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Dix pour cent des Vietnamiens présentent des problèmes psychiatriques. |
Photo : Anh Tuân/VNA/CVN |
Selon des données du ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales, 9 millions de Vietnamiens sont concernés par des maladies psychiatriques. Cependant, uniquement 10.000 d’entre eux sont médicalement suivis, dans 26 centres de soins pour malades mentaux. Le reste vit au sein de la communauté ou erre dans les rues. Ils représentent un risque pour la société.
Absence d’une loi sur la santé mentale
Les patients atteints de maladie mentale sont une menace pour eux-mêmes et autrui. «Les victimes de troubles psychologiques sont davantage susceptibles de commettre un crime», prévient le docteur Trinh Tât Thang, directeur de l’Hôpital psychiatrique de Hô Chi Minh-Ville.
En effet, ces derniers mois, les histoires de crimes commis par des personnes atteintes de troubles mentaux n’ont cessé d’être relayées par les journaux. Par exemple, le 8 août dernier, un bébé de 12 jours a été poignardé à la tête par Nguyên Thi Vân, une femme de 51 ans atteinte de troubles mentaux. Le drame s’est déroulé à la Polyclinique de la province de Vinh Long (Sud). Les autorités doivent donc se soucier de la gestion de ces gens particuliers pour assurer la sécurité publique.
D’après les spécialistes, il existe environ 300 types de maladies psychiques. Parmi elles, la schizophrénie est la plus sérieuse. Ceux qui en sont atteint souffrent généralement de paranoïa et d’hallucinations. Des mesures doivent être mise en place pour canaliser ces patients.
Seules les personnes considérées «folles» sont soignées dans les hôpitaux. En effet, les établissements médicaux sont réticents à accueillir les personnes atteintes de troubles mentaux dits légers. La raison invoquée : elles ne créent pas encore de dangers. Normalement, la prise en charge est donc effectuée soit par la communauté soit par les familles des malades.
En 2012, le Département de la police criminelle a envoyé un document aux localités avec comme but de sensibiliser chacune au dépistage précoce des maladies psychiatriques. Pourtant, aucune loi sur la santé mentale n’a encore été rédigée. Effectivement, un document juridique est indispensable pour accréditer la personne en charge de l’accompagnement des malades à l’hôpital.
L’absence de loi engendre également des difficultés quant à la réception des patients. «Pour diagnostiquer une maladie mentale chez un patient, il faut le surveiller longtemps. Les analyses hématologiques et la consultation médicale normale ne sont pas suffisantes. Pourtant, il n’est pas aisé de convaincre les malades de rester à l’hôpital», informe Trinh Tât Thang.
Sachant que nombre de personnes atteintes de troubles mentaux sont à l’origine de nombreux crimes, «il faut promulguer de manière urgente une loi sur la santé mentale. La priorité étant de forcer les patients à se rendre à l’hôpital et d’y rester afin d’être suivi médicalement», ajoute-t-il.
Pénurie de ressources humaines
«Les maladies mentales ne sont pas transmissibles mais elles exercent une pression certaine envers les proches des patients, la société ainsi que les autorités. La gestion et le traitement des patients se heurtent à de nombreuses difficultés dues à l’insuffisance de cadres professionnels dans le secteur. Une stratégie nationale à long terme concernant la santé mentale doit être édifiée», confie Nguyên Viêt Tiên, vice-ministre de la Santé.
La prise en charge et le traitement des personnes atteintes de troubles mentaux se heurtent à de nombreuses difficultés dues à l’insuffisance de cadres du secteur. |
En 2014, l’Hôpital psychiatrique de Hanoi a accueilli environ 24.000 patients. Cependant, seulement 38 psychiatres y travaillent. L’hôpital est donc constamment en surcharge.
Cette situation est due au manque de politiques d’attraction des ressources humaines dans le secteur. À cause du faible revenu et de la pénibilité du travail, les médecins sont réticents à travailler dans les hôpitaux psychiatriques notamment dans les établissements médicaux provinciaux.
Par ailleurs, des déficiences existent dans la formation des cadres. En effet, il manque un département spécialisé de psychiatrie dans les facultés de médecine. La plupart des étudiants y sont généralement formés pour devenir médecin généraliste. Nombre d’étudiants diplômés n’ont pas de connaissances approfondies sur la psychiatrie.
Pour faire face à cette situation, depuis 2013, les frais d’études en psychiatrie sont gratuits. Une politique visant à attirer les étudiants en espérant résoudre le problème de pénurie en ressources humaines.
Ngoc Yên/CVN