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Une plage à Charm el-Cheikh, le 10 février en Égypte. |
"Il y a une augmentation du nombre de touristes. En janvier, la situation a été bien meilleure que les années précédentes", se félicite la porte-parole du ministère du Tourisme, Omaïma al-Husseini.
Ce frémissement au pays des pyramides et des célèbres sites antiques du Nil est perceptible depuis le mois d'octobre, ont indiqué plusieurs agents de tourisme au Caire. Il est essentiellement dû aux touristes chinois, japonais et ukrainiens alors que les Occidentaux restent prudents.
Une aubaine pour un secteur en crise depuis la révolte de 2011 contre Hosni Moubarak, et qui avait connu le coup de grâce avec le crash en octobre 2015 d'un avion de la compagnie russe Metrojet au départ de la station balnéaire de Charm el-Cheikh.
L'attentat à la bombe survenu au dessus du désert du Sinaï, et revendiqué par le groupe jihadiste État islamique (EI), avait coûté la vie aux 224 personnes à bord. La Russie avait alors suspendu tous ses vols en direction de l'Égypte, et la Grande-Bretagne les avions à destination de Charm el-Cheikh.
Le nombre de touristes avait chuté à 5,3 millions en 2016 contre 9,3 millions l'année précédente, selon Mme al-Husseini.
Les revenus du tourisme s'étaient alors effondrés de 7,3 milliards de dollars pour l'année fiscale juin 2014-juin 2015, à 3,7 milliards de dollars l'année suivante, selon un rapport de la Banque centrale publié en décembre.
Tourisme culturel en hausse
Mais en décembre 2016, le nombre de touristes ayant visité l'Égypte a atteint 551.600 contre 440.000 un an plus tôt, selon le bureau des statistiques.
Des touristes se préparent pour une plongée sous-marine, le 10 février à Charm el-Cheikh, en Égypte. |
Le nombre de réservations entre octobre et janvier "est aussi plus élevé que pour la même période il y a un an", souligne Karim Mohsen, président de la Fédération égyptienne des chambres de tourisme. "Cette amélioration concerne surtout le tourisme culturel : Le Caire, Louxor et Assouan", selon ce propriétaire d'une agence de tourisme.
"L'activité a repris un peu", assure aussi Tamer al-Shaer, vice-président du groupe Blue Sky Travel, qui évoque une hausse de "30% pour les Ukrainiens" sur un an. L'augmentation atteint même "60% pour les clients chinois" avec "un vol quotidien pour Assouan".
En Chine, la plus grande agence de voyages publique, la CITS (China International Travel Service) confirme une augmentation de 58% du nombre de touristes s'étant rendus en Égypte en 2016.
Et au Japon, l'agence de voyage HIS assure que le nombre de touristes pour l'Égypte a été "multiplié de quatre à cinq fois" entre 2015 et 2016. Depuis la reprise en avril 2016 des vols charters, le taux de remplissage des avions est "en moyenne de 80%", assure une porte-parole de la JATA (Japan association of travel agents).
Russes et Britanniques absents
En 2010, l'Égypte avait accueilli un chiffre record de 14,7 millions de voyageurs.
Dans un pays qui affronte l'une des pires crises économiques de son histoire, avec une inflation record et un chômage élevé, un retour de la manne touristique serait le bienvenu.
Des bateaux de plaisance dans le port de Charm el-Cheikh, le 10 février, en Égypte. |
"Notre objectif est d'atteindre les 10 millions de touristes, à condition que la Russie et le Royaume-Uni lèvent leurs restrictions", annonce Mme al-Husseini. "Il y a des négociations en cours" et "on espère que cette question sera résolue dès que possible."
Car, avant le drame aérien, 62% des touristes qui se rendaient par avion à Charm el-Cheikh venaient de ces deux pays.
"Tant que les Russes ne reviendront pas, il y aura une forte paralysie. Car, avec les Britanniques, ils représentent l'épine dorsale de Charm el-Cheikh", reconnaît M. Mohsen.
En Allemagne et en France, le secteur note une discrète reprise des réservations à destination de l'Egypte. Et début février, quatre pays européens (le Danemark, la Suède, la Norvège et la Finlande) ont levé les restrictions de voyage imposées sur le sud du Sinaï.