Elle utilise la technologie pour améliorer les relations humaines

Tân Lê a participé au développement de l’Emotiv EPOC. Ce casque, utilisé dans le domaine de la santé, permet aux handicapés lourds de communiquer avec leur entourage.

En 1998, Tân Lê a été élue «Jeune Australien de l’année».
Photo : CTV/CVN

En 1998, une étudiante d’origine vietnamienne a décroché, pour la première fois, le titre de «Jeune Australien de l’année» (The Young Australian of the Year). Elle a aussi été classée parmi les 30 femmes australiennes de moins de 30 ans qui ont réussi (Australia’s 30 Most Successful Women Under 30). Un palmarès remarquable à attribuer à Lê Thi Thai Tân (Tân Lê).

Active dans l’assistance aux migrants

Tân Lê quitte le Vietnam avec sa famille alors qu’elle n’a que 4 ans, direction l’Australie. Comme pour beaucoup d’immigrants, leur installation ne se fait pas sens heurts. «Nous portions souvent deux chaussettes à chaque pied, pour que l’une cache les trous de l’autre», se rappelle-t-elle. Pourtant, la faim et les difficultés de la vie quotidienne ne la touchent pas autant que l’indifférence avec laquelle ses camarades de classe la traitent. La jeune fille espérait alors que les heures de cours se terminent au plus vite pour qu’elle puisse aller se cacher dans la bibliothèque. «Ma fille était maigre comme un clou à cause de cette appréhension», explique la mère de Tân.

Pour faire face à cette situation, la jeune fille se résout à «dépasser tout le monde». Résultat : elle obtient de si bons résultats scolaires qu’elle termine ses études avant ses camarades. À seulement 16 ans, elle est admise à l’Université Monash, dont elle est diplômée après trois ans avec la mention très bien dans deux branches, Droit et Commerce.

«Tân s’intéressait particulièrement à l’influence de la communauté auprès de chaque individu», remarque Ruth Willis, son professeur d’anglais. Un intérêt qui la pousse à espérer, un jour, améliorer les relations au sein de la communauté. Elle était décidée «à faire de l’Australie un pays de choix pour y vivre et y travailler».

À ses 15 ans, Tân a changé. Elle ne se cache plus dans la bibliothèque. Au contraire, elle est très active dans les activités d’assistance aux migrants de la région de Footscray (ouest de Melbourne). Quatre ans plus tard, elle est nommée présidente de la Communauté des Vietnamiens résidant à Footscray (Vietnamese Community of Footscray Association) et présidente d’un centre d’aide aux migrants, qui les aident à chercher un travail et leur donne des conseils pour qu’ils puissent s’intégrer au mieux.

L’Emotiv EPOC (gauche) a la capacité d’analyser et de traduire les émotions de son porteur.

Avocate membre de la société de droit FreeHill, elle occupe plusieurs postes au sein du gouvernement australien. Elle est aussi ambassadrice lors de nombreuses visites diplomatiques. Son parcours et ses contributions sont immortalisés dans un documentaire, lequel est conservé dans un musée australien.

Lors de ses visites à l’étranger, Tân rencontre beaucoup de gens vivant de leur passion et s’aperçoit que son métier ne correspond plus à ses aspirations.

Dans le trio fondateur d’Emotiv System

En 2003, elle quitte l’Australie pour les États-Unis. Avec trois amis, elle crée, en 2010, la compagnie Emotiv System, dans la Silicon Valley. Le but : développer une interface pouvant traduire les pensées d’un être humain sur une plate-forme électronique. Leur invention, l’Emotiv EPOC, est l’aboutissement des recherches menées depuis la création de l’entreprise.

L’Emotiv EPOC permet d’analyser et de traduire les émotions de celui qui le porte. Il prend la forme d’un casque. Une fois sur la tête, il capte les ondes cérébrales et les transmet à un logiciel qui les analyse et comprend les sentiments ou les intentions. Après une phase d’adaptation, ce casque peut «lire en son porteur».

L’Emotiv Insight devrait être commercialisé fin 2015.

Les applications de ce casque sont infinies. Pour l’heure, l’Emotiv EPOC est de plus en plus utilisé dans le domaine de la santé. Il permet aux handicapés lourds de pouvoir communiquer avec leur entourage. Les amateurs de jeux vidéo s’en servent aussi pour anticiper les réactions de l’Intelligence Artificielle.

Mais Tân ne s’arrête pas là. Depuis 2013, elle se consacre au développement d’un autre produit, baptisé Emotiv Insight. Pour le financer, elle a fait appel au crowdfunding, via le site Kickstater. Le projet a été totalement financé en une seule journée. Les fonds récoltés ont même atteint cinq fois plus que la somme demandée. Emotiv Insight, dont la commercialisation est prévue fin 2015, est non seulement capable de recueillir et d’interpréter en temps réel l’activité cérébrale de son porteur, mais aussi des activités connexes telles que les mouvements de la tête.

En effet, grâce à la présence de capteurs inertiels à six axes comprenant un gyroscope ainsi qu’un accéléromètre, ce nouveau casque (reposant sur le cuir chevelu de son utilisateur) dispose désormais d’une précision considérablement accrue permettant d’user de la technologie dans de multiples domaines.

Initialement conçu pour étudier les troubles du sommeil et maintenant doté d’un design futuriste beaucoup plus lisse et esthétique, Emotiv Insight pourrait également être exploité pour suivre et analyser les progrès d’un entraînement physique. Ceci en recueillant des données telles que l’attention, le stress, l’excitation, etc.

Phuong Nga/CVN

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