>> Nicholas Mckenna, l’enseignant américain au grand cœur
>> Une fondation caritative vietnamienne à Berlin aide les personnes défavorisées
Vance Lee (2e à gauche) et Andy Le (1er à droite) rendent visite à un foyer déshérité dans la province méridionale de Bên Tre en 2019. |
Photo : VOH/CVN |
Après avoir atterri à l’aéroport de Tân Son Nhât, à Hô Chi Minh-Ville, le 9 juillet, Vance Lee et Andy Le ont immédiatement pris le bus pour la province de Kiên Giang (Sud) afin d’inaugurer le lendemain le pont Giac Ngô (Lumières) dans la commune de Dông Hoà, district d’An Minh. Ce pont de 23 m de long, faisant deux tonnes, construit avec les économies de ce couple généreux, aidera désormais des milliers de personnes des deux rives du fleuve. “Ma plus grande surprise fut d’entendre des personnes âgées confier que le seul rêve de leur vie était de traverser le fleuve sur un nouveau pont”, a déclaré Vance Lee, 38 ans.
Une promesse à tenir
Vivant à Houston, au Texas (États-Unis) depuis l’âge de 3 ans, Vance Lee s’est toujours interrogée sur ses racines. Au début, ce n’était qu’un projet dans sa tête car ses enfants étaient jeunes, la vie n’était pas stable et elle ne savait pas “par où commencer ce retour aux sources”.
La famille de Vance Lee et Andy Le a inauguré le pont Giac Ngô (Lumières) dans le district d’An Minh, province de Kiên Giang (Sud). Photo : NVCC/CVN |
En 2016, son mari Andy Le se retrouve au chômage. La femme prie pour qu’il retrouve un bon travail, et elle promet de mener des actions caritatives s’il y parvient. Finalement, il postule avec succès pour un emploi dans une compagnie pétrolière. “Ma promesse doit être tenue !”, se dit-elle alors.
Cet été-là, Vance Lee retourne au Vietnam pour la première fois avec son plus jeune enfant et toutes ses économies, 3.500 USD. Animée par le désir de donner cet argent aux pauvres, elle doit économiser sur le logement et le transport.
Pendant les premiers jours de son retour au pays, la jeune mère fait découvrir à son enfant tous les coins de Hô Chi Minh-Ville. Elle offre de l’argent à des personnes âgées errant sur les trottoirs, sous le pont de Saigon, puis s’envole pour Dà Nang (Centre) où elle donne du lait et des couches aux enfants d’un orphelinat.
Ce premier voyage est déroutant, la jeune femme ne sait pas qui a besoin d’aide, elle doit donc trouver seule les “récipiendaires” de sa générosité, ce qui lui prend du temps. Sans compter que la jeune maman doit aussi s’occuper de son enfant qu’elle ne peut confier à personne.
Un jour, son enfant a une telle fièvre que la mère doute du bien-fondé de son action. “Je me suis reprochée d’être si folle. Mais ce moment de faiblesse et de découragement est vite passé parce que j’étais convaincue d’être sur le bon chemin”, a-t-elle confié.
Son voyage consiste à donner tout ce qu’elle a aux bonnes personnes. À leur retour, la mère et la fillette sont accueillies par les embrassades de son mari et de leurs deux fils.
Ne pas oublier ses racines
Andy Le, 40 ans, a raconté que sur le chemin entre l’aéroport et la maison familiale, sa femme avait parlé sans arrêt du Vietnam, ce qui créé en lui le fort désir d’aller aussi sur place. Andy est né et a grandi aux États-Unis, de parents vietnamiens. Ceux-ci sont décédés, de sorte que son lien avec le Vietnam était devenu très mince. L’intérêt de sa femme pour sa Patrie ancestrale a redonné de la sève à ses racines. “Ma femme dit toujours qu’il faut rester fidèle à ses racines. Si l’on ne se souvient pas de ses racines, on perd notre passé”, a-t-il insisté.
Vancee Lee (droite) remet des cadeaux aux enfants à Dak Doa, province de Gia Lai (hauts plateaux du Centre), en 2019. |
Photo : VOH/CVN |
Trois ans plus tard, Andy retourne au Vietnam avec sa femme et 6.000 USD en poche. Cette fois, ils ne sont pas seuls, mais avec le programme “Se tenir aux côtés des familles vietnamiennes” de la radio “La Voix du peuple” de Hô Chi Minh-Ville qui les épaule dans leurs démarches.
Leur première destination est une école à Dak Doa, province de Gia Lai (hauts plateaux du Centre). La famille offre des cadeaux aux 300 enfants. Certains ont marché pieds nus pendant 3 km pour les voir. De nombreux enfants ont les cheveux décolorés parce qu’ils travaillent au soleil pour subvenir aux besoins de leur famille.
