>>Flambée des prix des carburants : nouvelle journée d'action dans l'Hexagone
>>France : intervention des forces de l'ordre pour débloquer des dépôts pétroliers
Le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic (gauche) et le secrétaire d'État français aux Affaires européennes Clément Beaune à Bruxelles, le 22 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous allons proposer un cadre législatif qui obligerait chaque pays à remplir ses réserves de stockage de gaz à 90% avant le 1er novembre, pour être plus résilients en cas de développements géopolitiques ou d'hivers rigoureux", a annoncé M. Sefcovic après une réunion des ministres des Affaires européennes des Vingt-Sept.
La proposition de la Commission, qui sera dévoilée mercredi 23 mars puis soumise aux États, s'inscrit dans l'objectif de l'UE de réduire de deux tiers dès cette année ses achats de gaz russe, en s'approvisionnant bien avant l'hiver prochain auprès d'autres sources.
Dans sa "feuille de route" du 8 mars pour réduire la dépendance européenne aux hydrocarbures importés de Russie, Bruxelles évoquait cet objectif de réserves à 90%, mais en fixant l'échéance à septembre. Début mars, les stocks européens étaient remplis à 30%.
La mesure fait largement consensus mais "des débats continueront pour que nous ayons des règles uniformes et renforcées de stockage", a observé mardi 22 mars le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, dont le pays exerce la présidence semestrielle de l'UE.
Selon le site Contexte, la Commission proposera de fixer des objectifs intermédiaires de stockage pour chaque État (par exemple pour la France : 31% début mai, 55% en juillet, 78% en septembre...) avec des contrôles stricts. Les pays dépourvus de capacités suffisantes devront conclure des accords avec les opérateurs de stockage d'autres États.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Bruxelles, le 16 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Bruxelles doit préciser également mercredi 23 mars son projet sur de futurs achats groupés de gaz, mutualisés entre États membres, qui permettraient d'utiliser "le poids économique énorme de l'Europe" pour obtenir de meilleurs prix, a ajouté Maros Sefcovic
"Un groupe de travail spécial sera en contact étroit avec les États et les principaux acteurs du secteur (...) Nous devrions coopérer, non nous faire concurrence" sur les marchés internationaux, a-t-il souligné, anticipant un franc soutien des Vingt-Sept.
Cette coordination contribuerait à diversifier les approvisionnements de l'UE. La Commission discute déjà avec les principaux pays producteurs (Norvège, États-Unis, Qatar, Algérie).
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a par ailleurs rencontré lundi les patrons de grands groupes énergétiques européens (E.ON, Shell, Vattenfall, Eni...), dont le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a indiqué une source européenne. "Une simple prise de contact", a réagi un porte-parole de la Commission.
Enfin, "nous réfléchissons à plafonner les prix de l'électricité et du gaz pour atténuer" la flambée des cours "pour les consommateurs", a indiqué M. Sefcovic, notant que la volatilité du marché peut "aggraver la pauvreté énergétique" et "miner la compétitivité de l'industrie".
Les États restent fortement divisés sur une éventuelle réforme structurelle du marché européen de l'électricité, où les prix de gros s'alignent aujourd'hui sur ceux du gaz, et les discussions restent difficiles sur d'éventuelles mesures touchant le marché de détail, dont un possible plafonnement des prix.
"La réduction de nos dépendances fait davantage consensus que la réforme de nos marchés et le développement d'outils de maîtrise des prix", a reconnu Clément Beaune.
Pour autant, "l'idée qu'il faudra une réforme du marché européen de l'électricité, notamment pour maîtriser les prix finaux des consommateurs, a beaucoup fait son chemin ces dernières semaines au vu de l'augmentation des cours", a-t-il ajouté.
AFP/VNA/CVN