Indonésie: début des enterrements de masse

Des volontaires ont commencé lundi 1er octobre à enterrer dans une vaste fosse commune les corps de victimes du séisme et du tsunami qui ont dévasté l’île indonésienne des Célèbes, où l’ONU a estimé que 191.000 personnes avaient besoin d’aide humanitaire.

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Une voiture projetée sur une maison à Palu, ville indonésienne frappée par un séisme et un tsunami. Photo du 1er octobre.

Cette catastrophe a fait au moins 844 morts, et 59.000 déplacés, selon le dernier bilan annoncé lundi par l’agence de gestion des catastrophes et le gouvernement. Le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (UNOCHA) a estimé de son côté à 191.000 le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire d’urgence.

Le président indonésien Joko Widodo a décidé d’accepter l’aide étrangère, alors que 18 pays et de nombreuses ONG ont jusqu’ici proposé leurs services. "L’entraide est une tradition internationale que nous devons apprécier (...) L’Indonésie a elle-même souvent contribué et fourni de l’aide", a expliqué le ministre de la Sécurité, le général Wiranto, qui n’a qu’un patronyme comme nombre d’Indonésiens.

Après le séisme d’une magnitude de 7,5 suivi d’un tsunami qui a frappé vendredi 28 septembre la côte ouest des Célèbes et dévasté la ville de Palu, les habitants manquent de tout: nourriture, eau potable, carburant ou médicaments. Les réseaux électriques et de télécommunications ont été très endommagés et les sauveteurs manquent d’équipements pour rechercher les survivants dans les décombres.

Les agences humanitaires et ONG ont beaucoup de difficultés à faire parvenir de l’aide sur place alors que de nombreuses routes sont coupées et les aéroports endommagés. "Nous n’avons pas beaucoup de nourriture. Nous avons pu prendre seulement ce que nous avions dans la maison. Et nous avons besoin d’eau potable", témoigne Samsinar Zaid Moga, une femme de 46 ans. "Le plus important, ce sont des tentes parce qu’il a plu et il y a beaucoup d’enfants ici", ajoute sa sœur, Siti Damra.

Oxfam "prévoit d’apporter de l’aide à potentiellement 100.000 personnes", de la nourriture instantanée, des kits de purification d’eau et des abris, a indiqué Ancilla Bere, une responsable de l’ONG en Indonésie. Au moment du séisme, 114 étrangers se trouvaient dans la région, et la plupart sont sains et saufs et en cours d’évacuation, selon l’agence de gestion des catastrophes.

Trois Français dont on était sans nouvelles ont été retrouvés, a confirmé le ministère français des Affaires étrangères. Mais les autorités sont encore sans nouvelles d’un Belge et estiment qu’un Sud-Coréen pourrait être parmi les victimes de l’hôtel Roa Roa.

État d’urgence de 14 jours

Les autorités indonésiennes craignent que le bilan ne s’alourdisse encore et ont déclaré un état d’urgence de 14 jours.

La plupart des victimes ont été recensées à Palu, agglomération de 350.000 habitants sur la côte ouest des Célèbes. La chaîne locale Metro TV a diffusé des images aériennes du village de Petobo au sud de Palu qui semble avoir été particulièrement touché. Environ 700 personnes pourraient avoir trouvé la mort dans ce quartier, selon les autorités. À Poboya, sur des collines qui surplombent la ville de Palu, des volontaires ont commencé à mettre en terre des corps de victimes dans une vaste fosse commune, prévue pour 1.300 corps.

Trois camions chargés de dépouilles enveloppées dans des sacs orange, jaune et noir sont arrivés sur le site. Un par un, ils ont été placés dans la fosse et une pelleteuse les a recouverts de terre. Les autorités avaient d’abord disposé les corps dans des morgues improvisées pour qu’ils puissent être identifiés mais, devant le risque sanitaire, elles se sont décidées à procéder à des enterrements de masse.

À Balaroa, un quartier périphérique de Palu qui abritait un complexe résidentiel, les dégâts sont énormes. La zone est transformée en une étendue parsemée d’arbres arrachés, de morceaux de béton, de tôles ondulées tordues, de cadres de portes arrachés et de morceaux de meubles.

Dans les décombres des principaux bâtiments, les équipes de recherche mènent une course contre la montre pour sortir des survivants. Des sauveteurs tentaient lundi de retrouver des survivants dans les restes de l’hôtel Roa Roa, alors que 50 à 60 personnes pourraient avoir été ensevelies.

Pour l’instant deux personnes ont été sauvées sur ce site, selon une source officielle. Des survivants désespérés pillaient les magasins pour se procurer des produits de première nécessité, nourriture, eau et essence, sous le regard de policiers impuissants ou ne souhaitant pas intervenir.

Un survivant du séisme meurtrier qui a frappé Palu sur l’île des Célèbes en Indonésie tente de récupérer des objets dans les décombres, le 1er octobre
Photo: AFP/VNA/CVN

"Le gouvernement, le président sont venus, mais ce dont nous avons réellement besoin, c’est l’eau et la nourriture", déclare Burhanuddin Aid Masse, 48 ans. De nombreux survivants ont passé les derniers jours à chercher désespérément leurs proches disparus. Le Comité international de la Croix Rouge (CICR) a indiqué qu’il s’efforçait de réunir les familles séparées par la catastrophe et qu’il fournissait une aide médico-légale à ceux qui doivent identifier les victimes.

À la faveur du séisme et du chaos qui a suivi, jusqu’à 1.200 détenus se sont évadés de trois prisons différentes, ont annoncé les autorités lundi 1er octobre.

Un centre de détention à Palu, construit pour héberger 120 personnes, a vu la plupart de ses 581 détenus franchir les murs abattus. La prison de Donggala a, elle, été incendiée et ses 343 détenus sont en fuite. Le feu semble avoir été allumé par les prisonniers, inquiets pour leurs familles. "Ils ont paniqué en apprenant que Donggala a été durement frappée par le tremblement de terre", selon Sri Puguh Utami, une responsable du ministère de la Justice.


AFP/VNA/CVN

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