Au Sénat, une motion de soutien à l'exécutif a été approuvée à une écrasante majorité de 235 voix (la majorité absolue étant atteinte à 153) et seulement 70 votes contre.
Le gouvernement d'Enrico Letta a survécu le 2 octobre à un vote de confiance au Parlement italien |
Cela ne signifie pas toutefois que M. Letta puisse compter sur une majorité d'une telle ampleur quand il gouvernera. Il s'en est d'ailleurs dit conscient devant la Chambre des députés, où un autre vote de confiance lui a accordé, cette fois sans aucune surprise, une majorité très large de 435 voix (contre 162 contres), tard dans la soirée. "Même si ma majorité politique sera peut-être différente de celle qui a voté la confiance, l'important est d'avoir clarifié la situation", a dit M. Letta.
Dans un communiqué, le président italien Giorgio Napolitano a salué "la fermeté et le sérieux" avec lesquels M. Letta "a surmonté l'épreuve" devant les chambres.
Mais il a averti M. Berlusconi : "Le président du Conseil et le gouvernement ne pourront tolérer que recommence un jeu de massacre quotidien à leurs dépens". M. Berlusconi s'est rallié in extremis, juste avant le début du vote au Sénat, au camp du "oui à Letta", avec lequel il avait rompu par surprise le 28 septembre en ordonnant aux cinq ministres de son parti de démissionner.
"Nous avons décidé, non sans débats internes, de voter la confiance", a déclaré le magnat des médias, assurant s'être convaincu après les promesses de M. Letta de baisser la fiscalité du travail et d'introduire la possibilité de sanctionner les magistrats outrepassant la procédure.
Opposition
En réalité, M. Berlusconi qui, le 30 septembre encore, se disait déterminer à faire tomber le gouvernement, a hésité avant sa volte-face, selon les médias italiens.
Le Premier ministre italien Enricon Letta lors d'un vote de confiance décisif au Parlement, le 2 octobre à Rome |
Interrogée par l'AFP-TV, la ministre PDL de l'Agriculture, Nunzia de Girolamo, s'est félicitée que M. Berlusconi "ait choisi de prendre sa décision non pas avec les tripes mais avec la tête, pour le bien du pays, et avec le cœur, en faveur de l'unité de notre parti".
Pour Maurizio Sacconi, l'un des sénateurs rebelles (23 avaient signé un document pro-Letta), le Cavaliere a dû "prendre acte du fait que seul un quart du parti était en faveur de la censure". "Nous ne sommes pas des traîtres, mais des pionniers qui ont indiqué la voie à suivre au PDL", a assuré le sénateur Roberto Formigoni, en annonçant la constitution de groupes autonomes dans les deux chambres du parlement.
La rébellion s'est organisée en particulier autour du vice-Premier ministre Angelino Alfano, un avocat sicilien de 42 ans, que Silvio Berlusconi présentait jusqu'ici comme son dauphin. M. Alfano, l'un des ministres contraints de démissionner mais également numéro deux du PDL, avait donné le "la" en disant vouloir être "berlusconien autrement". Le soir du 1er octobre, il avait publiquement défié son mentor en appelant "l'ensemble" des parlementaires du PDL à voter la confiance.
Le geste de rupture de M. Berlusconi était motivé par sa crainte de perdre d'ici à la mi-octobre son siège de sénateur et donc son immunité parlementaire, après sa condamnation définitive le 1er août à une peine de prison pour fraude fiscale.
Maintenant qu'il a été confirmé à son poste, M. Letta a annoncé vouloir accélérer les réformes institutionnelles (pour réduire le nombre de parlementaires et réformer la loi électorale), sortir le pays de la récession et mettre "croissance et emploi" au centre du semestre italien à la présidence de l'Union européenne à partir de juillet 2014.
AFP/VNA/CVN