France
Hors course, François Fillon face à ses déboires judiciaires

François Fillon, éliminé dès le premier tour de la présidentielle, va devoir faire face à ses déboires judiciaires : rien n’empêche désormais la poursuite des investigations le visant dans l’enquête sur les soupçons d’emplois fictifs de son épouse.

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Photo : AFP/VNA/CVN

En perdant toute chance de devenir président, le candidat de la droite a aussi vu disparaître la perspective d’être protégé par l’immunité totale dont bénéficie un chef de l’État en exercice, une immunité qui aurait notamment empêché toute nouvelle convocation par les juges d’instruction pendant la durée de son mandat.

"L’enquête a jusqu’ici été menée au pas de charge, il n’y a pas de raison pour que les investigations ne se poursuivent pas à un rythme soutenu à l’encontre de l’ex-Premier ministre", grand favori de la présidentielle avant les premières révélations du Canard enchaîné fin janvier, a relevé lundi une source proche du dossier.

Mis en examen le 14 mars, notamment pour "détournement de fonds publics" et "recel d’abus de biens sociaux", François Fillon, qui a renoncé lundi 24 avril à mener le "combat" des législatives, devrait être de nouveau convoqué.

Lors de son premier rendez-vous avec les juges, il avait refusé de répondre aux questions et lu une simple déclaration, invoquant le "calendrier" judiciaire, "en plein cœur de la campagne présidentielle". "Une nouvelle audition va permettre de l’interroger sur le fond", a relevé la source proche du dossier, soulignant que Penelope Fillon avait été entendue "pendant plus de douze heures avant sa mise en examen" le 28 mars.

Au cœur de l’affaire, les contrats - de 1986 à 2013 avec plusieurs interruptions - de la discrète Galloise comme assistante parlementaire de son mari ou du suppléant de ce dernier à l’Assemblée, Marc Joulaud, et pour lesquels elle a perçu au total 680.380 euros nets.

Rémunérée dès 1982

Comme l’a révélé Mediapart, "Penelope Fillon a été rémunérée dès 1982 par son époux pour des missions à l’Assemblée" où il exerçait son premier mandat de député, d’après la source proche du dossier, mais "l’enquête ouverte par le parquet national financier (PNF) ne porte pas à ce stade sur cette période".

Dans sa déclaration aux magistrats, François Fillon a défendu la réalité de l’emploi de son épouse, estimant, au nom de la séparation des pouvoirs, qu’il n’appartient pas à l’autorité judiciaire "de porter un jugement sur le travail d’un parlementaire et la manière dont celui-ci s’organise avec ses collaborateurs".

Les investigations portent aussi sur deux des enfants du couple, Marie et Charles, embauchés comme assistants de leur père de 2005 à 2007 lorsqu’il était sénateur. Et sur de possibles abus de biens sociaux alors que Penelope Fillon a été employée de mai 2012 à décembre 2013 à la Revue des deux mondes, propriété de l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, un proche de l’ancien Premier ministre.

Le PNF a élargi le 16 mars son enquête à des soupçons d’escroquerie aggravée et de trafic d’influence.

Concernant l’escroquerie, les enquêteurs se demandent si le couple n’a pas cherché à minimiser la durée du travail censé être effectué par Penelope Fillon à la Revue des deux mondes alors qu’elle était, de juillet 2012 à novembre 2013, salariée du magazine littéraire et assistante parlementaire de son mari, deux emplois rémunérés à temps plein.

Les soupçons de trafic d’influence portent sur les costumes offerts au candidat Fillon par l’un de ses amis, l’avocat Robert Bourgi, figure de la "Françafrique".

A ce jour, hormis le couple Fillon, seul Marc Joulaud a été mis en examen.

Marc Ladreit de Lacharrière, Robert Bourgi, Charles et Marie Fillon et plusieurs anciens collaborateurs de l’ex-candidat à l’Assemblée pourraient être convoqués par les magistrats.

Marie Fillon n’a pas reçu de convocation à ce stade, selon son avocat Me Kiril Bourgatchev. Les avocats du couple Fillon n’ont pas souhaité s’exprimer.

AFP/VNA/CVN

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