Enquête criminelle chez les mineurs d’aujourd’hui

Ils négligent le droit et sont prêts à faire n’importe quoi pour atteindre leur objectif, qu’il soit bon ou mauvais, allant jusqu’au meurtre. Ces adolescents sont un gros problème pour la société.

>>Xe ôm : les motos-taxis à la vietnamienne

>>Autour de la rivière Dà

>>Les enfants "sans vacances"

>>À Bangui, un potager des soldats vietnamiens

Quach Thi Thùy Trang
20 ans
Province de Thai Nguyên

Un sondage effectué par nous-mêmes sur un panel de 100 jeunes montre que 55,1% des personnes interrogées s’inquiètent de l’augmentation de la criminalité chez les mineurs. La plupart connaissent d’ailleurs les crimes les plus marquants de ces dernières années.

En 2011, à Bac Giang (Nord), Lê Van Luyên, 17 ans, a défrayé la chronique en volant 1,27 milliard de dôngs dans un magasin de transaction d’or, tuant au passage les propriétaires et leur nourrisson de 18 mois.

Plus récemment, en mai 2016, Trinh Danh Thinh, 17 ans, scolarisé au lycée Thao Nguyên, à Son La (Nord), a poignardé son amie dans la cour de l’école pour de simples disputes sur Facebook... Et au début de cette année, à Hô Chi Minh-Ville, Nguyên Pham Quôc Binh, 16 ans, a tué de sang froid sa petite amie Nguyên Thi Thu Hang suite à une petite altercation. Mais son crime ne s’est pas arrêté là, puisque cet adolescent a caché le cadavre dans une caisse. Après son interpellation par la police, Binh est resté impassible, n’éprouvant ni peur ni remords pour cet acte inqualifiable.

Voici quelques exemples révélateurs du changement négatif en train de s’opérer dans l’esprit de plus en plus de jeunes. Selon le recensement effectué par le Centre d’étude de la criminalité (Institut de la Police) et publié le 16 juillet sur le journal en ligne Vietnamnet, plus de 35.000 adolescents ont commis des crimes, de 2009 à juin 2014, soit 16% du nombre total des criminels recensés au Vietnam.

Nguyên Hoàng Anh
20 ans
Ville de Hai Phong

Pour la plupart des personnes sondées, le manque d’amour familial est la cause principale de ces méfaits. En effet, certains parents sont souvent trop occupés par leur vie professionnelle et/ou ne s’intéressent qu’à leur travail. Ils n’ont donc plus de temps pour s’occuper, éduquer et être à l’écoute de leurs enfants, qui se retrouvent livrés à eux-mêmes et doivent grandir seul. Sans cadre de vie, il est ainsi facile de tomber dans la délinquance. D’autre part, les disputes, les punitions très sévères des parents façonnent chez les enfants un esprit sombre, ainsi qu’une attitude négative.

Un paradoxe est également à souligner : les enfants issus de familles pauvres sont souvent condamnés pour des motifs moins graves (vol, coups et blessures…) que ceux bien éduqués et «pouponnés» par leurs proches, qui ont tendance à commettre les crimes les plus graves.

Exemple avec Nguyên Duc Nghia, étudiant d’une grande école au Vietnam. Souvent qualifié par ses amis, ses voisins de quelqu’un de plutôt «gentil et calme», il a tué, en 2010 à l’âge de 26 ans, sa petite amie et a découpé son cadavre en plusieurs morceaux.

L’influence de l’Internet sur les jeunes

D’autres jeunes soumis à l’enquête pensent que ces criminels mineurs sont influencés par le développement d’Internet, qui incite sans doute les enfants à grandir beaucoup plus tôt. «Les enfants d’aujourd’hui, ils savent tout, ils ne sont plus comme nous avant», a fait remarquer Trân Thi Quynh Anh, étudiante de l’Académie diplomatique du Vietnam.

Les réseaux sociaux sont omniprésents dans la société. À côté des sites qui facilitent l’apprentissage dans les études, il existe aussi une énorme quantité de «sites noirs» ou «sites interdits» proposant des jeux ultraviolents, des films interdits aux mineurs,… qui font germer dans l’esprit des mineurs des idées noires et influent sur leur comportement. De plus, les enfants sont facilement galvanisés par de petites choses. «Il existe quelques cas de ce genre : certains enfants sont très intelligents et ont une réflexion plutôt mature. Ils ont conscience de leur délinquance mais sont incapables de se contrôler», a commenté Pham Thai Cam, étudiante à l’Université nationale de l’Éducation de Hanoï.

Chez les personnes mineures, la criminalité augmente de manière inquiétante.

Au Vietnam, les peines encourues par les mineurs sont inscrites dans le Code pénal 2015. La plus lourde sentence pouvant être imposée pour meurtre chez les criminels de moins de 14 ans est de 12 années de prison ferme, et de 18 ans pour les adolescents de moins de 18 ans. Environ 38,1% des jeunes interrogés pensent que ces peines plafond sont trop légères et n’ont ainsi pas d’effet dissuasif sur les mineurs voulant perpétrer un crime. «On ne peut pas ignorer la gravité d’un crime en prétextant l’inconscience de celui qui le commet du fait de son jeune âge», a déclaré Nguyên Thùy Linh – étudiante à Bordeaux. Et Nguyên Thi Ngoc Sinh, étudiante à Marseille, de renchérir : «12 ou 18 années de réclusion criminelle ne suffisent pas à changer le comportement de tels individus». Les autres (61,9%) sont d’accord avec ces peines en expliquant que les coupables ne sont pas encore des adultes au moment des faits. Ils sont ainsi capables de changer pendant les 18 années de prison par le biais de l’éducation.

La société de l’ego ?

La pression de la société sur les jeunes dans la vie moderne.
Photo : Phùng Thai Hà

Par contre, et c’est là un chiffre inquiétant, 5,9% des jeunes sondés ne se sentent pas concernés par la dégradation du comportement général de leur génération. Cette indifférence est une maladie de la société moderne. L’homme vit pragmatiquement. Il laisse l’argent l’aveugler, il laisse ses désirs contrôler son esprit. L’argent est roi. Cette indifférence aboutit parfois à des extrémités. Voilà ce que pensent les jeunes de la criminalité chez les personnes mineures au Vietnam et de ses facteurs.

Sachant que le nombre de crimes s’accroît de plus en plus, il faudra prendre des résolutions. Pour conclure, il faut que tout le monde contribue à l’éducation des enfants pour leur transmettre les valeurs morales afin de leur inculquer les règles du «vivre ensemble», essentielle pour le bon fonctionnement de la société. Cela permettra aussi de réduire la délinquance précoce et d’assurer une nouvelle génération qui saura à son tour se comporter comme il se doit et transmettre ces valeurs à préserver à tout prix.

Thùy Trang – Hoàng Anh/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top