Et voici quelques ca dao

Composés au fil des siècles, des milliers de ca dao racontent les travaux, les jours, les joies, les peines, les frustrations et les aspirations d’un peuple paysan attaché à la rizière, au village et aux traditions ancestrales.

La chanson populaire vietnamienne, d’une grande richesse et variété, comporte deux groupes : le ca dao (prononcez ca dzao) et le dân ca (chanson folklorique).

Le dân ca a un caractère régional. Il comprend des vers dont le nombre de mots (syllabes – la langue vietnamienne étant monosyllabique) n’est pas limité. Il se donne un air musical propre.

 

Les ca dao typiquement vietnamiens par la  forme et le fond, constituent un miroir qui reflète fidèlement la vie de l’homme surtout du delta du fleuve Rouge.

Le ca dao est une sorte de poème – chanson adopté par toutes les régions du pays parce qu’il exprime des sentiments et idées d’une portée universelle. Il comprend un ou plusieurs distiques de 6 + 8 pieds. N’ayant pas d’air musical propre, il peut se chanter selon différents airs musicaux.

Un trésor à preserver

Les ca dao typiquement vietnamiens par la forme et le fond constituent un miroir qui reflète fidèlement la vie de l’homme surtout du delta du fleuve Rouge, ses travaux et ses jours, ses joies et ses peines, les moeurs d’une société patriarcale. Des milliers de ca dao disent la sagesse et le malice d’un peuple attaché à la rizière depuis des millénaires.

Nous présentons ci-dessous un modeste choix :

Une bande de cigognes blanches prend allègrement son envol.

Du côté des garçons et du côté des filles,

Nous allons ensemble faire éclater,

Éclater des mots solennels,

Que les phénix male et femelle prennent ensemble leur envol, que vous et moi, nous partions ensemble d’un même pas.

Commençons avec un mot doux…

Les hommes chantent les premiers, les femmes après.

La seule chose à craindre c’est de mourir.

Tant qu’on vit, il viendra bien un moment où on se rassasiera de riz cuit à l’étuvée et où on aura assez de potage sucré.

La première chose, c’est une femme peu intelligente dans la maison.

La deuxième chose, un buffle trop lent, la troisième chose, un couteau émoussé.

Mais la femme peu intelligente peut mettre au monde des enfants intelligents,

Le buffle trop lent donne beaucoup de viande. Un couteau émoussé peut servir de hachoir.

L’oiseau tout petit, tout petit, ses plumes sont rouges,

Son bec est jaune, il lance un appel aux gens du village :

«Ne convoitez, pas la soie, ne méprisez pas la toile grossière».

Mon enfant, rappelle-toi cette parole :

Les brigands de la nuit, ce sont les pirates, les brigands du jour, ce sont les mandarins.

Le monde est encore nigaud et borné.

Quand on vit, on porte des vêtements déchirés.

Quand on est mort, on vous enterre avec vos plus beaux vêtements.

Le crapaud qui se tient au bord

de la mare et qui lève la tête

S’imagine qu’il peut happer les étoiles du ciel.

Quand on est dans la pauvreté, personne ne daigne vous regarder.

Mais quand on est reçu premier lauréat, on a tout de suite neuf mille frères.

Les fleuves profonds, on peut toujours les sonder,

Mais les cœurs perfides, personne ne peut aller au fond.

Il faut veiller pour savoir que la nuit est longue,

Il faut fréquenter longtemps les gens pour connaître leur fidélité.

Un arbre, ça ne fait pas une montagne,

Trois arbres groupés ensemble, ça donne une montagne élevée.

Ne vous laissez pas effrayer par les hautes vagues,

Qu’importent les hautes vagues. Si les vagues sont hautes, il faut ramer régulièrement.

On emporte la cloche avec soi pour la faire retentir en pays étranger.

Même quand elle n’a pas un beau son, on frappe une série de coups pour se faire connaître.

Les femmes qui ont les yeux taillés en feuilles de ram,

Et les sourcils comme des feuilles de saules pleureurs valent bien cent ligatures de sapèques.

Les hommes de trente ans sont en pleine jeunesse,

Les femmes de trente ans sont déjà sur le chemin de la vieillesse.

Dans la ceinture, on n’a pas même une sapèque.

Les paroles même du dragon, personne ne les écoute.

La belle mère et la bru,

Le maître et le domestique,

Ne s’aiment jamais.

L’alcool même fade enivre quand on en boit trop,

L’homme sage qui parle trop finit par lasser, même s’il dit des choses justes.

Tant qu’on est vivant, les enfants ne vous donnent rien à manger.

Quand on est mort, c’est le riz cuit à l’étuvée, la viande, l’oraison funèbre…pour les mouches.

Elle reprochait à la mère du premier mari de frapper dur,

Et elle tombe sur la mère du deuxième mari qui frappe serré.

Quand on a faim, on mange des caramboles et des fruits de sycomore.

Mais quand on voit la belle-mère, on ne peut pas avaler le repas.

On est sincère… mais on est quand même entre marchands de buffles,

On s’aime…mais on est quand même bru et belle-mère.

Quand les parents nourrissent les enfants, c’est comme le ciel ou comme la mer,

Quand les enfants nourrissent les parents, ils comptent les jours,

La petite sœur du mari qui habite avec la femme,

Il faut faire attention : un de ces jours, elles se tueront !

Quand on aime la nouvelle, on aime aussi l’ancienne,

La nouvelle a la beauté, l’ancienne a fait beaucoup de choses.

On croyait que quand la grande sœur tomberait, la petite la relèverait,

Mais hélas ! Quand la grande sœur est tombée, la petite a mis la main devant sa bouche pour rire.

Huu Ngoc/CVN

 

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