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L’ancien journaliste Dinh Khai lors d’une émission de télévision. |
Photo : Nguyên Thao/CVN |
Depuis le début de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, Dinh Khai ne cesse de mettre à jour sa page Facebook, combinant informations sur les matchs et ses commentaires experts. Ses lecteurs s’en amusent en déclarant que pour avoir des informations sur les tournois nationaux ou internationaux comme la V-League, le Mondial et les championnats d’Europe, avec des analyses et des commentaires très pointus, il suffit (juste) de se rendre sur sa page Facebook.
À la retraite depuis longtemps, Dinh Khai raconte que l’écriture l’aide à se souvenir de son métier, qui lui a donné sa “marque de fabrique” : “Celui qui redessine les matchs de football en parlant”, “Le roi des commentaires sans âge”. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui l’appellent le commentateur sur... Facebook. L’ancien journaliste sourit et précise : “Sur Facebook ou en direct à la radio et à la télévision, je reste quand même responsable des informations données”.
L’ancien journaliste Dinh Khai (debout, à gauche) et des commentateurs de football à la radio VOV. |
Photo : Nguyên Thao/CVN |
À environ 80 ans, ses oreilles sont encore très fonctionnelles. Ses yeux n’ont pas besoin de lunettes. Sa démarche est gracieuse. Sa voix reste forte et inspirante. Seraient-ce les nombreuses années à commenter le ballon rond et les nuits blanches passées avec le football international qui lui ont donné une telle santé ? “Tous les métiers ont besoin d’une bonne santé. Mais un commentateur de football en a encore plus besoin. Car il doit veiller tard pour regarder des matchs internationaux. Et le moindre problème de voix pourrait ruiner le programme à la radio”, souligne-t-il.
“Savoir dix, parler un”
Au fil des décennies, Dinh Khai n’a pas de souvenir exact du nombre de matchs commentés. Mais avoir été descripteur lors des trois éditions du Mondial (2002, 2006 et 2010) lui procure des sentiments marquants.
Lors de la Coupe du monde 2006, et bien qu’il ait pris sa retraite, M. Khai travaillait toujours comme consultant pour la chaîne de télévision numérique VTC. En journée, il s’y rendait pour parcourir des documents sportifs et regarder des émissions diffusées sur la chaîne VTC3. Le soir, il allait à la radio VOV pour commenter en direct les matchs de la Coupe du monde avec d’autres commentateurs.
En plus de la radio, il a souvent “empiété” sur la télévision. La première fois, c’était au Championnat du monde de football féminin en Chine en 1992. Il faisait partie des commentateurs de la Radio-Télévision de Hanoï. Deux ans plus tard, il réalisait des commentaires de football en direct à la Télévision nationale du Vietnam. “Décrire un match à la radio est plus difficile qu’à la télévision”, compare Dinh Khai. Pourquoi ?
“Car cela demande de la technique, de la capacité, de l’agilité, de la clarté et un vocabulaire riche et varié. À la radio, le commentateur doit bien situer l’action et la décrire pour que les auditeurs puissent imaginer ce qu’il se passe sur le terrain. Tandis qu’à la télévision, il faut anticiper ce que les footballeurs vont tenter de faire, leurs tactiques et leurs stratégies. Les commentateurs radio doivent s’entraîner avec leurs yeux perçants pour repérer immédiatement les détails incontournables qu’il faut transmettre aux auditeurs, comme par exemple quel joueur vient de marquer ou si le ballon franchit la ligne de but”, explique-t-il.
Quelques livres publiés par Dinh Khai. Photo : Nguyên Thao/CVN |
Selon lui, peu de footballeurs professionnels deviennent commentateurs au Vietnam. Ils n’ont ni le temps ni les conditions pour apprendre les exigences professionnelles du métier. Bien sûr, si un joueur à la retraite souhaite compléter ses connaissances du métier, il pourrait devenir commentateur. “Un bon commentateur de football doit d’abord apprendre et comprendre le métier de descripteur en général et de celui de football en particulier. De plus - et c’est très important -, il doit apprendre et maîtriser le savoir-faire et le professionnalisme du football. C’est pourquoi on dit souvent +Savoir dix, dire un, c’est bon et profond+”, précise Dinh Khai.
Créer son propre style
Dinh Khai est bien connu comme commentateur de football. Mais cette activité était plutôt secondaire pour lui. Car son travail principal était de commenter les événements politiques importants du pays. Le journaliste écrit aussi des poèmes et de courtes histoires. Il a publié plusieurs livres dont Nghiêp truyên lua (La carrière de transmettre le feu), Dam mê (La passion), Nhung dêm trang (Des nuits blanches), Bên bên sông quê (À l’embarcadère à la campagne) et Vê voi quê huong (Retour au pays natal).
Pour un journaliste, créer un style personnel est un but souvent rêvé, mais peu atteint. Si Dinh Khai est resté dans les mémoires du public, c’est parce que celui-ci s’est souvenu de sa voix et l’a considéré comme un ami proche. Au fil des années, l’ancien journaliste a construit son propre style qui a atteint le cœur du public. Son style, c’est aussi un “cadeau” que sa profession lui a donné. Phan Quang, ancien directeur général de la VOV, reconnaît que Dinh Khai est parvenu à créer son propre style grâce à ses perceptions aiguës, à son jugement rapide et ses paroles claires et cohérentes avec une voix attirante, mais aussi un processus d’apprentissage constant, atteignant un niveau toujours plus élevé.
Phuong Nga/CVN