Banque mondiale
Équilibre entre développement économique et risques climatiques

La Banque mondiale a publié, jeudi 14 juillet à Hanoï, le Rapport national sur le climat et le développement au Vietnam. Ce rapport souligne l'urgence de l’adaptation au changement climatique et de réduction de l'impact carbone de la croissance économique. Il estime également les investissements supplémentaires nécessaires pour s’adapter et atténuer les impacts du changement climatique au Vietnam d'ici 2040 à 368 milliards d’USD, soit 6,8% du PIB par an.

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Publication du Rapport national sur le climat et le développement de la Banque mondiale, le 14 juillet à Hanoï.

Le Rapport national sur le climat et le développement de la Banque mondiale pour le Vietnam souligne l'urgence de l'adaptation au changement climatique, combinée à des politiques et des investissements publics et privés pour réduire l'impact carbone de la croissance. Les 100 millions d'habitants du Vietnam sont parmi les plus vulnérables au monde face aux risques climatiques, avec 3.260 km de côtes et de vastes régions basses.

Les menaces qui pèsent sur les zones urbaines et industrielles, en particulier à l'intérieur et autour de la centrale économique de Hô Chi Minh-Ville, mettent en danger de larges pans de l'économie. Le delta du Mékong, qui abrite 18 millions d'habitants, est déjà affecté par le changement climatique ; certaines provinces pourraient voir plus de 70 % de leurs terres inondées d'ici 80 ans.

Le rapport indique que le Vietnam a perdu environ 10 milliards d’USD en 2020, soit 3,2% de son produit intérieur brut, à cause des impacts climatiques. Les modèles suggèrent que les coûts pour l'économie à cause du changement climatique pourraient atteindre jusqu'à 523 milliards d’USD d'ici 2050.

Le rapport souligne l’importance des investissements pour faire face aux impacts climatiques. Alors que l'économie du Vietnam croit très rapidement, le pays doit également veiller à réduire son empreinte carbone. La contribution du Vietnam aux émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) est relativement faible, environ 0,8%.

Par habitant, les émissions du Vietnam représentent moins de la moitié des émissions par habitant de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cependant, la croissance économique rapide du Vietnam a entraîné un quadruplement des émissions de GES par habitant au cours du dernier siècle, passant de 0,79 tonne métrique d'équivalent dioxyde de carbone en 2000 à 3,81 tonnes métriques en 2018, et les émissions s'accélèrent à un rythme très élevé.

La pollution associée à ces émissions nuit à la santé et à la productivité ; l'épuisement des ressources et les impacts climatiques ont déjà nui au commerce et à l'investissement. "Le Vietnam doit consacrer des ressources importantes à la protection de sa plus grande ville, Hô Chi Minh-Ville, de la côte basse et du delta du Mékong contre le changement climatique", a déclaré Manuela V. Ferro, vice-présidente de la Banque mondiale pour l'Asie de l'Est et le Pacifique.

"Le Vietnam contribue également de plus en plus aux émissions de GES. La mise en œuvre des engagements internationaux ambitieux du Vietnam nécessitera des actions dans les principaux secteurs émetteurs ; l'énergie, les transports, l'agriculture et la fabrication. Il faudra aussi mettre en place la tarification du carbone pour stimuler les investissements", ajoute-t-elle.

Le Vietnam s'est engagé à stopper la déforestation d'ici 2030, à réduire les émissions de méthane de 30% à mettre fin à tous les investissements dans la production d'électricité au charbon, à intensifier le déploiement des énergies renouvelables et à éliminer progressivement l'énergie au charbon d'ici 2040. Ces engagements vont au-delà de sa contribution déterminée au niveau national (NDC) pour 2020, qui l'engageait pour un objectif de réduction des émissions de 9% d'ici 2030 par rapport à une année de référence de 2014 et à un objectif de réduction conditionnelle de 27%.

Pour aider le Vietnam à atteindre ses objectifs de développement tout en mettant en œuvre ses engagements climatiques, le rapport propose des actions sur deux fronts : l'adaptation aux impacts climatiques et la poursuite d'une stratégie de croissance qui n’est pas dépendante d’énergies à forte génération de carbone.

Ces deux points aideront le pays à atteindre ses objectifs climatiques tout en augmentant son PIB par habitant de plus de 5% par an – le taux moyen nécessaire pour devenir un pays à revenu élevé d'ici 2045. Sans adaptation, les impacts du changement climatique pourraient pousser entre 400.000 et un million de personnes supplémentaires vers la pauvreté extrême d'ici 2030.

