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Pailles réutilisables à la boutique "A little leaf ". |
Midi au café "Kê hoach nho". L’atmosphère est agréable dans cet endroit au sein du Vieux quartier de Hanoï. Une dizaine de clients savourent des boissons fraîches. Sur les tables, aucun gobelet en plastique : on ne voit que des récipients en verre, en acier, en bois ou en céramique.
Son propriétaire Vu Ngoc Long nous explique pourquoi ce choix dès l’inauguration du café en 2017 : "Le plastique ne convient pas à notre concept. À la base, nous voulions créer un endroit stylé et respectueux de l’environnement". Ailleurs, toujours dans le Vieux quartier, le café "Câm" est un lieu très prisé des amoureux de la musique. Ses deux fondateurs Nguyên Đang Đuc Minh et Pham An l’ont créé dans un concept "vert", afin d’accueillir tout le monde dans un endroit sympathique.
"On a toujours cru que le plastique était indispensable. Notre café ne vend aucune boisson à emporter, pour la seule raison que nous voulons éviter l’utilisation de cette matière chez nos clients", confie Đuc Minh.
L’écologie, une bonne affaire
Depuis quelques années, les cafés à Hanoï et Hô Chi Minh-Ville commencent à éliminer le plastique à usage unique de leurs commerces. Sacs, plateaux, pailles, assiettes, fourchettes, tasses, cuillères, baguettes... autant d’objets en matériaux réutilisables ou respectueux de l’environnement.
Il est certain que les investissements initiaux pour ces produits coûtent plus cher que le plastique. Le café "Kê hoach nho", par exemple, compte environ 70 tasses et verres et plus de 20 pailles réutilisables. Leur espérance de vie est relativement courte : les verres sont souvent cassés, les pailles doivent être changées après quelques semaines, et la vaisselle prend beaucoup plus de temps. Mais le recyclage va bon train, puisque le personnel transforme les objets dégradés en nouveau pot de fleur ou décoration d’intérieur.
"Les coûts sont élevés, mais ces objets permettent à notre café d’avoir sa propre âme. Donc je trouve que l’investissement en vaut la peine", estime Ngoc Long. Et, ces jeunes propriétaires ont bien raison, vu le nombre de clients. Au café "Kê hoach nho", on en compte une cinquantaine chaque jour. Chez "Câm", ce nombre atteint environ 70. À Hô Chi Minh-Ville, il y a parfois presque foule, comme au café "Thinker & Dreamer" par exemple, qui accueille en moyenne entre 150 et 180 clients par jour dans ses trois adresses du centre-ville.
"Je trouve que l’élimination du plastique à usage unique est évidente, à cause de l’excès de déchets dans les cafés ordinaires, indique Duong Duc Toàn, étudiant de l’École supérieure de commerce de Hanoï. J’emporte dans mon sac ma propre bouteille et mes propres pailles réutilisables afin de réduire au maximum les déchets plastiques".
Belle opportunité pour les entreprises vertes
Au fur et à mesure que les cafés écologistes conquièrent les grandes villes du Vietnam, les fournisseurs d’objets réutilisables ou recyclés y voient l’opportunité d’exploiter ce marché aux énormes potentialités.
Au café "Thinker & Dreamer" à Hô Chi Minh-Ville. |
À Hanoï, "A little leaf" fait partie de ces fournisseurs. Fondée en 2017 dans une petite salle de la rue Xa Đàn, la marque possède maintenant deux grandes boutiques à Hanoï et Hô Chi Minh-Ville. Celles-ci proposent des ventes à la fois en ligne et sur place, et offrent aux clients une diversité de choix intéressants.
"Les pailles sont les plus vendues ici avec près de 500 unités chaque semaine. Les verres et bouteilles non-plastiques sont également appréciés des cafés. Et on vend aussi des céramiques", déclare Nguyên Ngoc Quỳnh, l’une des fondatrices de la boutique "A little leaf".
Selon Ngoc Quynh, la communauté des fournisseurs est vraiment conviviale, "pas de concurrence ou de compétitivité". Les boutiques s’entraident, de sorte qu’"on suggère aux consommateurs de nouvelles adresses où ils peuvent trouver des produits plus appropriés à leurs besoins". Cette remarque est approuvée par An Dang, fondateur de "Sap hàng Chàng Sen". Cette boutique a ouvert ses portes en 2016 et fournit des objets variés à de nombreux cafés et restaurants, ce qui leur assure une distribution importante et constante.
"On vend chaque semaine de 4.000 à 6.000 pailles en plante herbacée +bàng+ uniquement aux restaurants et cafés de Hanoï, en plus de 5.000 à 8.000 pailles en papier et en acier. La vente hebdomadaire des boîtes en bagasse de cannes à sucre s’élève à environ 10.000 unités", précise An Dang. Chaque mois, "Sap hàng Chàng Sen" enregistre un à deux nouveaux restaurants ou cafés, et a su garder une clientèle fidèle depuis son ouverture.
En pratique, l’élimination du plastique à usage unique touche plutôt les cafés et restaurants principalement fréquentés par les jeunes. Les chaînes de café ou les cafés franchisés tardent à adopter ce mode de consommation pour diverses raisons.
Mais tous ces jeunes propriétaires de cafés, à la pointe du combat écologique, restent optimistes. "Ce qui compte le plus est l’attitude de chaque consommateur. Si nous sommes tous conscients des conséquences de notre façon de consommer, nous pourrons supprimer ensemble les mauvaises habitudes qui nuisent tant à notre environnement", conclut Duc Minh.