En Sicile, des migrants désespérant de pouvoir débarquer se jettent à l'eau

Au bout de leur tragique odyssée, des migrants bloqués dans le port de Catane à bord de l'un des navires humanitaires autorisés à accoster en Sicile par le gouvernement d'extrême droite de Giorgia Meloni se sont jetés à l'eau lundi 7 novembre, désespérant de pouvoir débarquer.

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Des membres d'une ONG soignent le pied d'un migrant à bord du navire humanitaire Ocean Viking, près de la Sicile, en mer Méditerranée, le 6 novembre. 
Photo : AFP/VNA/CVN 

Mme Meloni, la cheffe du Parti post-fasciste Fratelli d'Italia, s'est engagée à "défendre les frontières" de l'Italie en empêchant les navires des ONG opérant en Méditerranée d'entrer dans les ports italiens pour y débarquer les milliers de migrants qu'ils secourent chaque année.

Dimanche 6 novembre, son gouvernement a finalement autorisé le débarquement des seuls mineurs et personnes souffrant de problèmes médicaux. Deux bateaux ont pu accoster à Catane, deux autres ont été refusés, transportant au total un millier de personnes.

Pris au piège du face-à-face entre les ONG et le nouvel exécutif italien, trois migrants ont sauté lundi 7 novembre du Geo Barents, un navire géré par Médecins Sans Frontières (MSF) qui était à quai.

Les trois hommes ont été rapidement récupérés, selon MSF.

Peu de temps après, une douzaine d'autres migrants sur le pont du bateau ont scandé "Aidez-nous", a constaté un journaliste de l'AFP.

Simultanément, plus de 500 personnes, signalées plus tôt en perdition par l'ONG Alarm Phone, ont été secourues par les autorités italiennes et débarquées en Sicile, a déclaré à l'AFP la préfète de Syracuse. "Elles font d'abord l'objet d'une visite médicale, puis elles sont identifiées par la police avant d'être réparties dans des structures d'accueil", a expliqué Giuseppa Scaduto.

"Nous nous comportons avec humanité mais en restant fermes sur nos principes", a déclaré le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi dans la soirée à Rome.

Il a souligné que des migrants avaient été accueillis dans d'autres ports, et assuré que ceux qui étaient toujours à bord étaient "sous surveillance constante des autorités".

D'après le ministère italien de l'Intérieur, plus de 88.000 personnes sont arrivées depuis les côtes africaines depuis le 1er janvier.

Le sénateur démocrate Antonio Nicita, qui s'est rendu sur les navires humanitaires mouillant au large du port de Catane, a estimé quant à lui que "la situation est tendue" à bord.

"Sur les navires, la nervosité règne, les humanitaires calment les esprits. Beaucoup de migrants se sont déshabillés face à nous pour nous montrer des infections sur les parties intimes", a-t-il témoigné, évoquant des cas de gale.

Le Geo Barents a accosté dimanche soir 6 novembre et les autorités italiennes ont autorisé 357 personnes à débarquer, dont des enfants, tout en refusant l'entrée à 215 autres.

L'un des migrants a ensuite été évacué par ambulance après s'être plaint de douleurs abdominales aiguës, a indiqué MSF lundi 7 novembre, soulignant que les autres étaient de plus en plus vulnérables.

"Leur situation, leur niveau de stress psychologique est très, très élevé", estime Riccardo Gatti, chef de recherche et de sauvetage à MSF.

"Situation d'urgence" 

De migrants sur le pont du navire humanitaire "Ocean Viking", au large de la Sicile (Italie), le 6 novembre. 
Photo : AFP/VNA/CVN 

"Le navire a ses limites en termes d'assistance médicale", a-t-il dit.

Dans le port se trouve le bateau sous pavillon allemand Humanity 1, opéré par l'organisation caritative SOS Humanity, qui a débarqué 144 personnes dimanche 6 novembre. À son bord demeurent toujours 35 migrants adultes de sexe masculin.

Un décret du gouvernement italien publié vendredi 4 novembre stipule que le navire n'a été autorisé à accoster que le temps nécessaire pour identifier les passagers en "situation d'urgence".

Le capitaine du navire, Joachim Ebeling, a défié l'ordre de quitter le port, insistant lundi 7 novembre sur le fait que "toute personne secourue a le droit de débarquer dans un port sûr". "Je ne vais nulle part avec ces gens à bord", a-t-il dit aux journalistes.

Le nouveau gouvernement italien, le plus à droite depuis la Seconde Guerre mondiale, s'est engagé à observer une ligne dure vis-à-vis des migrants. Et le ministre de l'Intérieur, Matteo Piantedosi, a estimé que les migrants secourus en mer étaient de la responsabilité de l'É tat sous le drapeau duquel les bateaux naviguent - en l'espèce norvégiens et allemands.

Matteo Salvini, l'ex-ministre de l'Intérieur dont le parti, la Ligue, fait partie de la coalition au pouvoir, a souligné que les arrivées devaient être "stoppées".

"Ce sont des voyages organisés, de plus en plus dangereux, qui financent les armes et la drogue", a affirmé sur Twitter, M. Salvini, actuel vice-Premier ministre.

Des recours ont été déposés devant les tribunaux de Rome et de Catane lundi 7 novembre, a indiqué SOS Humanity.

Amnesty International estime de son côté que l'Italie "enfreint ses obligations internationales".

Dans un communiqué, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) "continuent d'exhorter les gouvernements européens à offrir rapidement un lieu sûr et autoriser le débarquement immédiat de près de 600 personnes restant sur les navires des ONG".

AFP/VNA/CVN 

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