>> Kurdes tués à Paris : la garde à vue du suspect levée pour raisons de santé
Des policiers et pompiers sur les lieux de tirs mortels dans le Xe arrondissement à Paris le 23 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce retraité de 69 ans, de nationalité française, a été replacé en garde à vue dimanche 25 décembre à 16h25, a indiqué le parquet. Sa garde à vue avait été levée samedi 24 décembre en fin de journée pour des raisons de santé. Depuis l'attaque qui a fait trois morts et trois blessés, la piste du crime raciste est privilégiée par les enquêteurs.
Dès son interpellation peu de temps après les faits, le tireur présumé avait confié aux policiers avoir agi parce que "raciste". En garde à vue, il a reconnu une "haine des étrangers devenue pathologique" depuis un cambriolage dont il avait été victime en 2016, a indiqué dans un communiqué la procureure de Paris Laure Beccuau.
Il s'est décrit comme "dépressif" et "suicidaire". "Mais avant de me suicider, j'ai toujours eu envie d'assassiner des migrants, des étrangers, depuis ce cambriolage", a-t-il déclaré en garde à vue. Pour ce faire, il s'est dans un premier temps rendu, tôt le matin vendredi 23 décembre, à Saint-Denis, commune populaire au nord de Paris, avec son arme, "un pistolet automatique Colt 45 de calibre 11,43", pour "commettre des meurtres sur des personnes étrangères", selon la procureure.
Volontés suicidaires
Mais, "il renonce finalement à passer à l'acte, compte tenu du peu de monde présent et en raison de sa tenue vestimentaire l'empêchant de recharger son arme facilement", a-t-elle précisé.
Carte de Paris localisant la rue du Xe arrondissement où un homme a tiré plusieurs coups de feu à proximité d'un centre culturel kurde. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il est alors rentré chez ses parents, puis en est ressorti pour se rendre peu avant midi rue d'Enghien, dans le Xe arrondissement de Paris, où il connaissait l'existence d'un centre culturel kurde, et a ouvert le feu.
Une femme - Emine Kara, une responsable du Mouvement des femmes kurdes en France - et deux hommes, dont l'artiste et réfugié politique Mir Perwer, sont morts sous ses balles. Trois autres hommes ont été blessés, dont un gravement, mais leurs jours ne sont plus en danger et l'un d'entre eux a quitté l'hôpital, selon le dernier bilan communiqué dimanche 25 décembre.
Cinq des six victimes sont de nationalité turque, la dernière française. "Indiquant en vouloir +à tous les migrants+, il explique s'en être pris à des victimes qu'il ne connaissait pas, précisant en vouloir aux Kurdes pour avoir +constitué des prisonniers lors de leur combat contre Daesh (acronyme en arabe de l'organisation jihadiste État islamique, ndlr) au lieu de les tuer", a affirmé le ministère public.
Il avait "l'intention d'utiliser toutes les munitions et de se suicider avec la dernière balle", mais a été stoppé par plusieurs personnes dans un salon de coiffure proche avant d'être arrêté par la police. Les premiers éléments obtenus lors d'une perquisition chez ses parents, dont la saisie d'un ordinateur et d'un smartphone, n'ont "rien révélé à ce stade", selon la procureure, et pas permis d'établir "un quelconque lien avec une idéologie extrémiste".
Le suspect a assuré avoir acquis son arme il y a quatre ans auprès d'un membre du club de tir, a-t-elle ajouté. Il l'avait cachée chez ses parents et a assuré ne jamais s'en être servi auparavant. Déjà condamné en 2017 pour port d'arme prohibée et en juin dernier pour violences avec armes sur des cambrioleurs - les faits qu'il a évoqué en garde à vue -, il est mis en examen depuis décembre 2021 pour violences avec armes, avec préméditation et à caractère raciste.
AFP/VNA/CVN