>>Des experts relèvent des "manquements" de la ville de Paris et d'une entreprise
>>Fuite de gaz dans le quartier Trévise à Paris, rues bouclées et habitants évacués
Vue le 8 juillet 2019 de la boulangerie soufflée six mois plus tôt, le 12 janvier, par une explosion rue de Trévise à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Validant les conclusions d'un document d'étape rendu public en décembre, ce rapport relève notamment un "défaut de vigilance et de technicité de la voirie" de la ville de Paris, estimant que "l'explosion aurait pu être évitée" si la cause de l'affaissement du trottoir devant l'immeuble où elle s'est produite avait été recherchée en amont par la municipalité.
Le samedi 12 janvier 2019 au matin, une très forte explosion avait soufflé cette rue du IXe arrondissement, tuant quatre personnes, dont deux pompiers, blessant 66 autres et faisant quelque 400 sinistrés.
Le rapport provisoire de décembre avait déjà relevé des "manquements" du service de voirie de la ville de Paris, ainsi que d'une entreprise de travaux publics.
À l'époque, les experts avaient conclu, selon un communiqué du parquet, que l'explosion avait été provoquée par "une accumulation de gaz naturel du réseau GRDF, consécutive à la rupture d’une canalisation de gaz", ayant elle-même pour "cause principale" l'affaissement du trottoir.
Dans le rapport définitif daté du 30 mai, les quatre experts judiciaires mandatés par les juges d'instruction en charge d'une enquête pour homicide et blessures involontaires confirment leurs précédentes conclusions.
"Cette explosion aurait été évitée si la voirie de la ville de Paris avait tiré l'enseignement que la réitération pendant une très longue période de 16 mois du processus d'affaissement du trottoir (...) démontrait à l'évidence (...) qu'il ne s'agissait pas d'un phénomène banal, mais de l'instabilité du sol devant le porche, requérant d'en rechercher la cause", écrivent-ils.
Vue générale après l'explosion survenue rue de Trévise à Paris, le 12 janvier 2019. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ils mettent aussi en cause le syndic de copropriété de l'immeuble, qui aurait dû, selon eux, faire "procéder en urgence à la réparation du collecteur d'eaux usées de l'immeuble, le plus rapidement possible après sa mise en évidence le 25 novembre 2015".
Enfin, les experts pointent la responsabilité de l'entreprise de travaux publics chargée en novembre 2016 d'effectuer des travaux sur le trottoir, jugeant qu'elle n'avait pas compris "que le vide sous le revêtement du trottoir révélait une instabilité du sol dont il convenait de rechercher la cause".
"Il va falloir que la mairie de Paris prenne ses responsabilités car il semble maintenant établi par les experts que la voirie de Paris a eu un rôle prépondérant dans la survenue du sinistre", a réagi Me Olivier Morice, avocat de cinq parties civiles, qui espère une mise en examen de la Ville.
La mairie "prend acte" de ce rapport et entend désormais apporter "les explications utiles au juge d’instruction afin de participer à la manifestation de la vérité".