En Tunisie, Gabès, ville "victime", lutte contre la pollution industrielle

Devant la palmeraie, une boue noirâtre s'écoule vers la mer. Contre la pollution industrielle qui les affecte depuis des décennies, des habitants de Gabès, dans le Sud de la Tunisie, veulent aujourd'hui se battre.

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De l'eau polluée des mines de phosphates déversée dans la mer dans la région de Gabès, dans le Sud de la Tunisie, le 30 juin.
Photo : AFP/VNA/CVN

C'est près de la plage de Chott Essalem et devant une oasis côtière - une rareté dans le monde - que le Groupe chimique tunisien (GCT), une société publique exploitant les mines de phosphate, s'est implanté dans les années 1970.
Tous les jours, ses unités de production déversent 14.000 tonnes du phosphogypse dans la mer, selon les autorités. En plus de cette boue nuisible à l'environnement, l'usine dégage de l'acide phosphorique dans l'air.
"Autrefois, notre ville était propre", se souvient Moncef Ben Ayadi, un menuisier de 52 ans qui habite à Nezla, quartier limitrophe du site chimique. Mais "depuis l'installation de cette société, Gabès est devenue une ville victime".
Multiples maux
Fatigue chronique, problèmes respiratoires, dégradation de l'eau, des sols et des sous-sols et biodiversité menacée... Nombreux sont les maux dénoncés par les habitants.
Certains assurent même que cette pollution est à l'origine d'une recrudescence de cancers dans la région, ce que les autorités démentent.
"Selon les conclusions des études menées par le ministère de la Santé, il n'y a aucune relation de cause à effet entre les maladies comme le cancer et l'asthme et la pollution provoquée par le complexe chimique", assure à l'AFP le gouverneur de Gabès, Mongi Thameur.
Des dénégations qui laissent les habitants sceptiques.
Sabeh Moumen, 47 ans, propriétaire d'un restaurant populaire, en est convaincue : son asthme a été causé par la pollution.
Encore endeuillée par la mort, il y a trois mois, de son frère des suites d'un cancer, Sabeh dit son désarroi: à Gabès, "on n'a plus l'espoir de vivre dans un environnement propre ou de manger sain".
Le golfe de Gabès est pourtant réputé être une frayère de la Méditerranée. Mais les activités d'extraction et de transformation des phosphates, une industrie cruciale pour l'économie de la Tunisie, l'ont fortement pollué.

AFP/VNA/CVN

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