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Le président Emmanuel Macron et la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern à l'Élysée, le 15 mai à Paris. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Par l'appel, initié par la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern et le président français Emmanuel Macron, les plateformes Internet, dont les leaders Facebook (et ses filiales WhatsApp et Instagram) et Google (et sa filiale YouTube) s'engagent à prévenir le téléchargement et la diffusion de ces contenus, y compris par "leur retrait immédiat et permanent".
Leur objectif est d'éviter que ne circulent des images ou des messages "terroristes" en ligne comme celles du massacre de 51 musulmans à Christchurch le 15 mars, diffusé en direct sur Facebook Live pendant 17 minutes par le tueur, un suprémaciste australien.
"Nous pouvons être fiers (...) Nous avons pris des mesures concrètes afin d'empêcher qu'un drame comme celui de Christchurch ne se reproduise", a déclaré Mme Ardern.
"Notre objectif est que ne se reproduise jamais la transformation d'internet en machine de propagande folle, un objectif recherché par les terroristes d'extrême droite comme par les terroristes islamistes", a renchéri Emmanuel Macron lors d'un point de presse.
Le président français Emmanuel Macron (1er à droite) parle avec le roi Abdallah de Jordanie (1er à gauche), le 15 mai à l'Élysée. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Dans l'appel, les entreprises s'engagent notamment à prendre des mesures immédiates concernant ces vidéos qui souvent sont republiés à peine retirés. Elles évoquent la mise en place de mécanismes de signalement adaptés et d'algorithmes pour détourner les utilisateurs ainsi que la fermeture de comptes.
"Un soubresaut politique"
"Facebook a tenté de supprimer la vidéo: ils l'ont enlevée 1,5 million de fois. Durant les premières 24 heures, elle a été remise en ligne sur YouTube chaque seconde", a relevé Mme Ardern.
L'appel de Christchurch a été approuvé par une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement, comme le roi Abdallah de Jordanie, le président sénégalais Macky Sall ou la Britannique Theresa May, et de patrons des géants du numérique, dont Google, Twitter et Facebook, tous présents à l'Élysée.
Étaient également présents les Premiers ministres canadien Justin Trudeau, norvégien Erna Solberg ou irlandais Leo Varadkar, ainsi que le vice-président indonésien Jusuf Kalla.
En revanche les États-Unis ont annoncé qu'ils ne signeraient pas le texte, au nom de la liberté d'expression, même s'ils en soutenaient les principes. Manquent aussi les grands réseaux sociaux chinois, comme Wechat.
Le plus gros réseau social, Facebook dont le patron Mark Zuckerberg a été reçu vendredi 10 mai par Emmanuel Macron, a pris les devants mercredi matin 15 mai en annonçant que les utilisateurs repérés comme dangereux, "par la plateforme ou par les gouvernements qui les signalent", a précisé M. Macron, n'auraient plus accès à Facebook Live pendant un certain temps.
Mais la tâche s'annonce rude. L'appel "est une déclaration de principe, un soubresaut politique, mais pas plus. Non pas que Facebook ou Twitter soient réticents, mais parce que supprimer en temps réel un contenu mis en ligne, c'est juste impossible", estime Marc Rees, rédacteur en chef du site spécialisé NextINpact. "Prévenir la mise en ligne d'un contenu supposerait une débauche de moyens pour traquer l'intégralité des contenus mis en ligne par l'ensemble des internautes", selon lui.
"Golden hour"
Emmanuel Macron a précisé que l'appel serait suivi d'une réunion des responsables techniques des grands groupes à Aqaba, puis d'une nouvelle rencontre lors du G7 de Biarritz et enfin d'un bilan concret en septembre à New York. Parallèlement, l'Europe envisage une directive obligeant les géants du Net à retirer les contenus "dans l'heure", un délai surnommé "golden hour".
"Quant aux contenus haineux, racistes, antisémites, prônant le terrorisme islamiste, qui peuvent amener à des actes de terrorismes, c'est une zone grise beaucoup plus complexe, car les plateformes nous disent qu'il ne s'agit pas de terrorisme. C'est sur ce sujet que nous devons avancer sur une régulation intelligente, une coopération nouvelle entre les plateformes et les gouvernements", a déclaré le chef de l'État.
Cet appel de Christchurch est lancé à l'occasion du 2e Sommet "Tech for Good" de Paris, initié en 2018 pour débattre de l'apport des nouvelles technologies au bien commun, comme l'éducation et la santé. Notamment, 45 grands groupes technologiques se sont engagés à porter à 30% le taux de femmes dans leur management et leur direction d'ici 2022, quand la moyenne du secteur est à 15%, a annoncé l'Élysée.
Ces rendez-vous précèdent VivaTech, le grand salon des start-up qui s'ouvre jeudi 16 mai à la porte de Versailles, que visitera Emmanuel Macron dans la matinée.
AFP/VNA/CVN