE a aussi opté pour le statu quo jeudi 21 mars et gardé son taux à 5,25%, au plus haut depuis 2008. L'inflation britannique a reculé à 3,4% sur un an en février, au plus bas depuis septembre 2021 et en net reflux depuis son pic à plus de 11% fin 2022.

Elle reste cependant la plus élevée du G7 et bien supérieure à l'objectif de 2% de la BoE.

"Nous ne sommes pas encore au point où nous pouvons abaisser les taux d’intérêts, mais les choses évoluent dans la bonne direction", s’est félicité le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey.

"Ces dernières semaines, nous avons vu davantage de signes encourageants que l’inflation baisse", a-t-il précisé, ajoutant avoir cependant "besoin d’être sûr" qu'elle descende à 2% "et y reste".

L'économie britannique, tombée en récession fin 2023, a repris de l'élan en janvier avec une croissance de 0,2%. Les analystes anticipent une première baisse des taux de la BoE en juin.

L'industrie suisse sourit

En Suisse, c'est la première fois depuis le tour de vis amorcé en 2022 que la BNS assouplit sa politique monétaire.

Elle a tenu compte de "l'atténuation de la pression inflationniste", indique-t-elle dans un communiqué.

Depuis juin, l'inflation en Suisse est repassée sous la barre des 2% visée par l'institution monétaire et est retombée à 1,2% en février, amenant la BNS à revoir sa prévision à la baisse pour 2024 à 1,4%, et 1,2% pour 2025.

Elle a également porté sa prévision de croissance pour l'économie suisse à 1%, contre 0,5% à 1% précédemment.

La Banque nationale suisse (BNS).
Photo : AFP/VNA/CVN

En rendant le crédit moins cher, la BNS a répondu aux appels des entreprises exportatrices suisses.

Le but n'était pas d'être la première ou la dernière banque centrale mais de prendre une décision au "bon moment pour la Suisse", a précisé son président, Thomas Jordan, lors d'une conférence à Zurich.

L'industrie en particulier est touchée par un ralentissement des commandes face aux inquiétudes autour de l'économie mondiale mais aussi des taux d'intérêt qui renchérissent les investissements.

Les entreprises exportatrices sont de surcroit pénalisées par la force du franc suisse, à un niveau toujours élevé par rapport au dollar et à l'euro.

Vu le ton moins ferme de la BNS "et une inflation susceptible d'être inférieure à ses prévisions" actualisées, il est probable que l'institution monétaire opère de nouvelles réductions de taux cette année, estime en outre Adrian Prettejohn, analyste chez Capital Economics.

Dans la foulée de l'annonce de la BNS le franc suisse a lâché du lest face au dollar et à l'euro. La livre a modérément réagi à la décision de la BoE, et cédait un peu de terrain face au billet vert.

AFP/VNA/CVN

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