Les exportations nationales du textile-habillement ont atteint 27,2 milliards de dollars en 2015, soit un peu en-deçà de l’objectif annuel de 27,5 milliards représentant néanmoins une croissance annuelle de 10%. Ce résultat est toutefois estimé encourageant compte tenu de la conjoncture économique difficile de cette année-là.
Une hausse a été constatée sur de grands marchés : 12,95% aux États-Unis, 8,77% au Japon, 7,95% en République de Corée, et 5,96% en Union européenne (UE). Selon Hoàng Vê Dung, directeur général adjoint de Vinatex, le secteur pourrait réaliser en 2016 un chiffre d’affaires à l’exportation de 29,5 à 30 milliards de dollars, pour une progression de 8%.
Le pays s’efforce de répondre à 60% de ses besoins de matières premières pour le textile d’ici à 2018. |
Les États-Unis, le premier marché d’exportation
Les États-Unis sont un marché prometteur. Le Vietnam est aujourd’hui son deuxième exportateur au niveau du textile, dépassant même la Chine. Au point que de nombreux producteurs délocalisent leurs usines de Chine au Vietnam en raison de plus faibles coûts de production, entre autres. C’est, en effet, l’occasion pour les entreprises de développer leur production comme d’améliorer la qualité de leurs produits. L’Association du textile et de l’habillement du Vietnam souligne que plus de 60% des produits vietnamiens sont exportés aux États-Unis et au Japon, où ils sont frappés de taxes à un taux moyen de 17% à 20%, ce qui laisse augurer de excellentes opportunités lorsque le partenariat transpacifique (TPP) entrera en vigueur.
Une fois le TPP valable, un millier de lignes tarifaires relatives aux produits du textile seront supprimées. La croissance annuelle des exportations nationales de ces produits pourrait atteindre 15%, contre 7-8% actuellement. Avec l’Accord de libre-échange (FTA) Vietnam - Union économique eurasiatique, les exportations vietnamiennes pourraient bondir de 50% la première année, puis de 20% les années suivantes. D’ici trois à cinq ans, le Vietnam réaliserait un chiffre d’affaires à l’exportation équivalent à celui du Bangladesh et de l’Inde, et figurer ainsi parmi les cinq premiers fournisseurs de l’Union économique eurasiatique.
Lê Tiên Truong, directeur général de Vinatex, a déclaré que l’une des tâches principales du secteur national était de maintenir ses parts de marché aux États-Unis, en UE, au Japon et en République de Corée, tout en recherchant de nouveaux débouchés.
Mieux exploiter les FTA
Les FTA signés par le Vietnam avec des partenaires ouvrent de nouvelles opportunités en termes d’attrait de l’investissement direct étranger. Ils encouragent également les entreprises vietnamiennes à améliorer leur production et leur compétitivité. Afin d’exploiter les avantages que présentent ces FTA, ces dernières années, les entreprises du textile ont pris de nombreuses mesures pour élever leur compétitivité.
Les FTA offrent des opportunités en or pour le textile vietnamien. |
Photo : Hoàng Nguyên/VNA/CVN |
De l’avis des économistes, c’est le secteur du textile qui bénéficiera le plus du TPP. Les règles d’origine des matières premières pourraient toutefois devenir un vrai défi pour les exportateurs vietnamiens. En effet, l’application des dispositions du TPP est subordonnée à la justification de l’origine des matières premières employées, qui doivent venir du Vietnam ou d’une des parties à l’accord. C’est donc avec bien fondé que Nguyên Huu Toan, directeur de la Compagnie de textile Saigon 2, considère qu’il faut créer rapidement des zones de production de matières premières pour le textile. «Les matières premières sont un véritable problème au Vietnam, car celui-ci en produit insuffisamment, de sorte qu’elles sont majoritairement importées», explique-t-il.
Ces matières premières représentent un véritable enjeu, et ce d’autant plus que les investissements nécessaires dans le secteur du textile - production, transformation, tissage, teinture - sont considérables. La production nationale de matières premières progresse, mais elle ne répond toujours qu’à 20-25% des besoins. L’Etat a donc pris des mesures pour encourager l’investissement étranger dans ce secteur. En 2015, le secteur du textile et de l’habillement a reçu plus de 50 projets étrangers cumulant 1,12 milliard de dollars de capitaux. Il s’agit de projets de production de matières premières, comme les usines de tissage Hyosung dans la province de Dông Nai (660 millions de dollars), de teinture et de tissu Luthai dans la province de Tây Ninh (160 millions de dollars).
Les entreprises vietnamiennes ont investi davantage dans la création de complexes industriels réalisant à la fois le tissage, la production de textile et la teinture. Le groupe Vinatex, à lui seul, a consacré 9.000 milliards de dôngs entre 2013 et 2015 à la réalisation de 51 projets : 14 de tissage, 15 de textile et 15 de confection. Selon Lê Tiên Truong, d’ici à 2018, date d’entrée en vigueur du TPP et de FTA Vietnam-UE, le pays pourrait répondre à 60% de ses besoins en matières premières pour l’industrie du textile et de l’habillement, puis à 65% d’ici à 2020.
Pour bénéficier des avantages du TPP et des autres FTA, les entreprises vietnamiennes doivent être capables de proposer des produits finis confectionnés à l’aide de matières premières vietnamiennes. Or, aujourd’hui, le pays compte 2.000 entreprises du textile dont la grande majorité ne sont que des sous-traitants.