En plus des fournitures scolaires et des sandales, les enfants reçoivent également des bonbons. “Beaucoup d’enfants n’avaient jamais mangé de bonbon. Je ne sais pas si eux ou mes enfants ont été les plus choqués. Mais de toute façon, les deux parties ont été très heureuses de l’expérience”, a partagé Vance Lee.
De multiples actes humanitaires
Dans la province de Bên Tre (Sud), la famille patauge plus de 30 minutes sur un chemin boueux et glissant pour atteindre une maison à toit de chaume. Là, la petite Kiêu, aux yeux brillants comme des billes, vit avec ses parents pauvres et malades et ses deux jeunes frères.
“Mes enfants ont pleuré parce qu’ils n’avaient jamais emprunté un tel chemin. Quand ils ont rencontré Kiêu, ils ne pouvaient pas croire qu’un enfant du même âge qu’eux devaient l’emprunter tous les jours pour aller à l’école”, a expliqué Vance Lee. Sa famille et le programme philanthropique ont aidé la famille de Kiêu à acheter un terrain et à construire une nouvelle maison dans un lieu plus facile d’accès.
Élèves du collège-internat de minorités ethniques de Dak Doa, province de Gia Lai. |
Photo : CTV/CVN |
Le périple de la famille s’est terminé par une rencontre avec 50 personnes âgées souffrant de la cataracte. Vance Lee a dit qu’elles avaient été très timides au début, jusqu’au moment où elle leur a dit pourquoi elle était ici : payer leur opération ophtalmologique. “Je promets de ne jamais cesser d’essayer d’aider les autres en situation difficile. Je vous aime comme mes parents”, a déclaré la jeune femme. Soudain, tout le monde dans la pièce s’est mis à pleurer. Vance Lee aussi. Elle est allée embrasser chacun d’eux pour leur dire au revoir.
Sur le vol retour, Andy a remercié sa femme car il n’a jamais fait des choses aussi significatives. “Auparavant, ma vie se limitait à dix heures de travail par jour, jamais je n’aurais pensé pouvoir aider les autres. Merci de m’avoir ouvert de nouveaux horizons”, a affirmé le mari.
Selon Hông Thuy, journaliste participant au programme “Se tenir aux côtés des familles vietnamiennes”, Vance Lee avait rejoint le programme en 2019, avec un don de 6.000 USD.
Cette année, le plan initial était d’aider des personnes malvoyantes à payer leur opération ophtalmologique, à construire des maisons ou à offrir des cadeaux à des orphelins. Mais Mme Thuy sait que la jeune bienfaitrice veut construire un pont plus que tout. Pendant de longs mois, les deux parties ont échangé des messages, Vance Lee a mobilisé des gens pour les soutenir, il semblait parfois que l’objectif ne pouvait être atteint.
“J’ai été émue aux larmes quand Vance Lee m’a dit un soir qu’elle avait mobilisé auprès de ses amis 200 millions de dôngs pour la construction de ce pont”, a indiqué le journaliste Hông Thuy.
Ce que Hông Thuy et d’autres membres du programme apprécient, c’est que Vance Lee et son mari ne sont pas riches. Elle est coiffeuse et gère deux salons à Houston. Pour avoir suffisamment d’argent afin de retourner au Vietnam et mener ses activités caritatives, elle ne prend que deux jours de congé par mois.
De retour malgré les finances exsangues
“J’ai la chance de travailler, les pauvres et les malades au Vietnam n’ont même pas la possibilité de gagner de l’argent. Cette pensée me donne la motivation de faire des efforts”, a dit la jeune femme d’origine vietnamienne.
Depuis de nombreuses années, elle prélève chaque mois deux jours de salaire sur un compte d’épargne pour ses voyages au Vietnam. Elle a fait appel à ses amis et clients pour obtenir de l’aide.
Cette année, Andy a perdu son emploi, celui de Vance Lee a été affecté par le COVID-19. Si la famille part en voyage aux États-Unis, elle n’a besoin que d’environ 7.000 USD, mais en revenant au Vietnam, un budget de 35.000 USD est nécessaire.
Lorsque la femme a exprimé cette inquiétude à son mari, il lui a donné de la force. Andy a exprimé sa gratitude d’avoir une épouse qui ne s’est jamais plainte d’avoir à jouer le rôle de pilier de la famille à la place de son mari. “Je te soutiens à 100%. Ton rêve est aussi le mien et celui de nos enfants”, a-t-il confié.
Ils sont déterminés à prendre la route alors qu’ils sont encore en difficulté. Pour ce couple généreux, aider les autres ne consiste pas à attendre d’avoir assez d’argent à donner, mais de donner autant qu’ils le peuvent.
“D’ici cinq ans, je reviendrai certainement pour construire une école afin d’offrir un avenir radieux aux enfants dans le besoin”, a partagé Vance Lee.
Xuân Lôc - Phan Duong/CVN