Dans le même temps, pour protéger les ménages les plus vulnérables contre la hausse des prix de l'énergie et les pertes d'emploi dus à la transition énergétique, le Vietnam devra renforcer les programmes pour encourager le secteur privé à utiliser des technologies plus propres et faciliter la mobilité de la main-d'œuvre.

Cinq groupes de politiques prioritaires

Sur la base des travaux de modélisation et d'analyse du rapport, la Banque mondiale recommande cinq leviers politiques prioritaires.

Le delta du Mékong est affecté par le changement climatique.
Photo : Phuong Hoa/VNA/CVN

Primo, un programme régional pour le delta du Mékong, vulnérable, qui contribue à 50% de la production de riz du pays et à un tiers de son PIB agricole. La région est menacée par l'érosion côtière et fluviale, l'élévation du niveau de la mer et l'intrusion d'eau salée. Le programme réduirait l'extraction de sable et l'extraction des eaux souterraines, moderniserait les infrastructures et renforcerait la coordination régionale, tout en soutenant les moyens de subsistance des agriculteurs cherchant à s'adapter aux défis du changement climatique.

Secundo, un plan intégré pour protéger les zones urbaines côtières et les transports des conditions météorologiques extrêmes. Cela comprendrait une mise à niveau des infrastructures routières et électriques, ainsi qu'une meilleure gestion des risques météorologiques et la mise en place de systèmes d'alerte précoce.

Tertio, un programme visant à réduire la pollution de l'air dans la région de Hanoï, où la qualité de l'air a dépassé au moins cinq fois les recommandations sanitaires de l'Organisation mondiale de la santé pendant de longues périodes entre 2018 et 2021, et la concentration de particules devraient encore augmenter.

Quarto, accélérer la transition vers les énergies renouvelables avec des réformes réglementaires qui encouragent une plus grande participation du secteur privé. Investir dans le réseau électrique et la mise en œuvre de plans d'efficacité énergétique.

Quinto, renforcer la protection sociale pour compenser les impacts économiques du changement climatique sur les personnes les plus vulnérables. Le financement de programmes sociaux avec les revenus d'une taxe sur le carbone contribuera à protéger les pauvres des augmentations de prix des transports et de l'énergie.

Le rapport estime les coûts actualisés des investissements supplémentaires dans l'adaptation et l'atténuation du changement climatique à 6,8 % du PIB par an, soit 368 milliards d’USD cumulés jusqu'en 2040 en valeur actuelle. L'investissement public devra être complété par des réformes politiques pour attirer l'investissement privé. Les investissements prioritaires pourraient coûter environ 254 milliards d’USD d'ici 2040, et le coût de la réduction des émissions nécessitera au moins 81 milliards d’USD. Les taxes sur le carbone ou les réglementations créant des systèmes d'échange de droits d'émission seront essentielles pour atteindre les objectifs ambitieux du Vietnam en matière de climat et de développement.

"Le double objectif de devenir un pays à revenu élevé et net zéro au cours des 30 prochaines années nécessitera la mobilisation de grandes quantités de capitaux privés. Pour que cela se produise, il est essentiel que le Vietnam conçoive et mette en œuvre les bonnes politiques et réformes", a déclaré Alfonso Garcia Mora, vice-président régional d'IFC pour l'Asie et le Pacifique, avant d’informer : "Stimuler les projets de croissance verte dans tous les secteurs et garantir des processus transparents et prévisibles pour les projets énergétiques sont une priorité claire."

Rapports nationaux sur le climat et le développement de la Banque mondiale. Les Rapports nationaux sur le climat et le développement (CCDR) de la Banque mondiale sont de nouveaux rapports de diagnostic de base qui intègrent les considérations relatives au changement climatique et au développement. Ils aideront les pays à hiérarchiser les actions les plus efficaces qui peuvent réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et stimuler l'adaptation, tout en réalisant des objectifs de développement plus larges. Les CCDR s'appuient sur des données et des recherches rigoureuses et identifient les principales voies pour réduire les émissions de GES et les vulnérabilités climatiques, y compris les coûts et les défis ainsi que les avantages et les opportunités. Les rapports proposent des actions concrètes et prioritaires pour accompagner la transition. En tant que documents publics, les CCDR visent à informer les gouvernements, les citoyens, le secteur privé et les partenaires de développement et à permettre des engagements avec le programme de développement et de climat. Les CCDR alimenteront d'autres diagnostics, engagements et opérations de base de la Banque mondiale, et aideront à attirer des financements pour des actions climatiques à fort impact.

Câm Sa/CVN

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