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Le Kinh Bac a beaucoup à offrir durant les semaines et mois après le Têt. |
Photo : Quang Quyêt/VNA/CVN |
Le Kinh Bac hébergeait la deuxième capitale du Vietnam et des centres administratifs du royaume. Il a été le creuset de la culture nationale et le lieu d’interférence des civilisations vietnamienne, chinoise, hindoue...
D’une superficie de 4.000 km², cette très ancienne province qui recouvre le territoire actuel des provinces de Bac Ninh et Bac Giang, est située au cœur du delta rizicole du fleuve Rouge, au nord de la capitale actuelle. Si le bassin de fleuve Rouge est le berceau de la nation vietnamienne, le Kinh Bac est le creuset de son ancienne culture.
De multiples fêtes printanières
Le printemps du Kinh Bac est riche en fêtes populaires qui, tout en célébrant la mémoire des génies tutélaires de chaque village, héros de l’indépendance nationale, mandarin bienfaiteur ou fondateur d’un métier, offrent aux paysans une occasion de jouir d’une joie débordante et collective dans le renouveau de la nature. La fête la plus originale est sans doute celle de Lim (13e jour du 1er mois lunaire) qui rassemble plusieurs villages sur une colline pour le Festival du quan ho (chant alterné), joute de chants d’amour entre groupes de filles et de garçons. La fête de Giong (9e jour du 4e mois lunaire à Phù Dông) retrace la vie du héros légendaire chassant les envahisseurs An du Nord. La fête de Dâu (8e jour du 4e mois lunaire) réunit douze villages pour rendre hommage à quatre déesses du culte primitif de la fécondité adoptées par le bouddhisme. La fête de Dông Ky (4e jour du premier mois lunaire) se distingue par une procession d’énormes pétards. Dans toutes les fêtes, les cérémonies rituelles sont toujours accompagnées de jeux populaires : combats de coq, échecs à pions humains, lutte traditionnelle, etc.
Dans la région Kinh Bac, la fête la plus originale est sans doute celle de Lim (13e jour du 1er mois lunaire). |
Photo : Thuy Duong/VNA/CVN |
Cérémonies et jeux se déroulent à l’intérieur et à l’extérieur de la maison communale ou de la pagode, temples sertis dans un cadre de verdure reposant et dont certains sont des joyaux architecturaux. La pagode But Thâp (Tour au Pinceau) abrite un chef-d’œuvre de l’art sculptural : la statue de la bodhisattva Kuan Yin aux mille bras et mille yeux, haute de 3 m. La pagode de Dâu dont la première construction remonte au Ile siècle est le premier foyer du bouddhisme vietnamien, La pagode Phât Tich présente un mélange d’arts vietnamien, cham, hindou et chinois. Près de l’imposante maison communale de Dinh Bang se trouve le Temple des huit Rois de la dynastie des Ly (Dên Dô).
Creuset de la culture nationale
Plus d’une maison communale rendent un culte à un fondateur qui avait introduit dans le village quelque artisanat lucratif. Dông Hô est connu pour ses imageries populaires du Têt ; Thô Hà, pour sa céramique ; Dông Xuât, pour ses charrues et ses herses ; Dai Bai, pour ses sculptures sur cuivre ; Da Si, pour ses articles en fer ; Phong Khê, pour son papier ; Tiên Son, pour ses sculptures sur bois et Dông Ky, pour ses pétards.
Les diverses traditions du Kinh Bac nous rappellent sans cesse qu’il était pendant longtemps un centre politique, économique, religieux et intellectuel de l’ancien Vietnam. Les récentes fouilles archéologiques ont révélé la présence de l’homme du néolithique à l’âge du bronze sur son territoire.
Le roi An Duong Vuong du Âu Lac, second État vietnamien, fixa la capitale à Cô Loa (IIe siècle av. J.-C.), les proconsuls chinois établirent leur siège administratif à Luy Lâu, puis à Long Biên. Un enfant du Kinh Bac, Ly Thai Tô, avait fondé une brillante dynastie longue de deux cents ans et transféré la capitale à Hanoï, qui a auréolé la région d’un prestige durable.
Fête de l'ancienne citadelle de Cô Loa en 2014. |
Photo : Quy Trung/VNA/CVN |
D’autres enfants illustres devaient rehausser son éclat : héros mythiques tels que le roi Kinh Duong Vuong et son fils le seigneur Dragon Lac Long Quân, l’Enfant-Génie Giong sauveur de la Patrie, personnages de conte et de légende tels que Tâm - la Cendrillon vietnamienne, Truong Chi - le pêcheur mort d’amour, le lettré Tu Thuc au pays des immortelles, An Duong Vuong et la Tortue d’or, ou grandes figures historiques telles que Ly Thai Tô et son mentor - le bonze Van Hanh, le premier docteur ès humanités Lê Van Thinh, la reine Y Lan - notre unique femme d’État, les poètes Nguyên Gia Thiêu, Pham Thai, Cao Ba Quat.
Un autre titre de gloire du Kinh Bac, c’est d’être le foyer d’une acculturation Vietnam-Chine-Inde; d’une fusion de nos croyances autochtones avec les religions importées (bouddhisme, confucianisme, taoïsme). C’est au IIe siècle, sous l’administration chinoise du proconsul Shi Hsich que les idéogrammes chinois et la culture classique han sont introduits à Luy Lâu, en même temps que le taoïsme et surtout le bouddhisme.
La pagode Dâu (Luy Lâu) a accueilli le premier prêtre indien du bouddhisme (IIe siècle) et le moine indien Vinitaruci de l’école dhyaniste (Zen) (VIe siècle). Tandis que le confucianisme est l’apanage des classes supérieures, le bouddhisme demeure avec le peuple et contribue, dans une certaine mesure, à préserver les valeurs indigènes et à résister à l’assimilation chinoise. Beaucoup de moines bouddhiques sont des maîtres et conseillers des rois Ly.
Mentionnons pour terminer que le Kinh Bac, bouclier de la capitale, a souvent été théâtre de combats pour arrêter les invasions venant du Nord. Yên Thê fut la base de l’insurrection de Dê Tham (1858-1913) contre les colonialistes français.
Huu Ngoc/CVN