Freiner l'inflation en jouant sur les taux d'intérêt

Le relèvement des taux d'intérêt des dépôts et des prêts est utilisé par la Banque d'État du Vietnam (BEV) comme le plus important outil pour freiner l'inflation.

En effet, dans plusieurs banques commerciales, le taux d'intérêt des dépôts pourrait monter à 18-19% par an et celui des prêts de 24-25% par an voire plus, ce qui place les entreprises dans les difficultés. Néanmoins, l'inflation demeure une menace permanente. Le représentant en chef à Hô Chi Minh-Ville du Comité d'État de la bourse, Bùi Nguyên Hoàn, a récemment accordé un entretien au journal Sài Gon Giai Phong (Saigon libéré) sur ce thème.

* La Banque d'État met en œuvre les politiques de relèvement des taux d'intérêt pour freiner l'inflation. Cependant, l'inflation n'est toujours pas maîtrisée. Votre analyse ?

Les taux d'intérêt constituent un outil de direction des politiques monétaires pour favoriser la croissance économique et maîtriser l'inflation. Mais je pense que les taux d'intérêt qu'on est en train d'aborder ne sont pas ceux de la BEV car les taux d'intérêts des banques commerciales sont fixés par les elles seules, sur la base du taux de base et de leur intérêt commercial, en basant sur leurs besoins en termes de crédit et d'investissement pour mobiliser les fonds. Formulé autrement, cela signifie qu'à l'exception des réserves obligatoires, plus elles mobilisent de fonds, plus elles accordent de prêts, sachant que parmi les fonds mobilisés, aucune réserve n'est faite. Par conséquent, le relèvement des taux d'intérêt des banques commerciales ne peut pas aider à réduire l'inflation. La réalité l'a prouvé.

* Le Comité de supervision financière propose de supprimer le taux d'intérêt plafond des dépôts de 14% pour que les banques commerciales puissent appliquer un taux d'intérêt de 17%-18%/an pour les épargnants. Qu'en pensez-vous ?

Les taux d'intérêt des banques commerciales n'ont pas la capacité de régler le volume de monnaies en circulation. C'est pour cette raison qu'il est difficile de résoudre la question de l'inflation via l'augmentation des taux d'intérêt. Pour l'heure, les taux d'intérêt des dépôts et des prêts ne protègent que le bénéfice immédiat pour le système bancaire, favorisent la capacité de mobilisation des fonds pour les banques commerciales. Ici, je veux souligner le terme "immédiat". Mais, ces taux d'intérêt créent des difficultés pour les entreprises et affectent également le marché boursier. Beaucoup d'entreprises font face à un dilemme : soit subir les pertes pour maintenir la production, les contrats et les emplois, soit mettre la clé sous la porte. Les fonds d'investissements sociaux semblent aller directement dans les banques. Le marché boursier est dans une situation obscure. Encore jeune, ce marché semble être délaissé. Les émissions des actions et l'actionnarisation stagnent.

* D'après vous, quelles formes de taux d'intérêt pourraient servir d'outil pour résoudre le problème de l'inflation ?

La Réserve fédérale américaine (FED), la Banque centrale européenne, la Banque centrale du Japon et celles d'autres pays utilisent souvent le taux directeur pour influer l'octroi des crédits des banques commerciales à l'économie. Le taux directeur, les réserves obligatoires et les opérations sur le marché ouvert (opération d'open market) constituent trois outils de direction macroéconomiques. Ils jouent bien le rôle de stimulateur de croissance économique ou de ralentissement de l'inflation.

* Pourriez-vous nous donner de plus amples informations sur ce taux directeur de la Banque centrale que vous venez de citer ?

Le taux directeur la Banque centrale, dit complètement taux d'escompte, concerne les réserves obligatoires. Les réserves obligatoires sont le montant des fonds que les banques commerciales doivent garder en réserve au sein de la Banque centrale au prorata des dépôts de leurs clients effectués sur comptes bancaires. L'obligation de réserves varie entre 7% et 21% avec l'objectif de garantir la sécurité des activités des banques commerciales. Citons un exemple : si les réserves obligatoires d'une banque sont fixées à 10%, cette banque n'a le droit de proposer à ses clients des prêts dont le total n'excède pas 90% des capitaux que l'établissement a mobilisé.

Dans une économie, pour encourager les activités des banques commerciales, la Banque centrale peut les autoriser, dans certains cas, à accorder des prêts dépassant les 90% de ses fonds mobilisés. Ce qui signifie qu'elles vont empiéter sur leurs 10% de réserves obligatoires. Ainsi, les banques commerciales devront recourir à la Banque centrale pour pallier au montant déficitaire dans ces réserves obligatoires. Dans ce cas là, les banques commerciales doivent payer à la Banque centrale un intérêt sur la somme qu'elles empruntent auprès de cette dernière. C'est ce que l'on appelle le taux d'escompte (ou taux du prêt marginal).

Par conséquent, pour réduire l'octroi de crédits à l'économie et freiner l'inflation, il ne faut en aucun cas que la Banque centrale relève le taux d'escompte (c'est-à-dire qu'elle doit appliquer les politiques monétaires de rigueur). Lorsque le taux d'escompte de la Banque centrale est fort, les banques commerciales limitent leurs crédits et leurs prêts, sachant que les emprunts auprès de la Banque centrale leur seront onéreux. Les banques commerciales vont respecter le taux des réserves obligatoires sans creuser de déficit.

Ainsi, le taux directeur de la Banque centrale peut avoir un impact sur le volume de crédits fournis à l'économie et servir d'outil pour contrôler l'inflation de manière efficace.

Linh Thao/CVN

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