Le tigre, un animal redouté des hommes, mais qui a des traits de génies ! |
Photo : CTV/CVN |
Le Génie des tigres
Sur les limites des provinces voisines de Hà Tinh et Nghê An, dans le Centre, s’élève une grande montagne à laquelle on accédait par deux défilés. En arrière, elle touche au pays sauvage des dix mille éléphants ; en avant, aux pays habités. L’on va couper du bois dans cette montagne ; les bûcherons se réunissent par bandes d’une cinquantaine et, arrivés au défilé, font un sacrifice.
Du temps de la dynastie des Lê postérieurs (1428-1789), un mandarin y fut envoyé avec une troupe de soldats pour couper du bois. Un jour, pendant que les ouvriers étaient au travail, il se coucha dans un hamac suspendu à un arbre. Un de ses hommes lui dit : "Il y a ici des tigres". "Laisse-moi me coucher où il me plaît et va à tes affaires !", lui répondit-il.
Une fois le soldat parti, survint un tigre qui se jeta sur le mandarin et, après une courte lutte, le tua sans le dévorer toutefois. Le tigre ensuite s’accroupit sur le corps et attendit le retour des soldats. Quand ceux-ci revinrent de la forêt, ils virent que leur chef était mort. Ils relevèrent le cadavre et envoyèrent deux des leurs prévenir les autorités provinciales. Celles-ci vinrent faire l’enquête et, les faits une fois constatés, ordonnèrent de rapporter le corps pour lui faire des funérailles. Mais, alors, tous les tigres et les éléphants de la forêt se rassemblèrent, les premiers environnant le cortège sur l’arrière et les côtés, les seconds barrant le chemin en avant. On envoya chercher d’autres troupes qui réussirent à disperser les bêtes sauvages et l’on ramena le corps du mandarin qui fut enterré près du chef-lieu de la province.
Trois nuits après, les tigres de cette forêt se rassemblèrent en foule, déterrèrent le cercueil et le portèrent au défilé de la montagne où ils l’enterrèrent. Quand les personnes de la famille vinrent pour visiter le tombeau, elles le trouvèrent vide et apprirent des voisins ce qui s’était passé. On courut au défilé, où l’on retrouva le cercueil. Les autorités provinciales, à qui rapport fut fait de l’événement, ordonnèrent de laisser les choses comme elles étaient et pressentirent que cet enterrement par les tigres présageait un avenir brillant à la famille.
Dès lors, le mandarin devint un esprit puissant, ses descendants furent élevés aux plus hautes dignités, tous ceux qui vont couper du bois dans la forêt lui font des sacrifices au moyen desquels ils obtiennent d’y vivre en paix. On lui a élevé un temple près du défilé de la montagne et, au début de chaque année, les bûcherons vont y faire des offrandes. Le mandarin porte officiellement le titre de vénérable Génie surveillant des forêts des montagnes, mais il est connu chez le peuple sous le nom du vieillard au hamac.
Des serpents-génies
Du temps de la dynastie des Lý (1010-1225), vivaient au village de Chi Châu, district de Thach Hà, province de Hà Tinh (Centre), un homme nommé Trân Thê Vinh et sa femme Nguyên Thi Thoai. Ils étaient âgés d’environ 40 ans et mariés depuis plus de 15 ans sans avoir eu d’enfants. Une nuit d’automne, pendant une grande pluie, la femme prit un vase de terre pour recueillir l’eau qui coulait du toit. C’était vers la quatrième veille. Elle vit une étoile tomber dans le vase. Étonnée, elle appela son mari et lui conta ce qui s’était passé. Ils résolurent de garder le silence et de boire l’eau…
Dans les vieux contes, un serpent peut se transformer aussitôt en un beau jeune homme. |
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La femme devint grosse, mais, au bout de trois ans, elle n’avait pas encore accouché, et ni remède, ni philtre n’y faisait. Un jour, enfin, le premier jour du premier mois, à midi, elle accoucha de trois œufs bleus. Son mari fut très surpris et cacha avec soin l’aventure. Au bout de dix mois, ils virent éclore trois serpents : le premier avait le corps bleu et la tête rouge, le second le corps tacheté et la tête bleue, le troisième le corps blanc et la tête noire. Ils avaient environ 2 m de long et croissaient à vue d’œil.
Partout où allait leur père, ils le suivaient. Un jour qu’il travaillait aux champs, en coupant l’herbe, il trancha la queue de l’un des serpents dont le sang coula à flots. Le serpent se transforma aussitôt en un beau jeune homme haut de 10 m : "Mes frères et moi, dit-il, nous sommes des Génies célestes qui avons commis une faute, et nous avons été envoyés sur la Terre pour secourir le royaume. Mes frères vont rester ; moi, je vais remonter au Ciel". Les deux autres serpents demeurèrent à la maison ; quelquefois ils se transformaient en hommes, et nul alors ne pouvait les égaler.
Du temps de cette dynastie, des ennemis voulurent s’emparer de l’or, de l’ivoire et de la cannelle de la région, mais grâce à leur protection, ses entreprises furent déjouées. Aussi, le roi leur conféra-t-il le titre de généraux. Par la suite, on leur éleva une chapelle et, longtemps encore, ils ont manifesté leur puissance.
Des génies toujours présents et qui veillent peut-être encore dans l’ombre de nos rêves…
Ông Ngoai/CVN