>>Régime plus sévère du crédit en devises
Après deux mois de suspension, les crédits en devise ont repris pour les exportateurs. Ce type d’opération avait été gelé en avril suite à une circulaire
N°24 de la Banque d’État du Vietnam (BEV), relative aux crédits à court terme pour les entreprises vietnamiennes qui fabriquent des produits pour l’export via les frontières terrestres, maritimes et aériennes. Par une circulaire N°07, la banque centrale a levé cette suspension, décision qui est largement soutenue par les spécialistes comme les entreprises.
Les crédits libellés en devise - essentiellement en dollar américain - sont fréquemment offerts à des taux d’intérêts inférieurs à ceux qui sont libellés en dông. |
Photo : VNA/CVN |
La suspension des prêts en devise pour les entreprises exportatrices est rationnelle car elle vise à un gain de compétitivité des entreprises vietnamiennes sur les entreprises issues de l’investissement direct étranger, estime l’expert Lê Duy Binh. Il s’agit d’une décision qui répond aux souhaits des entreprises qui, depuis deux mois, se retrouvaient réduites à emprunter des dôngs vietnamiens à un coût élevé, notamment en termes d’intérêts dont les taux sont actuellement du double de ceux des crédits libellés en dollar américain.
Dans une telle conjoncture, c’est un coup de pouce effectif, affirme cet expert. En effet, déjà, en ce début d’année, la croissance est plus faible que l’an dernier. Mais, en plus, la sécheresse sévit dans le Centre méridional et sur les hauts plateaux du Centre, et dans les provinces du delta du Mékong, l’évolution de cette situation comme celle de la salinisation est imprévisible. Enfin, des incidents environnementaux ont causé un décès en masse de poissons sur le littoral du Centre.
La modification des politiques financière et monétaire est nécessaire. Dans le passé, en 2012, la BEV avait suspendu à deux reprises l’octroi de crédits en devise. La fin d’une telle mesure permet aux entreprises exportatrices de disposer d’une source de financement de leur production pour un coût modéré, et donc d’une meilleure compétitivité.
Les entreprises enthousiastes
Selon Nguyên Hoàng Minh, directeur adjoint de l’antenne de la BEV de Hô Chi Minh-Ville, l’autorisation de ce segment du crédit est aussi importante sur le plan psychologique pour les entreprises. Selon la circulaire N°07 du gouverneur de la BEV, Lê Minh Hung, les entreprises exportatrices peuvent emprunter en dollars, à court terme, puis changer ces dollars en dôngs pour acquérir des matières premières et autres intrants de leurs produits d’export. Toutefois, la BEV a d’ores et déjà annoncé la fin de la fourniture de tels crédits en devise au terme de cette année pour stabiliser le marché des devises et éviter une «dollarisation» de l’économie vietnamienne.
Selon la circulaire N°07 de la BEV, les entreprises exportatrices peuvent emprunter en dollars, à court terme, puis changer ces dollars en dôngs pour acquérir des matières premières et autres intrants de leurs produits d’export. |
Photo : Dohoa/CVN |
Pour Trinh Thi Ngân, membre de l’Association des petites et moyennes entreprises de Hanoi, c’est une bonne occasion pour les entreprises de renouveler leurs technologies et d’élargir leurs activités à des coûts réduits. Hoàng Van Thai, directeur de la SARL de construction mécanique Hai Vân, considère qu’il s’agit d’une bonne nouvelle, car les crédits en dollar sont à un taux de 3 à 4%, contre 8 à 11% pour les prêts en dôngs.
Quant à Truong Dinh Hoè, secrétaire général de l’Association de transformation et d’exportation des produits aquatiques (Vasep), les entreprises exportatrices de produits aquatiques applaudissent cette décision. Elles ont en effet subi des difficultés en raison d’une nette diminution des importations de grands marchés importants, ce à quoi s’ajoutent les inévitables fluctuations de change habituelles.
C’est une décision opportune, souligne Nguyên Nam Hai, président de l’Association de transformation de café et de cacao du Vietnam. Ces derniers temps, les entreprises étrangères en activité au Vietnam dans le secteur du café ont profité de devises à des taux d’intérêt très préférentiels des banques étrangères, pour les changer en dông pour acquérir des matières premières sur le marché local. Nos entreprises manquaient donc d’un des moyens pour être davantage compétitives.