>>Déremboursement ou non de l'homéopathie: la décision "peut attendre" un peu
Tubes de médicaments homéopathiques. |
La décision sur les produits homéopathiques, scellée par plusieurs arrêtés en octobre et novembre, avait été annoncée le 9 juillet par le ministère de la Santé, au terme d'une longue polémique.
Cela concerne quelque 1.200 produits homéopathiques, dont certains bien connus des Français, comme le Gelsemium (censé lutter contre l'anxiété).
Le célèbre Oscillococcinum (supposé traiter les symptômes grippaux), lui, ne figure pas dans la liste : il fait partie des produits homéopathiques qui, avant même cette décision, n'étaient déjà pas remboursés.
Pour trancher, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s'est appuyée sur un avis accablant de la Haute autorité de santé (HAS) rendu fin juin. Cet organisme avait conclu que les produits homéopathiques n'avaient "pas démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d'un remboursement".
La "période de transition" avant le déremboursement total permettra de "se laisser le temps de la pédagogie" auprès des patients et "laissera aussi le temps aux industriels de s'organiser", avait expliqué Mme Buzyn en juillet.
Mais les labos qui fabriquent des produits homéopathiques ne semblent pas vouloir s'y résoudre : deux d'entre eux, les français Boiron (leader mondial) et Lehning, ont déposé des recours auprès du Conseil d'État.
Récurrent ces dernières années, le débat avait été spectaculairement relancé en mars 2018, par la publication dans le Figaro d'une tribune véhémente contre l'homéopathie et d'autres "médecines alternatives".
Elle était signée par 124 professionnels de santé qui ont ensuite fondé un collectif appelé Fakemed ("fausses médecines", en anglais).
Même si le sort de l'homéopathie a depuis été tranché, certains d'entre eux font toujours l'objet de procédures disciplinaires devant l'Ordre des médecins.
Il a été saisi en 2018 par le Syndicat national des médecins homéopathes (SNMHF), qui accuse les signataires de "non-confraternité" et leur reproche les termes vifs employés dans la tribune.
Ses plaintes visaient une soixantaine de médecins à travers la France. Pour l'heure, une vingtaine de décisions de première instance ont été rendues, qui varient selon les régions : il y a eu huit avertissements, trois plaintes rejetées et une relaxe, selon le collectif Fakemed.
Pour l'Île-de-France, dix signataires ont comparu à Paris le 17 décembre.
Les décisions ont été mises en délibéré et devraient être prononcées mi-janvier selon Fakemed, qui dit craindre des suspensions d'exercice pour certains médecins. Une décision qui, si elle était confirmée, ferait l'effet d'une bombe chez les anti-homéopathie.
AFP/VNA/CVN