>>Rail : Alstom et Siemens négocient un "accord" de fusion
L'ex-président français François Hollande passe devant un TGV lors d'une visite de l'usine d'Alstom à Belfort, le 22 février. |
Le groupe français réunit mardi 26 septembre son conseil d'administration, où siègent deux représentants de l'État détenteur de 20% des droits de vote, tandis que Siemens tiendra une réunion de son conseil de surveillance.
Les deux groupes devraient se prononcer sur un projet déjà étudié en 2014 mais qui avait échoué, Alstom préférant céder ses activités énergie à l'américain General Electric et recentrer son activité sur le ferroviaire.
Son passage sous pavillon allemand signifierait la fin d'un fleuron industriel français.
Les défenseurs de l'opération soulignent qu'elle s'inscrirait dans un mouvement mondial de consolidation du secteur ferroviaire, le marché étant désormais dominé par le géant chinois CRRC Corp., lui-même issu de la fusion de China CNR Corp. et CSR Corp en 2014.
Si cette alliance se réalise, elle donnera naissance au numéro deux mondial - en volume - pour le matériel ferroviaire roulant, et au numéro un pour la signalisation, selon Bercy.
Un tel rapprochement aurait un large écho politique, alors qu'Emmanuel Macron, qui montre depuis son élection une volonté de rapprochement avec l'Allemagne, présentera le même jour ses propositions sur l'avenir de l'Union européenne.
Le conglomérat allemand pourrait monter au capital d'Alstom à hauteur de 45 à 50%, en échange de l'apport de ses activités ferroviaires - matériel roulant et signalisation - au groupe français.
Quant à l'État français, il pourrait sortir du capital du constructeur ferroviaire.
Il en détient actuellement 20%, via des actions prêtées par le groupe Bouygues, ce qui lui a permis d'avoir les droits de vote correspondants et deux administrateurs au conseil d'administration.
L'État a jusqu'au 17 octobre pour exercer son option d'achat sur ses 20% pour un milliard d'euros mais il n'a montré aucun signe en ce sens. S'il se retire, Bouygues reviendra à la situation initiale, avec 28,3% au capital d'Alstom.
Écart de rentabilité
Une décision dès mardi 26 septembre n'est "pas certaine" en raison de la "grande complexité d'une telle transaction", évaluée à 15 milliards d'euros environ, selon le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui suggérait que le canadien Bombardier pourrait s'inviter dans un deuxième temps en apportant au nouveau groupe ses activités ferroviaires.
L'écart de rentabilité entre Siemens Mobility (609 millions d'euros de bénéfice opérationnel pour 7,8 milliards de chiffre d'affaires) et Alstom (358 millions de bénéfice opérationnel pour 7,3 milliards de chiffre d'affaires), irait dans le sens d'un contrôle du nouveau groupe par Siemens, toujours selon le FAZ.
La presse allemande s'interroge sur les garanties que les deux groupes auraient pu obtenir des politiques sur le volet concurrence. La FAZ et Handelsblatt rappellent que depuis 2014, le patron de Siemens, Joe Kaeser, exhorte Bruxelles à prendre en compte le marché mondial du rail, plutôt que les frontières nationales ou européennes, pour apprécier les problèmes de positions dominantes.
Pour Siemens, qui répète depuis des mois qu'il faut grossir dans le rail face à la concurrence chinoise, l'accord envisagé s'inscrit dans la stratégie plus large de Joe Kaeser, qui consiste à faire du groupe une holding contrôlant des entités autonomes.
En mai, le Pdg d'Alstom Henri Poupart-Lafarge avait jugé que la création d'un "Airbus du ferroviaire", qui regrouperait des constructeurs ferroviaires européens, "serait d'une complexité inouïe", estimant toutefois "qu'une certaine consolidation devra se passer (..) en Europe. Mais ça se fera progressivement".
"Contrairement aux avions (...) nos trains sont quand même beaucoup plus spécifiques aux différentes infrastructures, on est quand même obligés de s'adapter, donc il n'y a pas des séries aussi longues que pour celles des avions. L'outil industriel est aussi beaucoup plus éclaté que l'outil industriel dans l'aéronautique", avait-il détaillé.
AFP/VNA/CVN