>>GM&S : la CGT appelle la filière automobile à une grève solidaire le 18 juillet
Des salariés de l'équipementier automobile GM & S devant le site de Renault à Villeroy, dans l'Yonne, le 18 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, et son secrétaire d'État, Benjamin Griveaux, ont annoncé aller mercredi après-midi 19 juillet à l'hôtel de ville de La Souterraine (Creuse), pour un point d'étape sur les négociations avec les salariés et les syndicats CGT et FO de GM & S.
Une rencontre remise en question par la CGT, qui ne veut pas d'un rendez-vous à La Souterraine et propose au ministre un rendez-vous à Villeroy (Yonne), où une centaine des 277 salariés du 2e entrepreneur privé de la Creuse bloquent depuis mardi matin dans le calme les accès d'une plateforme logistique de pièces détachées du constructeur automobile Renault.
Renault et Peugeot PSA sont les deux principaux pourvoyeurs du chiffre d'affaires de GM & S et ont été fortement impliqués par l'État dans la mise sur pied d'un sauvetage de l'entreprise.
Bruno Le Maire a dit mardi soir 18 juillet appeler "dans l'intérêt de GM & S, à la levée immédiate du blocage du site de Renault", selon Bercy.
Les responsables de la CGT maintiennent que "deux conditions" doivent être remplies pour qu'ils lèvent le blocage : que Renault, comme PSA, principaux apporteurs du chiffre d'affaires de l'entreprise, "formalise ses engagements par écrit" et que le constructeur abonde à une indemnité de licenciement supra-légale pour ceux des 277 salariés qui ne seraient pas repris par GMD, le numéro un de l'emboutissage envisageant le maintien de seulement 120 emplois.
Parallèlement, la CGT Métallurgie a appelé toute la filière automobile à une heure de grève mardi 18 juillet pour soutenir les salariés de GM & S et dénoncer la "désindustrialisation sans précédent" de la filière automobile française. Un mouvement apparemment peu suivi, des responsables cégétistes se bornant à mentionner des arrêts de travail à l'usine Renault du Mans (Sarthe), par plus d'une centaine de salariés, et à l'usine Delphi Automotive, sous-traitant de PSA à Blois (Loir-et-Cher).
Mais, pour le seul repreneur potentiel, GMD, "l'ensemble des conditions suspensives ne sont pas levées". "S’il n’y a pas de prolongation de la période d’observation, notre offre ne sera pas finalisée", a déclaré, mardi soir 18 juillet, le PDG du sous-traitant automobile, Alain Martineau.
PSA contre-attaque
Le tribunal de Commerce de Poitiers examinera mercredi 19 juillet, à partir de 10h00, l'offre de reprise de GMD et pourrait se prononcer dans la foulée sur le sort de l'usine de GM&S à La Souterraine, en redressement judiciaire depuis décembre, puis en liquidation judiciaire depuis le 30 juin avec période d'observation jusqu'au 21 juillet.
Lors du blocage du site PSA de Sept-Fons Dompierre-sur-Besbre par des salariés de GM&S, le 5 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
De son côté, le constructeur Peugeot PSA, à qui le gouvernement reproche de ne pas être prêt à investir pour sauver GM&S, a contre-attaqué mardi 18 juillet, en demandant la publication des engagements détaillés des parties prenantes en matière de chiffre d'affaires pour les années à venir.
"La demande des salariés de GM&S étant un niveau d'activité conséquent pour le site de la Souterraine dans la durée, PSA demande, dans un souci de transparence et d'impartialité, que les engagements détaillés en matière de chiffre d'affaires pour 2018, 2019 et 2020 soient rendus publics, conformément aux chiffres transmis par les parties prenantes au ministère de l'Économie", a déclaré un porte-parole du constructeur automobile.
Le porte-parole de PSA a précisé que le groupe "a présenté le détail année par année du chiffre d'affaires prévisionnel, gage de pérennité pour GM&S, lors de la réunion qui s'est tenue à Bercy le 11 juillet en présence des représentants du personnel de GM&S, du repreneur et des pouvoirs publics".
Lundi, la tension était montée d'un cran entre l'État et PSA, le gouvernement accusant le constructeur automobile de ne pas être prêt à investir pour moderniser le site, comme le réclame GMD qui estime indispensable un investissement de 15 millions d'euros.
L'État et le constructeur Renault se sont engagés à apporter chacun cinq millions d'euros d'investissement pour cette modernisation. PSA a démenti tout désengagement et rappelé que le groupe s'était engagé durant les discussions à contribuer à hauteur de quatre millions d'euros pour permettre au site de s'équiper.
"Ce petit jeu du chat et de la souris entre le gouvernement et le constructeur est un peu déplacé par rapport à l'angoisse de ces familles de La Souterraine qui attendent des choses concrètes", à savoir "du travail, des investissements et un projet pour l'avenir", a déclaré le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, interrogé mardi 18 juillet sur France 2.