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Le portique d’entrée de Mông Phu. |
À 50 km environ à l’ouest de la capitale, le village de Duong Lâm, classé au patrimoine national, se trouve dans la commune éponyme, qui relève du chef-lieu de Son Tây. Il se distingue par l’architecture de son portique d’entrée et de sa maison commune, baptisée Mông Phu. Auparavant, le village comptait cinq portiques : un principal et quatre secondaires placés aux quatre points cardinaux. Actuellement, il n’en reste plus qu’un, construit en 1833 et disposant d’une jolie toiture. Ce dernier est placé sur le chemin d’entrée du village, à côté du banian vieux de trois cents ans et de l’étang de lotus. Un spectacle d’un autre temps.
Les rues en briques longent les murs de latérite des habitations. Semblables à une ossature de poisson, ces voies de communications ont pour dénominateur commun la maison commune de Mông Phu.
Un authentique village Viêt
Classée au patrimoine historique et culturel national en 1984, la maison commune se situe au centre de Mông Phu, l’un des neuf hameaux que comprend le village ancien de Duong Lâm. Son plancher est disposé au dessus du sol, ce qui, à première vue, fait penser à une maison sur pilotis. Cette bâtisse caractéristique de l’architecture vietnamienne est ornée de motifs sophistiqués. Selon les locaux, elle symbolise la tête d’un dragon, les deux anciens puits installés de part et d’autre étant ses yeux.
Classée au patrimoine historique et culturel national en 1984, la maison commune se situe au centre de Mông Phu. |
La pagode Mia est l'un de ses plus beaux joyaux architecturaux de Duong Lâm. L’atmosphère y est beaucoup plus calme que la Pagode des Parfums ou celle de Tây Phuong par exemple. Ici, rien ne presse. Les visiteurs semblent absorbés par la quiétude qui se dégage de cet espace sacré.
L’édifice religieux abrite 287 statues bouddhiques, dont la moitié en bois, toutes façonnées à partir d’une histoire ou d’une légende en l’honneur du peuple vietnamien. Notamment, ses 18 La Hán (appelées «Arhat» en Inde) ont leurs propres attitude et visage.
«J’ai découvert le village de Duong Lâm dans des films. C’est une journée spéciale pour moi car je peux désormais me targuer d’avoir vu ces vieilles constructions superbement conservées de mes propres yeux. C’est l’endroit parfait pour découvrir et comprendre la culture vietnamienne, en particulier pour les touristes étrangers», partage Nguyên Ngoc Tuong Vi, une étudiante de Hanoï.
Les anciennes maisons de latérite constituent l’un des traits originaux de Duong Lâm. Le village en dénombre 956. Beaucoup ont été construites en 1649, 1703 et 1850. La plus ancienne date d’il y a plus de 400 ans.
Ces bâtisses sont reconnaissables par leurs murs, le portique d’entrée en latérite, semblable à une anse de panier, le seuil de la porte surélevé, l’allée en briques disposées en diagonales et sa pièce dédiée exclusivement au culte des ancêtres, séparée par une travée.
«Ma maison compte cinq travées. C’est ce qui délimite les pièces. Une est réservée aux touristes. Les visiteurs sont ravis de séjourner ici. Ils cherchent à en apprendre davantage sur la culture du village. Je voudrais d’ailleurs dire aux touristes que les villageois sont très accueillants !», informe Nguyên Tiên Dat, propriétaire d’une maison ancienne du village de Duong Lâm.
«Pas de gratte-ciels, peu de voitures, les paysages du village de Duong Lâm sont magnifiques. J’aime bien la vie ici», apprécie Do Kyoung Hoon, touriste sud-coréen.
Sauce soja et statues en paille
Duong Lâm est également réputé pour sa sauce soja (tuong en vietnamien), dont la qualité n’a rien à envier à celle du village de Bân, dans la province de Hung Yên, au Nord, et de Cu Dà, en banlieue ouest de Hanoï.
À la découverte des anciennes maisons de latérite dans le village ancien de Duong Lâm. |
En fonction de la température, le tuong est fermenté pendant 4 à 5 jours. La saison la plus favorable est le début de l’été, en mai et juin. Les locaux appliquent encore la méthode de fabrication manuelle ayant recours à l’eau de pluie. Le tuong de Duong Lâm est aujourd’hui emporté en cadeau souvenir par les gens de passage.
Visiter Duong Lâm permet aux touristes de faire des découvertes insolites. À commencer par les statues en paille, un des produits du circuit touristique de la récolte du riz lancé par l’Association des sciences et du développement du tourisme durable, et 50 étudiants du Département d’architecture et de planification de l’Université de génie civil de Hanoï. Ce sont eux qui ont initié les locaux et les agences de voyages à organiser ce tour original.
La fabrication d’une statue en paille prend en moyenne 2-3 jours, selon la taille et la complexité de l’objet. Les brins de paille sont soudés à une armature en ciment préformée afin de faciliter le travail et de rendre les produits moins vulnérables à la pluie notamment. Et les touristes sont invités à réaliser leur propre création, sous le regard bienveillant des locaux, avant d’immortaliser l’instant.
«Les touristes ont pu observer les travaux agricoles dans notre village. Ce circuit touristique de la +récolte du riz+ est vraiment un modèle pour découvrir le mode de vie qui découle de la culture du riz inondé dans ce village», souligne Pham Hùng Son, chef du Comité de gestion du village.
Il faut compter un jour plein pour une excursion à Duong Lâm, considéré comme un musée à ciel ouvert de la vie rurale vietnamienne. L’authenticité qui se dégage de ce village, avec notamment le banian, le puits, les maisons anciennes en latérite et la vie simple de ses habitants, en fait une destination incontournable.
Texte et photos : Quê Anh/CVN