Foot : Canal+ refuse les enchères, la guerre des droits TV avec la LFP reprend

Une lettre de refus, un communiqué offensé: la guerre entre Canal+ et la LFP a repris de plus belle lundi 25 septembre avec l'annonce par la chaîne cryptée qu'elle ne participerait pas aux enchères pour la diffusion du football français.

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Photo : AFP/VNA/CVN

Le partenaire historique du football français a d'abord renoncé à l'appel d'offres, dont les conditions "ont achevé de nous convaincre que votre seul objectif était d'en écarter Canal+ et de favoriser Amazon", a écrit Maxime Saada, le président du directoire du groupe Canal+, dans un courrier révélé par L'Équipe.

Sollicités toute la journée et d'abord mutiques, les dirigeants de la Ligue de football professionnel ont fini par répliquer en fin de journée dans un communiqué où ils "regrette(nt)" la décision de Canal+ et dénoncent des "affirmations ou insinuations (...) d'une particulière gravité".

Cette remarque pointe le passage le plus cinglant du courrier du N°1 de Canal+, qui envisage que la LFP vise "l'échec" de son processus pour se "libérer de la contrainte juridique d'un appel à candidatures afin de pouvoir négocier une nouvelle fois directement et dans des conditions parfaitement opaques l'attribution des droits".

Maxime Saada, le président du directoire du groupe Canal+?, le 25 avril à Paris. 
Photo : AFP/VNA/CVN

"Nos relations avec la LFP se sont fortement dégradées au fil des années", écrit encore Saada, qui reproche à la Ligue d'avoir fait fuiter dans L'Équipe les montants proposés par Canal pour l'appel d'offres en juin 2021. "La confidentialité ainsi bafouée a permis à Amazon" d'obtenir "80% des matches à vil prix", poursuit-il, accusant la Ligue : "Vous n'avez eu de cesse de pénaliser Canal+".

Accroc pour le plan à 1 milliard

La chaîne cryptée s'est senti lésée après la faillite du diffuseur Mediapro en octobre 2020 car elle estimait que son lot de deux matches par journée, payé 332 millions d'euros, était désormais surévalué par rapport à ce que payait Prime Video pour les huit autres matches (250 M EUR) - aujourd'hui sept - rachetés à l'entreprise espagnole défaillante.

La L1 étant passée de 20 à 18 clubs cet été, il y a désormais neuf matches par journée et non plus dix.

Dans son communiqué, la LFP certifie "une transparence maximale à tous les candidats" et "l'intégrité du processus". Surtout, elle s'insurge contre les méthodes de Canal et "regrette (...) le procédé consistant à divulguer publiquement les termes de ce courrier, afin de porter atteinte au processus de commercialisation ainsi qu'aux intérêts de la LFP".

Le président de la Ligue de football professionnel, Vincent Labrune, lors d'un point presse le 28 février à Paris.
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Cette bagarre à ciel ouvert constitue un premier accroc dans le plan à un milliard d'euros pensé par Vincent Labrune. Le président de la LFP vise cette somme annuelle pour les droits TV de la période 2024-2029, dont les enchères doivent avoir lieu le 17 octobre.

Il perd un de ses principaux potentiels enchérisseurs, rebuté notamment par un prix de départ fixé à 800 millions d'euros la saison : 530 millions d'euros pour le lot principal, avec trois matches par journée dont les deux premières affiches, et millions d'euros pour les six autres matches.

"Pas une surprise"

Le retrait de Canal de l'appel d'offres "n'est pas une surprise" pour le consultant des droits télévisés du sport, Pierre Maës, interrogé par l'AFP. "Que Canal ne fasse pas d'offre égale ou supérieure à 530 millions d'euros est dans la continuité de ce qu'il a toujours dit".

Le système d'enchères dévoilé par la LFP le 12 septembre "est extrêmement risqué. Les Ligues font normalement un prix de réserve en dessous duquel elles ne vendent pas, et qu'elles communiquent ou non", ajoute l'économiste belge.

Pour lui, "avec des mise à prix aussi élevées, il y a beaucoup de chances que les dirigeants de la LFP se retrouvent tout seuls le 17 octobre", poursuit-il.

"Canal ne dit pas : +Je ne suis pas intéressé+, mais : +Je ne vais pas participer à l'appel d'offres+ à ce prix", complète Maës.

Canal+ avait déjà boudé celui sur la ré-attribution du lot de Mediapro, défaillant dès octobre 2020, et finalement échu à Prime Video, la chaîne d'Amazon. 
Photo : AFP/VNA/CVN

C'est la deuxième fois que la chaîne à péage, partenaire du Championnat de France depuis son lancement, en 1984, ne participe pas à un appel d'offre pour la L1.

Elle avait déjà boudé celui sur la ré-attribution du lot de Mediapro, défaillant dès octobre 2020, et finalement échu à Prime Video, la chaîne d'Amazon.

Il reste à Canal une possibilité de diffuser de la L1 les cinq prochaines saisons par le biais de son nouvel accord avec DAZN, plateforme de streaming sportif qui s'est dit intéressée par l'appel d'offres.

Malgré le retrait de son partenaire historique, la LFP compte encore sur beIN Sports, détenteur des droits des deux matches que Canal diffuse à la suite d'un partenariat entre eux, Prime Video, la chaîne d'Amazon, qui diffuse les huit autres matches ou d'éventuels nouveaux acteurs, comme Apple, qui s'est offert le Championnat nord-américain (MLS) pour dix saisons, pour atteindre le milliard rêvé.

AFP/VNA/CVN

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